Fragment treize.

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Joan avait programmé son cellulaire sur vibreur pour la nuit et en voyant la multitude d'appels et de messages qu'on lui avait envoyé pendant son sommeil, elle décida de l'éteindre et de le ranger dans l'un des tiroirs de la cuisine. Elle n'avait pas envie d'être dérangée et certainement pas ici. Elle avait tout quitté pour retourner dans la maison de sa tante en compagnie d'un homme suspecté de meurtre et elle ne souhaitait pas qu'on lui vienne lui faire la morale. Harry était encore en vie, elle avait pu entendre les bruits de pas sur le plancher de sa chambre puis dans les escaliers, dans la nuit. Elle aurait pu expliquer tout cela au téléphone si Steve ne l'avait pas autant brusqué. Joan ne parlait pas beaucoup, Niall le savait mais il s'était rangé du côté du manager. Joan agissait de manière puérile en coupant son cellulaire mais elle voulait qu'on la laisse souffler, ne serait-ce que pour quelques heures.

Joan soupira et prit appuie sur le plan de travail. Elle regarda le jour déjà bien entamé sur la conté et attacha ses cheveux en un chignon. Elle décida de réveiller le chanteur qu'elle hébergeait. Elle ne voulait pas qu'il passe sa journée à dormir. Après tout, ils avaient une enquête à mener de leur côté, bien que Harry ne le sache pas encore. Son voyage n'avait pas seulement pour objectif de se reposer et de passer quelques jours loin des médias. Harry était ici pour donner toutes les pièces à Joan afin de prouver son innocence. Il fallait que son discours soit clair et structuré pour que les jurés le croient et c'était loin d'être gagné. Joan monta une à une les marches et se posta devant la porte du brun. Elle hésita longuement à toquer. Il n'était que neuf heures après tout et avec tous les événements de ces dernières vingt-quatre heures, le chanteur avait certainement besoin de sommeil.

Finalement, ce fût lui qui ouvrit la porte après avoir entendu la blonde monter les escaliers. Harry tomba nez à nez avec Joan, plus belle que jamais avec son visage dégagé et ses cheveux noués en un chignon impeccable. Elle portait une robe bleue bustier qui lui arrivait au niveau des genoux alors que lui n'avait même pas pris la peine d'enfiler un tee-shirt avant d'ouvrir la porte. Il s'excusa pour sa tenue légère.

- Ce n'est pas grave, répondit seulement Joan. Je voulais juste savoir si tu avais passé une bonne nuit.

- C'est le cas.

- Je vais faire les courses. Je reviens en fin de matinée.

Harry ne trouva rien à ajouter et se contenta de la saluer d'un geste de main alors qu'elle redescendait les escaliers. Il se sentait ridicule face à elle. Joan respirait la joie de vivre et elle se retrouvait bloquée ici, dans le fin fond de l'Utah, par sa faute. Et par la faute de Niall. C'était lui qui avait eu cette idée de voyage et Joan avait accepté par amour pour lui. Elle ne voulait même pas être ici et maintenant, elle devait supporter la détresse du chanteur. Et sa froideur. Parce que depuis qu'il s'était laissé aller dans ses bras, il n'osait même plus la regarder en face. Elle était tellement gentille. Sans doute trop pour Harry qui n'avait plus l'habitude à ce qu'on le regarde avec compassion. Il s'était habitué à la haine de certaines fans, à l'intrusion des journalistes dans sa vie privée, aux reproches de Merle concernant son rythme de vie. Merle... Tout le ramenait à elle. Et à sa mort prématurée. Et les mêmes images traversèrent l'esprit du brun.

La foule présente devant l'hôtel. Lui qui monte les escaliers jusqu'au deuxième étage. Croise quelques employés en train de parler à un policier. Quelques membres du FBI à l'étage concerné. Lui qui ajuste le col de sa veste, préparant mentalement le discours qu'il ferait à Merle. La porte de leur suite ouverte. Son corps qui se mouvoie dans la pièce alors que son esprit imagine le pire. Mais le pire, ce n'est certainement pas ce à quoi il s'attendait en rejoignant le coin « chambre ». Le corps inanimé de Merle. Cette marre de sang qui l'entoure. La moquette qui s'esr imprégnée du liquide organique. Le couteau, quelques mètres plus loin, lui aussi immaculé de sang. Tourner la tête. Du sang. S'avancer. Du sang encore. Et ou qu'il aille, du sang. N'importe où. Partout. Jusqu'à ce que l'un des policiers l'interpelle et que Harry s'effondre sur le sol de la chambre, implorant sa petite-amie de se réveiller alors qu'à quelques pas de là, une bague de fiançailles dormait dans l'un des placards. Elle ne saura jamais qu'il avait prévu de l'épouser.

Guilty.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant