Chapitre 70

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- C'est de l'arnaque complète, dis-je en traînant des pieds.  Je suis sure qu'ils l'ont fait exprès.

- Je ne pense pas non.

- Si. C'est pas possible que je tombe sur lui par pur hasard.

- Après être passée chez lui, les ombres  ont sûrement dû sentir ta présence à ses environs. C'est sûrement pour ça qu'ils l'ont mis en priorité sur la liste des humains à protéger commence pas à faire ta parano...

- Ouais bah ça fait un bail que je l'ai pas vu. Ma présence est déjà dissoute depuis un bon moment je crois. Qu'elle soit magique ou sentimentale...

- T'as vraiment cru que c'était comme un prout ? Tu attends un peu puis tu ne sens plus rien ?

- Ce n'est pas le cas ?

Il soupira.

- Ta présence reste partout où tu vas. C'est comme de l'ADN, c'est assez difficile d'enlever toute trace de ton passage quelque part. Et puis... Je pense que ça te fera du bien de le revoir.

Un petit rire sarcastique m'échappa des lèvres.

- C'est toi qui dit ça ?

- Écoute, c'est quelque chose qui est loin de me faire plaisir, mais je pense sérieusement que tu as besoin de le voir, rester un moment à ses côtés. Tu commences à changer, et ces pas pour le mieux. J'ai l'impression que ton aura devient de plus en plus obscu-

- Sors ton amulette, j'ai la flemme d'utiliser la mienne, le coupais-je pour changer de sujet.

Nous étions arrivés au portail. Je ne voulais plus parler de ça avec lui. Oui il me manquait. Oui je l'aimais encore mais je le haïssais aussi. Je ne sais plus pourquoi, ma mémoire a sûrement du effacer les moments difficiles que j'avais passé dans le monde des humains. Mais pour une raison comme pour une autre, je le haïssais.

J'attendais toujours un mouvement de la part de Jason, mais il restait là, planté sans rien faire.

- C'est trop te demander ?

-Hum... comment dire...

- Quoi ?

-Je... Tu.. enfin. Désolé de te le dire comme ça mais ça sera sans moi.

Je fronçais des sourcils. Il voulait dire quoi par "ça sera sans moi"?

- Comment ça?

- Bah ... toi tu y vas, et moi je reste ici, idiote.

- Quoi ? Mais tu n'es pas supposé être mon..

- Tu peux le faire seule maintenant. Tu ne t'es pas tuée à la tâche durant 7 mois pour que je te colle à chaque mission. Tu dois le faire seule. Moi j'ai un autre protégé à garder.

- Mais...

- Y a bien un moment où tu dois sauter du nis non ?

- Oui mais pourquoi spécifiquement à cette miss-

- Bonne chance, sœurette. Il m'ébouriffa les cheveux en me lançant un sourire forcé traduisant "j'y peux rien alors bouge ton cul".

Je soupirai. Je ne pouvais rien faire d'autre que m'en aller. Je cherchai mon amulette sous mon t-shirt, pris  un bon bol d'air et me perdis dans les tourbillons du voyage.

J'étais arrivée. Enfin. Cette forêt... Ça faisait tellement longtemps que je n'y étais pas allée. Je me surprenais pourtant à me rappeler de chaque détail qui la constituait. Chaque arbre, chaque plante, et quelques vagues souvenirs qui y était rattaché.

Je pris mon temps. Je ne voulais franchement pas partir. Je ne voulais pas le voir. Je devais donc le protéger sans qu'il se rende compte de ma présence.

Je pouvais me transformer en oiseau et voler jusqu'à chez lui... mais je voulais marcher et je ne me sentais toujours pas prête à le revoir. J'étais tout de même liée à lui par un sceau de protection, indispensable pour chaque gardien. Ce sceau me permettait de savoir s'il était en danger ou pas. Comme il n'y avait toujours pas eu de signe de détresse de sa part, je pouvais en conclure que je prendre un petite nuit de vacance ne me ferait pas de mal. 

J'ai donc fait tout le chemin jusqu'à la ville à pied. Durant mon trajet, j'ai eu le temps de me rappeler pourquoi tout s'était  mal terminé. Je voulais vraiment m'en ressouvenir, afin que, si par malencontreux hasard nous nous retrouvions face à face encore une fois pour une longue et pénible discussion, je ne lui pardonne pas si facilement.

"Je ne l'aime pas, ce n'est que pour la pub..." avait-il dit.

Ces mots pourraient être quelque peu rassurants pour certains, mais pour moi, ça ne me laissait qu'un arrière goût amer. Mettre en première préoccupation sa carrière pourrait être considéré un choix tout à fait respectable, mais j'étais dégoutté. Les humains pouvaient vraiment faire preuve de froideur envers autrui. 

J'étais exténuée. Tant de kilomètres parcourus, ça m'avait vidé de tout mon énergie. J'étais enfin arrivée à ma ruelle. Un sourire nostalgique se pendit à mes lèvres. Qu'est-ce que ça m'avait manqué n'empêche...

Je n'avais pas les clés de ma maison sur moi, je les avais perdus dans le bordel de ma nouvelle habitation et la mission m'ayant été donnée sans trop attente, je n'ai eu le temps que pour prendre quelques habits et des tenues spéciales de mission.

Je n'avais donc pas vraiment le choix : je devais m'infiltrer chez moi, comme un espion. Bizarre je sais, qui aurait pensé qu'un jour un propriétaire ferait effraction dans sa propre maison. Je montais sur le toit et dessinais sur celui-ci à la craie une porte. Après une incantation, le dessin se transforma en réelle porte que je pus ouvrir et qui par manque d'attention me fit tomber sur le sol de ma chambre.

Putain... Je ne change pas mes habitudes imprudentes. Toujours aussi tête en l'air...

Je ne sentais pas la présence de Sam, ce qui m'enchantait en réalité. Ne croyez pas que je ne voulais pas la voir.. mais un si un petit peu. Comment lui expliquer ce qui s'est passé ces 7 derniers mois d'absence et justifier ma "disparition". Surtout que je ne l'ai pas contacté tout ce temps... 

Ce n'est pas comme si j'avais eu le choix non plus, alors ne me jetez pas des tomates dessus. Il n'y a pas de manière pour communiquer entre nous et les mortels dans mon monde, seuls les protégés et gardiens partagent cette faculté là, et Sam n'était pas ma protégée. 

De toutes manières, j'étais trop fatiguée pour engager une discussion maintenant. J'allais seulement me contenter  d'une douche et d'une nuit de sommeil complet avant de me lancer dans la gueule du loup.

Mes muscles apaisés par l'eau chaude, je me trouvais en pyjama. Noir, tout noir. Leggings, t-shirt, même chaussettes. J'avais pris l'habitude de ne m'habiller de manière monochrome. Une mission nécessitait de la discrétion à tout prix, et le noir était plus que parfait, les missions étant d'avantages centrées la nuit. Je m'allongeais enfin sur mon lit. A cette heure-ci, je ne pense pas que Sam va revenir. Il était bien trop tard, et elle avait pour habitude de ne pas rentrer minuit passé. 

J'allais m'endormir quand j'entendis la porte de ma chambre grincer. Par pur réflexe je sautais de mon lit, pris la lame que je portais toujours sur moi et m'avançais à une vitesse éclair vers la personne qui ouvrait la porte, pointant mon arme sur son cou.

- K...Kianna...?

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 08, 2017 ⏰

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