Gætan retint son souffle. Voilà plus d'un an qu'il n'avait pas vu son frère sans écharpe.
Maxence laissa tomber le vêtement puis écarta ses mains, dévoilant son cou.
Gætan plaqua une main sur sa bouche, tandis que ses yeux s'agrandissaient de surprise.
Tout autour de son cou, de sa gorge jusqu'à sa nuque, de profondes marques étaient inscrites dans sa peau, comme des meurtrissures. La peau était violacée et recouverte de cicatrices.
- Comment..., murmurât-il à mi-voix.
- On a tenté de m'étrangler, expliqua Maxence calmement en remettant son châle. C'était il y a un an.
- Mais..., répondit Gætan incrédule, qui ?
Maxence haussa tristement les épaules :
- Un garçon du lycée. Lui et moi...
Il hésita. Cette fois-ci, il rougit pour de bon :
- On convoitait la même fille. Il n'a pas apprécié et il est venue m'en faire part. Il m'a menacé, j'ai refusé de plier. Alors on s'est battu.
- Jusqu'au point de tenter de te tuer ?
- Il était fou, il venait de se droguer. Mais je suis aussi responsable, je n'aurais pas du répondre à ses menaces, je n'aurais pas dû céder à la violence... Par ce que, ce que j'ai fait ensuite...
Il laissa planer un silence et baissa à nouveau les yeux.
- Tu as fait quoi ? demanda Gætan en contrôlant les tremblements de ses mains.
- J'ai... Je l'ai frappé avec un couteau.
- Un... couteau ?
- Oui. Ça s'est passé dans une brasserie où je déjeunais avec des amis. Il m'a fait tomber par terre et a commencé à m'étrangler avec une corde. Alors j'ai réagis instinctivement, j'ai attrapé la première chose que ma main a trouvée et je l'ai frappé au torse.
- Et... Tu l'as tué ? demanda Gætan en retenant son souffle.
- Non. Seulement blessé. On nous a emmené tous les deux à l'hôpital, lui y est resté plus longtemps que moi mais il a fini par sortir. Ensuite, je ne sais pas ce qu'il est devenu.
- Et toi, il t'est arrivé quoi ensuite ?
- J'ai été renvoyé du lycée.
- Mais tu n'étais pas responsable si c'est lui qui t'a attaqué !
- J'ai cédé à la violence, j'ai accepté de me battre.
Il sourit tristement :
- Tout ça pour une fille, qui a fini par déménager.
Un silence passa.
- Mais..., murmura Gaetan, pourquoi tu ne m'en a pas parlé ?
Maxence tordit nerveusement ses mains :
- Parce que... J'avais honte.
- Honte ?
- Oui... J'ignorais comment vous alliez le prendre, comment vous réagiriez. Alors j'ai préféré me taire.
Gætan sentit les larmes lui monter aux yeux, cette fois des larmes de rages :
- Et tu t'es tu pendant un an.
- Je n'ai jamais osé en parler. Tu sais, j'ai beaucoup changé. Autre lycée, nouveaux amis... Et j'ai rejoint une association - le Mouvement de la Paix. C'est là-bas depuis que je passe le plus de mon temps. Je suis désolé de ne pas t'en avoir parlé plus tôt, je n'en ai pas trouvé le courage. Mais c'est quand j'ai réalisé... Quand on m'a fait réaliser à quel point nous nous étions éloignés que... J'ai voulu réparé ça ?
Un long silence suivit. Gætan serra les poings et la mâchoire :
- Mais quel genre de crétin es-tu ?
- Pardon ? hoqueta Maxence.
- Oui, tu es un crétin ! explosa le cadet. J'arrive pas à y croire : alors tout ce temps, tu refusais de me parler, tu m'ignorais royalement, tu t'enfermais dans ton monde parce que tu avais trop honte de venir m'avouer ça ?! Mais à quoi je sers moi ? Je suis pas là pour te juger, mais t'aider, t'épauler, même dans ce genre de moment, même dans les cas les plus graves. Les frères, ça s'entraident entre eux, ça se tournent pas le dos ! J'aurais pu t'aider, j'aurais pu t'aider à surmonter ce traumatisme, pourquoi tu as préféré m'abandonner ? Merde, Maxence, t'es vraiment un abruti !
- Désolé, répondit piteusement Maxence.
- Mais arête de t'excuser ! rétorqua Gætan en laissant couler ses larmes. Qu'est-ce que tu crois ? J'ai cru que c'était ma faute si tu avais subitement arrêté de me parler, j'ai cru que j'avais fait quelque chose de mal...
Il baissa la voix :
- J'ai cru que c'était à cause de... À cause que...
Il ne termina pas sa phrase :
- À cause ? l'encouragea Maxence avec un regard inquiet.
- À cause que je suis gay, dit Gætan en baissant les yeux.
Maxence lui prit le visage entre les mains :
- Non, écoute moi Gæt : tu es mon petit frère, et je t'aime. Je m'en fiche que tu sois gay, ça ne m'a jamais posé de problème. Au contraire, je suis fier de toi, que tu puisses assumer publiquement ta différence. Je rêve d'un monde où être gay ou hétéro ne change pas la façon dont les gens vous regardent. Tu as tout mon soutien.
- Crétin...
Gætan ne trouva rien d'autre à redire. Il regarda son frère puis fonça se blottir dans ses bras, comme quand il était plus petit et qu'il faisait un cauchemars la nuit. Maxence ne l'empêcha pas, au contraire il le sera un peu plus fort :
- Je suis désolé, répétait-il, la gorge nouée à son tour.
Gætan se força à arrêter ses larmes. Il se redressa et sourit faiblement :
- Je suis content de te retrouver, grand frère.
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Quoi qu'en pensent les autres
RomanceCeci est le récit de deux chemins qui se croisent. Gætan est un jeune lycéen de 16 ans, ouvertement gay, même s'il a parfois du mal à supporter les moqueries à son sujet. Un jour, cela dérape et il se fait tabasser par un groupes de jeun...