(T2)Prologue

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Elle se sent presque bien. C'est drôle, songe-t-elle. Il fait sombre, elle ignore où elle se trouve, et elle va sûrement rencontrer son futur bourreau très prochainement. Qui sera-t-il ? Un homme ou une femme ? Quelqu'un qu'elle connaissait ? Aucune idée, fichtrement aucune idée. Quoi qu'il en soit, lorsqu'elle fermait les yeux, elle oubliait presque les évènements qui s'étaient déroulés récemment. Était-ce il y a un jour ? Deux ? Elle n'en savait rien non plus, toute notion du temps lui était désormais extrêmement floue. Cependant, il lui arrivait de revoir l'éclair de lumière, l'incompréhension peinte sur le visage de Harry, son frère jumeau, les bras de Remus Lupin autour de lui, l'empêchant de rejoindre son parrain. Elle revoyait aussi la baguette de Bellatrix Lestrange se pointer vers elle, profitant du capharnaüm occasionné. Elle se rappelait aussi les flammes vertes d'une des cheminées du Ministère, puis un immense portail, puis plus rien. Juste cette cave noire et sombre. Bien qu'elle ne puisse pas en prendre pleinement conscience elle-même, l'état de la jeune fille était médiocre. Ses vêtements, ceux qu'elle portait au Ministère, étaient profondément souillés, déchirés par endroit, tâchés de sang sur une grande partie de leur surface. Ses cheveux, autrefois tissés d'or soyeux, étaient ternes, emmêlés et hirsutes. Le volume considérable de la tignasse contrastait énormément avec le visage de la jeune fille. D'origine, elle était déjà frêle et d'apparence fragile, mais là, dans cette situation, les couleurs de son visage ayant disparu, l'arcade sourcilière gauche tailladée, à l'instar de sa joue droite, l'adolescente semblait aussi fine et raide qu'une allumette. C'était un spectacle étrangement fascinant, comment une personne pouvait se dégrader à un tel point en si peu de temps. Malgré tout, l'autrefois jolie blonde ne souffrait pas, ou du moins pas encore. On dira qu'elle était dans un état second, dans un étrange état d'inconscience. Elle attendait patiemment. Un peu plus tôt, Bellatrix l'avait prévenue avec un plaisir malsain de l'arrivée imminente de l'individu qui contribuerait majoritairement à sa destruction. Elle avait peur, certes, mais elle ne ressentait pas tous les symptômes de ce phénomène : la boulle au ventre, les sueurs froides, les mains moites, la respiration rapide, non, elle ne ressentait rien de tout ça.

  - Prête ma chérie ? Je t'ai amené un ami, annonça soudain la voix railleuse de Bellatrix Lestrange.

  - Plus que jamais, qui m'as-tu amené hein ? J'espère qu'il est amusant, ricana l'adolescente d'une voix mécanique et enrouée qu'elle ne se connaissait pas.

- Crois-moi, tu t'amuseras...

L'homme qui avait parlé avait, malgré son ton vicelard, un air appeuré, lui aussi. Elle ne pouvait pas le voir, et pourtant, cette voix lui semblait étrangement familière. Elle se rappelait l'avoir entendue quelque part, mais où, elle l'ignorait.

  - Nous allons vraiment jouer dans le noir ? Bande de lâches, cracha la blonde.

  - Tout est plus amusant dans l'obscurité.

  Visiblement, Bellatrix avait décidé de s'en aller. L'étranger et sa victime étaient seuls, enfin. La jeune fille put presque entendre la baguette de son agresseur sortir de sa cape. Dans un réflexe désespéré, elle porta sa main vers sa poche : évidemment, sa baguette n'y était plus. Elle n'avait aucun moyen de briser la chaîne magique qui la retenait.

  - Endoloris !

Un éclair blanc, et la blonde se tordit de douleur. Un cri, déchirant la nuit. Cependant, le cri ne semblait pas assez fort pour le Mangemort qui la torturait, alors il recommença. Il enchaînait les sorts, impardonnables ou pas. Toutefois, l'incertitude était palpable dans sa voix. Il éprouvait des remords. Mais il n'avait pas le choix. Voilà ce que l'homme se répétait sans cesse : il n'avait pas le choix. Le Maître n'hésiterait pas à les tuer, eux, sa famille, les deux personnes à qui il tenait le plus en ce bas monde. En fait, les seules et uniques personnes qu'il aimait. Non, il n'avait pas le choix. Certes, ils lui en voudraient, mais la jeune fille s'en remettrait non ? Il n'avait pas le choix.

Hidden TwinsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant