Quoi qu'en pensent les autres

CHAPITRE 7 : JE LE CONTEMPLE (4)

Lorsque Gætan ouvrit la porte de chez lui, il ne vit personne.

- Papa ? Maman ? appela-t-il.

Pas de réponse. Avisant de la lumière dans le salon, il posa ses affaires et s'y dirigea.

Maxence était allongé dans le canapé, plongé dans une de ses lectures, son éternelle écharpe autour du cou.

- Où sont les parents ? demanda Gætan.

Pour toute réponse et sans même détacher son regard de son bouquin, Maxence lui désigna la cuisine, où trônaient deux boites à pizza. Il s'en approcha et avisa un post-it : « Partis au cinéma. Voici de quoi manger, soyez sages les garçons. Je vous aime. »

Et c'était signé : Maman. Gætan leva les yeux au ciel : super soirée en perspective... Il ouvrit l'une des boîtes : la pizza était déjà froide.

- Tu as déjà mangé ? demanda-t-il à son ainé en se tournant vers lui.

Mais Maxence ne sembla pas l'entendre, ou alors il ne jugea pas utile de répondre. Gætan opta pour la seconde proposition.

Poussant un soupir, il prit une boite puis, ramassant ses affaires au passage, il monta dans sa chambre. Il alluma son ordinateur et ouvrit Internet.

Mais à la place s'afficha une petite fenêtre : « Pas de réseau Internet ».

De mieux en mieux... Gætan soupira à nouveau. Bon, qu'est-ce qu'il pouvait faire maintenant ?

Son regard obliqua vers son cartable. Il se rappela alors que les épreuves anticipées de français étaient dans un peu plus d'un mois et, prit d'un exceptionnel élan de sagesse, il décida de réviser un peu.

Quitte à passer une soirée bien pourrie...

Il s'installa sur son lit avec ses fiches et sa pizza et se lança dans un road-trip littéraire entre euphémismes, oxymores et autres allégories.

Un peu plus tard dans la soirée, sa porte s'ouvrit et Jules pénétra dans sa chambre, vêtu d'un simple bas de pyjama et tenant (qui l'eut cru ?) une tasse de café fumante dans la main. Il referma la porte et vint s'assoir sur son lit avec un sourire énigmatique.

- Tu veux quoi ? demanda Gætan.

- Juste discuter un peu avec mon petit frère, répondit Jules en haussant les épaules.

Gætan fronçant les sourcils : il n'était pas vraiment dans les habitudes de son ainé de venir comme ça dans sa chambre pour « discuter un peu ».

- Discuter de quoi ?

- De tout et de rien. Par exemple, dis-moi avec qui as-tu été à la piscine aujourd'hui ?

Gætan soupira :

- Avec Morgan Carmel. Pourquoi tu veux savoir ça ?

- Par simple curiosité. C'était sympa ?

- Autant que peut l'être une séance de rééducation.

- Tout dépend avec qui on la fait. J'ai l'impression que tu t'entends de mieux en mieux avec ce type.

- Et en quoi ça te pose un problème ? répliqua Gætan en levant les yeux au ciel.

- Oh mais en rien. Je suis même plutôt content de voir que t'es enfin décidé à t'élever socialement en fréquentant des gens populaires.

- Je n'ai pas décidé de « m'élever socialement », et d'ailleurs ce n'est pas moi qui suis allé vers lui.

- C'est-à-dire ?