Quoi qu'en pensent les autres

CHAPITRE 11 : JE L'ADORE (14)

Maxence l'étreignit :

- Moi aussi, petit frère.

Au même moment, la porte s'ouvrit, cette fois-ci sur Jules. Leur aîné portait un plateau où trônaient trois tasses fumantes :

- Je vous dérange pas ?

- Non, répondit Maxence.

- Entre, proposa Gætan.

Jules entra puis referma la porte :

- Je vous ai entendu discuter, alors je me suis permis de vous apporter...

- Du café, complétèrent Maxence et Gætan en chœur.

L'aîné leur tira la langue avant de se joindre à eux sur le lit. Il ne fit aucun commentaire sur Maxence – sans doute était-il déjà au courant finalement -, mais s'adressa plutôt à Gætan :

- Alors, petit frère, dit-il en distribuant les tasses, dis-nous avec qui tu comptes aller au bal samedi ?

- Peut être avec ce beau garçon qui est venu l'autre soir ? renchérit aussitôt Maxence. C'était quoi son nom déjà ?

- Morgan, répondit Jules. Morgan Carmel. Tu te souviens pas de lui ?

- Non. Je devrais ?

- Il a une certaine réputation au lycée, c'est le capitaine de l'équipe de natation.

- Si tu le dis. Et alors, elle en est où exactement votre relation Gæt ? Vous êtes seulement amis ?

- Oui, répondit Gætan d'un ton hésitant. Enfin, je crois... Mais oui, il m'a proposé qu'on aille au bal ensembles.

- Vraiment ? s'étonna Jules.

- Oui... Mais je suppose qu'il voulait dire... Entre amis, parce qu'il a pas vraiment précisé si...

Il inspira :

- À aucun moment il n'a laissé entendre qu'il souhaitait que l'on soit autre chose.

- Qu'a-t-il dit au juste ? demanda Maxence.

- Euh, juste qu'il avait envie d'y aller avec moi.

Jules et Maxence échangèrent un regard puis éclatèrent de rire.

- Quoi ?! s'exclama Gætan en rougissant. Qu'est-ce que j'ai dit ?

- Ah mon pauvre frère, tu es vraiment trop bête, répondit Jules avec un clin d'œil.

- Mais... Quel problème ça pose ? Il y a plein de gens qui y vont entre amis, non ?

- Oui, oui, répondit Maxence en se mordant l'intérieur de la joue.

Gætan fit mine de bouder devant l'expression moqueuse de ses frères. D'accord, l'attitude de Morgan était assez équivoque mais... À aucun moment il n'avait laissé clairement entendre qu'ils seraient autre chose que des amis, aussi il ne pouvait pas se permettre de considérer cela autrement.

Il faudra probablement qu'il lui en parle...

- Mais dis-nous-en un peu plus sur lui, réclama Maxence. Qu'est-ce que tu en penses toi ?

- Bah, répondit Gætan en rougissant, il est sympa...

- Et ?

- Et... Il est drôle ?

- Mais comment tu le trouves ?

- Physiquement ?

- Par exemple.

Gætan baissa les yeux :

- Bah, pas trop mal...

- C'est tout ?

Le cadet leva les yeux au ciel :

- Roh, ça va hein... Oui bon d'accord il est super mignon, voilà, t'es content ?

Maxence fit un large sourire :

- Voilà qui est prometteur.

Jules se leva :

- Dans ce cas, si tu es amené à l'accompagner au bal, tu dois être à la hauteur, il te faut un costume qui déchire.

Il sourit, son regard alternant entre ses frères :

- Qu'est-ce que vous diriez d'une après-midi shopping entre frangins ? Après demain, après ton oral, histoire de te dénicher ça.

Gætan répondit à son sourire :

- Carrément !

- Maxence ?

Le jeune homme fit un clin d'œil :

- Je suis partant.

- Et toi Jules ? demanda Gætan. Tu y vas avec qui au bal ?

- Moi, c'est une surprise, répondit l'aîné avec un sourire en coin.

Il se rassit et prit ses frères par le cou dans une étreinte fraternelle :

- Ah, ma Tafiole, mon Sac à Foutre, vous m'aviez manqué !

- Jules ?

- Oui ?

- Ta gueule.

Gætan ne parvenait pas à cesser de sourire. Tout était parfait ! Il avait retrouvé son frère, il irait finalement au bal avec la personne la plus inespérée qui soit, le garçon qui occupait toute ses pensées, même les plus intimes.

Il nageait dans le bonheur. Tout allait pour le mieux... Excepté peut-être une dernière ombre qui planait sur le tableau, un doute persistant mais dont toute la suite dépendrait.