CHAPITRE DERNIER : JE L'AIME (2)

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Un silence absolu accueillit les secondes qui suivirent. Yassen lança un regard éberlué vers Jules, comme s'il venait de se faire assommer. Il tachait visiblement de cacher son inquiétude, mais Jules le dépassait d'au moins une tête et sa carrure avait de quoi intimider.

Puis il aperçut les autres derrière lui, et son teint devint blême.

Morgan ne les avait pas remarqués plus tôt : derrière Jules, une trentaine de lycéens – sinon plus -, convergeaient vers eux, et il en sortait au moins autant du gymnase. Il ne comprit pas ce qui les avait poussés à sortir - sans doute la curiosité.

Quoi qu'il en soit, leur venue soudaine eut pour effet de faire reculer leurs agresseurs.

- Jules, c'est qui ces types ? demanda son ami Jim en tête du cortège.

- Ça, répondit Jules en forçant Yassen à se tourner pour l'exhiber à la foule, c'est les salauds qui ont tabassé mon frère, Gætan.

La nouvelle ébranla l'assemblée, qui s'étoffa d'avantage.

- Qu'est-ce qu'ils viennent foutre là ? demanda Dylan au premier rang.

- Surement terminer ce qu'ils avaient commencé.

Jules saisit le bras de Yassen et lui retourna dans le dos en exerçant une forte pression sur son épaule, lui arrachant un grognement. Il tenta de se dégager, mais il ne faisait pas le poids. Alors il releva la tête vers la foule, la mine hargneuse :

- Et alors, il est où le problème ? Ces sales gays sont...

Jules accentua la pression, la fin de sa phrase se transforma en cri de douleur.

- Attention, siffla-t-il à son oreille, je te rappelle que tu parles de mon frère.

- Et de nos amis, renchérit une voix familière.

Léonie s'extirpa de la foule, le visage rouge de colère, suivie de Christian, Justin et Farah. Elle se rua sur Yassen et l'aurait probablement étranglé si Christian ne l'avait pas retenue :

- Comment vous osez venir ici, vociféra-t-elle, après e que vous avez fait à Gætan ? Vous mériteriez qu'on vous fasse bouffer vos burnes ! Enfin, si vous en avez : dix contre deux, quel courage. Bande de trous à merde !

Yassen cligna des yeux, incrédule.

- On pourrait commencer par lui casser le bras, suggéra Jules.

- Non ! cria Yassen.

- Oui ! cria Léonie.

- Arrête, Jules ! s'interposa Gætan.

Jules se retourna vers son frère :

- Quoi ?

- Arrête, répéta le cadet.

Il se rapprocha de Yassen, sous le regard silencieux de l'assistance. On aurait dit à présent que tout le gymnase s'était vidé et que l'intégralité des lycéens étaient réunis ici.

- Pourquoi tu me hais tant ? demanda Gætan en se penchant vers Yassen.

Yassen lui lança un regard hésitant, puis son visage revêtit son expression haineuse :

- Parce que t'es qu'un sale gay !

- Et alors ? l'apostropha Justin.

Les regards convergèrent vers lui :

- Oui, il est gay, et alors ? répétât-t-il sans frémir. Ça te pose quoi comme problème à toi ? Pourquoi tu pourrais pas le laisser vivre sa vie ?

Quoi qu'en pensent les autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant