Fragment six.

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Harry était assis à même le sol de la chambre que lui avait prêté Steve, son manager et ami qui était en train d'assister à la descente aux Enfers de son jeune client. Il avait devant lui l'ombre d'un homme qu'il peinait à reconnaître. Lui aussi savait ce que l'on ressentait quand on perdait la femme de sa vie mais Steve avait perdu la sienne d'une maladie chronique alors que Merle avait été tuée. Assassinée. Meurtrie de nombreux coups de couteaux. Le rapport du légiste auquel le manager avait eu accès faisait office de huit. Un homme avait sauvagement attaqué Merle en lui infligeant huit violents coups de couteaux qui lui furent fatal. Comment Harry pouvait-il se remettre d'un tel massacre ? Et surtout, comment pouvait-il remonter la pente alors que tous croyaient qu'il en était le responsable ? La dépression fait partie des étapes du deuil. Steve savait que ce rituel était un passage obligatoire pour arriver à la phase finale de l'acceptation et le manager se souvenait encore de l'ordre des étapes. Et bien qu'elles varient selon les individus, le choc était toujours la réaction première. Sauf chez Harry. Lui n'était pas choqué. Ni même en colère. Il ne négociait rien. Il ne pleurait pas. Il était juste là, assit sur le sol d'une chambre, à regarder la vue qu'il avait de l'immense baie vitrée. D'ici, il pouvait voir les journalistes qui s'agglutinaient devant la porte d'entrée à attendre que Harry fasse une apparition. Mais surtout, d'ici, en haut du vingtième étage du building, Harry avait l'impression de se rapprocher un peu plus de celle qu'il avait perdue.

« Merle... » Lâcha-t-il dans un souffle, le regard toujours figé vers le ciel.

Ce même ciel recouvert d'un manteau de tristesse depuis la mort de la jeune femme. C'était il y a trois jours et aujourd'hui, dans quelques heures, seraient célébrées les funérailles de Merle. Et une question était sur les lèvres de tout le monde : Harry Styles viendrait-il adieu à sa défunte petite-amie ? La réponse était non. D'une part, parce que son avocat lui avait déconseillé la moindre apparition en public de crainte que son comportement ne soit analysé et tourné à son désavantage. D'une autre, parce que le brun n'avait jamais aimé tout ce qui touchait à la mort. De près comme de loin. Il avait déjà vu bien des horreurs par le passé et il refusait de croire que la vie d'une personne se résumait à une simple pierre tombale. Et toutes les fleurs du monde qui seraient posées dessus ne pourraient expliquer en quoi Merle était spéciale. Aucune rose ne pourrait décrire la beauté simple et singulière de la jeune femme. Aucun lys ne pourrait qualifier la joie de vivre qui émanait de Merle. Aucune jonquille ne témoignerait du grand sens de l'honneur de l'allemande et encore moins la bienveillance qui émanait de chacun de ses gestes.   Steve resta encore quelques minutes, posté contre la paroi de la porte, avant de retourner dans le salon et de se servir un verre. Le premier en trois ans. Il opta pour un whisky qu'il n'avait encore jamais ouvert et rempli de moitié son verre avant de le porter à ses lèvres, grimaçant en sentant le liquide fort et désagréable couler le long de sa gorge, dans son œsophage, venant ainsi brûler un estomac déjà usé. Le manager attrapa son cellulaire qui traînait sur le comptoir, vibrant nerveusement depuis soixante-douze heures. Il jeta un rapide coup d'œil sur l'écran et ne fut pas étonné d'y voir d'innombrables appels venant de différentes radios annulant la venue de Harry dans leurs studios et l'autre partie des appels manqués provenant de journalistes qui voulaient être les premiers à recueillir le témoignage de Harry, chose qui n'arriverait pas. Steve refusait que son poulain entre dans ce jeu-là et devienne le jouet des médias. Le garçon avait pendant trop longtemps souffert par leur faute, à l'époque de sa carrière entant que membre d'un boysband, et Steve s'était promis de tout faire pour que Harry ne redevienne plus ce pantin. Trop facile à utiliser. Trop facile à détruire. Steve avait mis des mois à remettre le brun sur pied, à lui faire reprendre confiance en lui et seule la présence de Merle l'avait rassuré en ses qualités d'artiste. Seule elle avait réussi à le faire revivre. Avec Niall. Et c'est justement à lui que Steve pensa alors qu'il supprimait par dizaine les appels en absence qu'il avait. Après Merle, Niall était sans doute la personne que Harry aimait le plus au monde. Il y avait bien sa mère et sa sœur mais à l'heure actuelle, le chanteur ne voulait pas impliquer sa famille dans cette histoire. Pas alors qu'il était encore en liberté. Dans la précipitation, Steve appela le meilleur ami de Harry et lui demanda de lui venir. A l'heure actuelle, c'était sans doute une question de vie ou de mort pour le brun.

Guilty.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant