CHAPITRE 10 : JE LE DISCERNE (3)

904 80 6
                                    


Morgan ouvrit puis ferma la bouche plusieurs fois sans qu'aucun son n'en sorte.

Avait-il sérieusement bien entendu ?

Il s'aperçut alors du regard interrogateur que braquaient Gætan et Jules sur lui et se força à réordonner ses pensées :

- Euh..., fit-il.

Puis la question résonna à nouveau dans sa tête et son sang ne fit qu'un tour :

- Ouais, grave ! s'écria-t-il.

Rien qu'à la pensée de passer une nuit avec le garçon de ses rêves lui donnait des papillons dans le ventre. Une succession d'idées folles se déversa dans son esprit : qui sait ce qu'il pourrait se passer ?

Il secoua la tête. Non, il devait rester maître de ses émotions. Mais peut être cette soirée serait-elle l'occasion rêvée de se dévoiler davantage, de dire certaines vérités...

- J'adorerais en fait, ajouta-t-il avec un grand sourire.

- Cool, répondit Gætan avec le même sourire. Je te prêterai de quoi dormir, avec cet orage ce serait dangereux que tu rentres chez toi.

Un nouveau coup de tonnerre éclata comme pour lui donner raison.

- Ouais. Merci c'est gentil.

- Pas de quoi. Tu préfères dormir dans le salon ou dans ma chambre, avec moi ?

Il se tut un instant et se rattrapa aussitôt en rougissant :

- Non, enfin je veux dire, que je t'installe un autre matelas dans ma chambre !

Morgan haussa un sourcil :

- Bah avec toi, pourquoi je voudrai dormir dans le salon ?

- Euh, fit Gætan en rougissant de plus belle, tu sais, c'est parce que... Fin, je voudrais pas que tu penses, que tu te dises que...

Morgan mit un certain temps à comprendre :

- Non, Gætan, t'en fait pas, assura-t-il. J'ai aucun problème avec ça, je suis même content de dormir avec toi.

- Ah oui ? répondit le blondinet à mi-voix.

- Oui.

Écarlate, Gætan semblait désormais sur le point de défaillir :

- Cool, alors je vais préparer tout ça.

Il se tourna vers son frère qui n'avait pas bougé :

- Jules, tu peux lui montrer la salle de bain s'il te plaît ?

- Oui, répondit l'aînée d'un ton impassible, le regard fixé sur Morgan.

- Merci.

Et il disparut dans les escaliers.

Un silence passa, sans que Jules ne lâche Morgan des yeux. Il s'avança de quelques pas et croisa les bras :

- Ça va ? demande-t-il soudain.

- Euh, oui, merci, répondit Morgan d'une voix hésitante.

- Cool.

Il laissa passer un silence puis reprit d'une voix lente.

- Gætan nous a beaucoup parlé de toi.

- Vraiment ? fit le jeune athlète qui fit un gros effort pour cacher la joie que lui procurait cette nouvelle.

- Oui, souvent. Il dit que vous êtes devenus... de bons amis.

- C'est vrai.

Jules s'approcha encore, jusqu'à être tout près de lui :

- Mon frère est un idiot, dit il le regard rivé dans celui du jeune athlète. Il est incapable de voir les signes qu'on lui envoie car il manque cruellement de confiance en lui, malgré les apparences. Crois moi, je le connais bien, il est mon petit frère, et - bien que tu n'aies jamais intérêt à répéter ça -, il est ce que j'ai de plus cher avec Maxence et mes parents. Par conséquent, je veux qu'il soit heureux, je veux qu'il rencontre un gentil garçon qui l'aimera pour ce qu'il est et qui puisse faire son bonheur, qui le respectera et ne tentera jamais, au grand jamais, de lui faire du mal.

Il marqua une pause puis reprit :

- Mais il ne faudra pas que ce garçon tarde à trop à se révéler à lui, sans quoi il risque de passer à côté, et ce serait dommage. Tu comprends ?

Morgan mit un moment à répondre :

- Oui, mais pourquoi tu me dis ça à moi ? bafouilla-t-il.

Jules haussa les épaules :

- Je te l'ai dit, mon frère est incapable de repérer les signes. Mais moi, je ne suis pas mon frère.

Il lui lança un dernier regard plein de sous-entendus, ponctué d'un nouveau coup de tonnerre, puis il sourit et tourna les talons :

- Tu viens ? La salle de bain est en haut.

Quoi qu'en pensent les autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant