CHAPITRE 11 : JE L'ADORE (12)

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Gætan resta un moment complètement immobile. Il analysa cinq fois ce que Morgan venais de dire avant d'en saisir le sens.

Alors il crut que le monde venait de se dérober sous ses pieds ou que le ciel venait de lui tomber sur la tête. Voire les deux à la fois.

Surpris, incrédule, choqué, il ouvrit la bouche et en laissa s'échapper la première chose qui lui passa par la tête :

- Mais... On invite pas une fille normalement ?

D'accord, c'était profondément stupide comme réponse, mais il ne s'était jamais sentit autant déstabilisé de sa vie.

Morgan ne le prit pas mal - du moins pas en apparence. Il haussa les épaules sans le lâcher du regard :

- Peut-être, mais je m'en fiche : moi, c'est avec toi que j'ai envie d'y aller. Et toi ?

Gætan ouvrit de grands yeux. Pouvait-il croire ce qu'il se passait ? Pouvait-il croire que Morgan venait de lui demander d'aller au bal avec lui ?

Pouvait-il croire qu'il lui demande s'il lui en avait envie ?

Évidement qu'il en voulait envie ! Comment pouvait-il en être autrement ?

Mais... Que se passerait-il ? Comment les autres réagiraient-ils ? Et d'abord, qu'est ce que cela signifiait ? Est-ce que Morgan... Est-ce qu'il...

Parlait il d'y aller... Entre amis ? Ou pas ? Mais dans ce cas, en tant que quoi ?

Ok, stop, se dit-il.

Il en avait marre de toute ses questions, toutes ses interrogations, ces doutes, ces amas de causes et de conséquences.

Pour une fois que lui arrivait quelque chose d'extraordinaire, il allait mettre son cerveau en veille et laisser parler son cœur.

Avait-il envie d'aller au bal avec Morgan Carme ?

- Oui, dit-il en soutenant le regard du jeune athlète.

Morgan ne put réprimer un soupir de soulagement. Puis son visage s'éclaira de nouveau d'un faible sourire :

- Merci, dit-il d'une voix empreinte de douceur. Alors... Je te souhaite bon courage pour après-demain, pour ton oral et, si l'on ne se revoit pas d'ici là... Alors à samedi. Je passerai te chercher avant d'aller au bal.

Gætan semblait sur le point de s'évanouir :

- À samedi, murmura-t-il.

Puis il regarda Morgan tourner les talons.

***

Assis en tailleur sur son lit, à la seule lueur de sa lampe de chevet, Gætan ne parvenait toujours pas à croire ce qui lui arrivait. Les propos de Morgan résonnaient encore dans sa tête.

« Je passerai te chercher avant d'aller au bal. »

Était-il en train de vivre un rêve éveillé ? Pourtant, ça semblait très réel, aussi incroyable que ça puisse paraître.

Oui, Morgan lui avait bien demandé d'être son cavalier. Et oui, il avait bien accepté.

Même s'il peinait encore à y croire.

Puis soudain, il se fendit d'un large sourire. Des larmes lui montèrent au yeux, des larmes de joie. C'était la plus belle chose qui ne lui soit jamais arrivé ! C'était inespéré : lui, Gætan Madson, venait de se faire inviter par le gars le plus convoité du lycée. Qui aurait pu croire une chose pareille ?!

Un rêve éveillé.

Perdu dans ses pensées, il entendit soudainement la porte s'ouvrir puis vit Maxence passer la tête par l'embrasure.

Sa joie laissa place à l'étonnement le plus total. Que venait-il faire ici ? Il n'était clairement pas dans ses habitudes de venir dans sa chambre, encore moins en pleine nuit.

- Je peux ? demanda-t-il doucement.

- Euh, oui, répondit Gætan sans vraiment comprendre ce qui lui arrivait.

Maxence entra puis referma la porte derrière lui. Il fit quelque pas et mis ses mains dans les poches de son jean brun. Un silence passa.

- Ça va, petit frère ? lança-t-il finalement avec une tentative de sourire.

- Oui, merci, répondit Gætan qui ne comprenait décidément pas où il voulait en venir.

Il laissa un temps puis ajouta :

- Et toi ?

- Ça va.

Il fit encore quelque pas puis après un court instant d'hésitation, il finit pas s'assoir sur le bord de son lit. Il resta un long moment silencieux, comme s'il cherchait quoi dire.

- Ça faisait longtemps que je n'étais pas venu te voir ici, tenta-t-il.

Gætan haussa un sourcil :

- C'est sûr.

Il lui sembla que Maxence rougissait en détournant le regard :

- Alors, euh, prêt pour le français ?

- Ça va.

- Ah, c'est cool.

- Oui.

Nouveau silence. Maxence soupira et baissa la tête :

- Écoute, en vérité... Je suis venu m'excuser.

Gætan se redressa :

- T'excuser ?

Son frère regarda vers la porte, comme s'il redoutait ce qui allait suivre et hésitait à prendre la fuite.

- Oui, répondit-il néanmoins. J'ai conscience que ces derniers temps... Je me suis un peu éloigné de toi.

Gætan sentit sa gorge se serrer :

- C'est... le moins qu'on puisse dire.

- Je sais... Je ne me doutais pas à vrai dire que ça t'affecterait autant. J'ai pris conscience que j'avais mal agit, que je n'aurais pas dû me comporter comme ça, sans explications. C'est pour ça que je m'excuse.

- Mais, rétorqua Gætan la voix tremblante, je peux savoir pourquoi... ?

- C'est... compliqué.

- Mais j'ai le droit de savoir.

Maxence soupira à nouveau. Il releva la tête :

- Tu as raison.

Il plongea son regarddans celui de son frère puis passa la main dans sa nuque et entreprit dedéfaire son châle.

Quoi qu'en pensent les autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant