CHAPITRE 13 : JE LE HAIS

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L'instant se figea. Tout ce qui les entourait se volatilisa instantanément, ils furent transportés dans un lieu hors du temps et de l'espace

Morgan sentit son cœur s'arrêter. Pouvait-il réaliser ce qu'il était en train de faire ?

Probablement pas, mais il s'en fichait. Si c'était un rêve, il voulait ne jamais se réveiller.

Il ferma les yeux pour mieux apprécier cet instant magique. Les lèvres de Gætan avaient un goût légèrement fuité.

Il n'avait jamais ressenti pareille sensation. C'était comme si tout son corps était parcouru d'un puissant et délicieux courant électrique qui trouvait sa source en Gætan.

C'était son premier vrai baiser. Ce baiser... Il l'avait si longtemps désiré, si longtemps espéré. Il se sentit subjugué par tout ce que cela pouvait signifier.

Il caressa tendrement la nuque de Gætan. Il ne voulait pas que ça s'arrête, il ne voulait pas se séparer de cet être. Il aurait voulu que leurs lèvres se fondent les unes dans les autres, qu'elles fusionnent pour toujours.

Son esprit se vida complétement, tout le néfaste s'envola. C'était le plus bel instant de sa vie, où il prenait enfin le pas de décider ce qu'il voulait faire de son existence, et surtout avec qui il voulait la construire. Où il choisissait une direction, une ligne droite qui menait directement à Gætan. Plus de détours, plus de carrefours, plus de croisées. Juste Gætan.

Il accentua imperceptiblement la pression de ses lèvres. Il avait envie de le serrer dans ses bras.

Soudain, il sentit quelque chose de froid couler le long de sa joue.

A contrecœur, il rouvrit les yeux et mit fin à leur baiser. Ce qu'il vit alors lui fendit le cœur.

Les yeux de Gætan étaient inondés de larmes, sa mâchoire serrée, son regard incarnait la tristesse, une tristesse profonde et insaisissable. Le reste de son visage était indéchiffrable.

Il ne comprit pas ce qu'il se passait.

Il ouvrit la bouche mais Gætan ne lui laissa pas le temps de parler :

- A quoi tu joues, Morgan ? murmura-t-il d'une voix à peine audible.

Morgan eut l'impression qu'on venait de le gifler brutalement. Il hoqueta de surprise :

- Q-quoi ? Je... ne comprend pas...

La colère durcit les traits de Gætan. Pourtant, sa voix demeura calme et posée, empreinte d'une froideur désarmante :

- Comment pourrais-tu être fou de moi ?

Morgan pâlit :

- Mais... mais parce que tu es...

- La question ne me concerne pas, le coupa Gætan. C'est de toi dont il s'agit. Tu es un garçon, moi aussi. Alors, comment pourrais-tu être fou de moi ?

Morgan se sentit de plus en plus perdu. Il n'avait jamais vu Gætan dans cet état. Qu'avait-il pu faire ?

- Parce que je suis...

Il ne termina pas sa phrase.

- Dis-le, lui intima Gætan.

Le jeune athlète ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit. Gætan lui jeta un regard empreint de dégout :

- Non, tu ne peux pas.

Sa voix s'était encore durcit. Il lui tourna le dos et fit quelques pas en s'éloignant de lui.

Quoi qu'en pensent les autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant