CHAPITRE 12 : JE LE COURTISE (6)

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Avant qu'il n'ait pu dire ou faire quoi que ce soit, Gætan se retrouva confronté à un problème épineux, qu'il croyait avoir réussis à résoudre.

- Bonsoir Gætan, dit Aymeric.

Il avait revêtu pour l'occasion un costume prune assorti d'une chemise beige et d'une cravate mauve.

Pas vraim... Pas franchement son style.

- Bonsoir, répondit le jeune blondinet avec un sourire qui se voulait amical.

Il avait beau ne pas beaucoup l'aimer, cette soirée était spéciale et méritait de l'être pour tous.

Le rouquin resta un long moment le regard fixé sur lui, ses mains tortillant le bas de sa veste, puis il lâcha en baissant les yeux :

- Tu es très beau dans ce costume.

Eh merde, pensa Gætan.

- Merci.

Il hésita puis ajouta par politesse :

- Euh, toi aussi.

Aymeric sourit faiblement puis demeura immobile et silencieux, au point que la gêne ne s'installe autour de la table. Attendait-il qu'ils l'invitent à s'assoir avec eux ?

Puis Léonie décida de prendre les choses en main :

- Bon, le prunier, tu as quelque chose à dire ou tu comptes rester planter là longtemps ?

Aymeric rougit violemment :

- Non, je...

Il inspira à fond :

- En fait, je suis venu demander à Gætan s'il voulait bien me réserver une danse.

Gætan fit un gros effort pour garder bonne figure. Il sourit aimablement puis lança un regard discret à ses amis pour qu'ils viennent à son secours.

Apparemment, Aymeric n'avait toujours pas compris qu'il n'était définitivement pas intéressé par lui.

Finalement, ce fut à nouveau Léonie qui le sauva, avec une étonnante subtilité :

- Tu sais, si tu veux faire les choses bien, normalement pour obtenir une danse de Gætan, tu devrais commencer par demander l'autorisation de son cavalier.

- Son cavalier ? répéta Aymeric en palissant.

- Oui, tu dois demander à Morgan Carmel.

- Qu'est-ce qu'il doit me demander ? demanda une voix dans son dos.

Aymeric fit brusquement volteface, manquant de faire renverser son plateau à Morgan.

- Eh, doucement mec, fit ce dernier en le retenant de justesse.

- Pardon ! répondit Aymeric.

Il rougit de plus belle et marmonna :

- Bon, je dois y aller.

Et en un clin d'œil, il disparut.

Gætan se sentit un peu mal pour lui, mais c'était son droit de ne pas être intéressé. Il croyait avoir été suffisamment clair sans être vexant.

Puis il jeta un coup d'œil nouveau à son cavalier. Il n'avait pas fallu longtemps à Morgan pour le faire fuir... Il se demanda ce qu'il aurait répondu si Aymeric lui avait vraiment demandé de lui accorder Gætan pour une danse.

- Qu'est-ce qu'il a ? demanda Morgan en posant son plateau.

- Laisse béton, Gaston, répondit Léonie.

- D'accord, Nestor. Au fait, sympa ta robe.

- Merci, la tienne aussi.

Morgan secoua la tête puis se tourna vers Gætan avec un sourire moqueur :

- Heureusement que j'avais prévu plus de verres.

- Oh pardon, fit Gætan en se levant. Morgan, Farah, je vous présente Cristiano, le cavalier de Léonie...

- Christian, le corrigea ce dernier. C'est notre mama qui nous a donné nos prénoms.

- Ah, au temps pour moi. Donc, Christian, le cavalier de Léonie, et ses sœurs, Julie et Sophie. Et voici Morgan, mon cavalier, et Farah, la cavalière de Justin. Voilà, en espérant que j'ai pas trop fait d'erreur...

- Incantato, fit Christian.

- Anche a me, répondit Morgan.

Tous les regards convergèrent vers lui :

- Tu parles italien ? hoqueta Gætan.

- Un peu seulement, j'en ai fait quand je vivais aux Etats-Unis. Mais il me reste plus grand chose, je t'avoue.

Le jeune blondinet ouvrit de grands yeux :

- Mais... parce que tu as vécu aux Etats-Unis en plus ?

- Je te l'avais jamais dit ?

- Bah... non, je crois pas.

- Ma mère était américaine, expliqua le jeune athlète en s'asseyant.

Gætan se sentit perdu. C'était bien le genre de choses qu'il n'aurait pas pu imaginer. Ignorait-il encore beaucoup de choses sur lui ?

Cela dit, il ne pouvait nier l'intérêt qu'il éprouvait pour ces dernières nouvelles. Ce garçon recelait décidément plein de surprises...

- Bon, fit Morgan avec un grand sourire, qui veut du punch ?

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