Guilty.

Fragment quarante-cinq.

D'un pas hésitant, Joan pénétra dans la chambre du brun et prit place sur son lit alors qu'il était accoudé à la fenêtre, plongé dans ses pensées. Dans deux jours, il se retrouverait devant une assemblée qui déterminerait un statut qui n'était peut-être pas le sien. Coupable ou non-coupable. Quarante-huit heures et le procès commencerait. Le brun se tourna et sourit tristement en voyant la jeune artiste à quelques mètres de lui. Contrairement à ce qu'il pensait, Joan ne l'avait pas jugé suite à ses derniers aveux. Elle n'avait même pas cilié en apprenant qu'un jour, il avait levé la main sur Merle. Cette fille était un ange tombé du ciel, Harry en était persuadé. Et maintenant qu'il la connaissait si bien, il comprenait la chance qu'avait Niall de l'avoir dans sa vie.  

- Qu'est-ce que tu viens faire là ?

- Je voulais te demander quelque chose, lui dit-elle en rougissant.  

Harry la trouva adorable avec ses joues rosées et la mine renfrognée qu'elle affichait. Joan détestait demander de l'aide et elle savait que le service qu'elle voulait que Harry lui rende était risqué. Il n'avait rien vu d'autres que cette maison dans l'Utah et elle voulait l'entraîner dans une salle bondée en plein centre-ville. Joan ne voulait pas se retrouver seule là-bas, elle n'en avait pas le courage. Le chanteur se rapprocha d'elle et s'assit à ses côtés, collant sa cuisse à la sienne.   - Dis-moi, ajouta-t-il en s'asseyant.

- Mon agent m'a appelé tout à l'heure. Il a reçu mes tableaux et comme il y a une expo dans le centre, il aurait voulu que je fasse une apparition...

- Et tu voudrais que je vienne avec toi, compléta le brun.  

Joan hocha la tête.  

- Rien ne t'y oblige et si tu ne veux pas, je comprendrais. C'est juste que je ne sais pas si je suis prête à présenter tout ce que j'ai pu peindre à Londres.

- Enfile une robe, je vais me préparer et on se retrouve en bas.

***

Harry s'empara d'une flute de champagne et porta l'alcool à ses lèvres, savourant les arômes de la boisson tout en gardant son regard sur la blonde postée à quelques mètres de lui, resplendissante dans sa robe bleue nuit et ses cheveux attachés en un chignon soigné. Il lui semblait qu'elle avait la même coiffure le jour où elle était venue le chercher à l'aéroport mais il n'en était pas tout à fait sûr. Il avait beaucoup dormi pendant le vol et les cachets que lui avait donnés son manager l'avaient gardé dans le flou durant des heures. Joan continua de parler avec le propriétaire de la galerie, lui exposant ses nouvelles perspectives en exclusivité sous le regard surpris mais satisfait de son agent. Les deux hommes questionnèrent la jeune femme, troublés par le changement soudain de Joan. Les œuvres qu'elle exposait ce soir étaient pour la plupart de l'art abstrait, des tableaux pleins de vie mais qui manquaient d'une touche personnelle, selon l'artiste.  

- J'ai commencé ma carrière avec des portraits, je veux la finir de la même manière.

- Vous voulez déjà mettre fin à votre carrière ? Demanda le propriétaire des lieux. Mais vous êtes encore jeune, vous avez toute la vie devant vous !

- Je ne vais pas me retirer demain mais j'y pense doucement. D'ici quelques années, je prendrais ma retraite du monde artistique. J'ai un rythme de vie soutenu et après ce que je viens de traverser ces dernières semaines, je réalise que mes proches sont plus importants que des traits sur une toile.  

La blonde jeta un regard au chanteur et finit par abandonner les deux professionnels pour le rejoindre. Il leva sa coupe pour la saluer et désigna ses œuvres d'un signe de main. Harry se moquait gentiment d'elle et de toute l'attention qu'elle attirait sur elle grâce à ses toiles mais au fond, Joan savait qu'il était vraiment content d'être ici. Personne ne le jugeait à cet instant. Des paparazzis l'avaient vu entrer dans la galerie et le nombre de journalistes avait triplé depuis que la nouvelle s'était rependue mais cela n'entama pas la bonne humeur de Harry. Ici, on ne s'intéressait pas à lui. Presque tous l'avaient reconnu mais ils n'avaient d'yeux que pour cette artiste américaine qui après avoir exposé un peu de partout dans le monde rentrait chez elle, aux Etats-Unis. Les habitants se sentaient honorés de recevoir la jeune femme ici, dans une si petite galerie, alors qu'elle avait exposé dans des endroits magistraux. Et tour à tour, on ne manqua pas de la féliciter pour ses toiles, de la remercier pour sa présence et certains hommes la complimentèrent sur sa tenue impeccable. Harry n'était pas le seul à la trouver belle ce soir.  

- Tu es une vraie vedette dans le milieu ! Siffla Harry, impressionné par les élans d'attention que suscitait la blonde.

- Tu en doutais ?

- Non mais... Je sais pas, c'est de l'art. Je ne pensais pas que ça intéressait autant de monde. Ou juste des collectionneurs. Mais là, il y a de tout. Aussi bien des mères au foyer que des riches. C'est impressionnant.  

Joan haussa les épaules. Si pour Harry, il était normal de chanter devant des milliers de fanatiques, il était normal pour Joan de voir des gens de toutes catégories sociales à ses expositions. Il n'y avait pas de tapis rouge devant la galerie, pas d'invitation très sélecte envoyées à quelques privilégiés ou autre. Tout le monde avait le droit d'y être. L'art est universel. Il fallait simplement avoir un cœur pour ressentir les émotions qu'elle laissait transparaitre dans ses toiles.  

- Je suis contente que tu sois là.  

C'était la première fois que Joan faisait part d'un sentiment, d'une émotion, à Harry. C'était peut-être même la première fois qu'elle ressentait quelque chose en sa présence depuis qu'il était arrivé dans l'état. C'était étrange la façon dont les choses avaient évolué entre eux. Joan, l'habituelle artiste solitaire et silencieuse laissait entrevoir des parties d'elle en utilisant la parole. Et Harry, l'habituel chanteur excentrique restait dans l'ombre et utilisait la communication non-verbale pour exprimer son ressentit. Comme à cet instant où il saisit la main de l'artiste et lui fit ainsi ressentir toute l'admiration qu'elle lui suscitait.