Quoi qu'en pensent les autres

CHAPITRE 12 : JE LE COURTISE (1)

- Et tu lui as dit quoi ?!

Morgan rougit. Il n'aimait pas les interrogatoires de sa sœur, mais il savait d'expérience qu'il ne pourrait pas y couper :

- Je lui ai demandé s'il voulait aller au bal avec moi, répondit-il.

- Et... Comment il a réagi ? questionna Farah qui ne faisait plus aucun effort pour cacher son excitation.

- Il a dit... Un truc du genre : « on n'invite pas une fille normalement ? »

Le visage de sa sœur redevint subitement sérieux :

- Ah. Et tu as répondu quoi ?

- Que je m'en fichais parce que c'était avec lui que j'avais envie. Et là... il a accepté.

Farah ne put retenir un cri d'euphorie. Elle prit son demi-frère par le cou et le serra fort :

- Je suis trop fière de toi frérot !

- Merci, répondit Morgan en se contorsionnant pour éviter de se faire étrangler.

Mais il ne put s'empêcher de sourire. Son regard se promena sur sa chambre : des étagères où s'alignaient des dizaines de romans, de trophées de natation, de classeurs remplis de partitions ou une gigantesque collection de CD tous genres confondus, un piano en bois d'ébène côtoyant une tour de son et une sono, un bureau parfaitement rangé où s'étalaient des fiches de révisions impeccablement classées, une porte fermée recouverte de posters de ses chanteurs et chanteuses préférés.

La pièce était impeccable, comme à son habitude. Cette idée le fit sourire d'autant plus. Cet endroit était son sanctuaire, le seul lieu où il pouvait être lui-même et laisser libre court à ses passions. Il avait l'impression que quiconque entrerait ici pourrait avoir une idée exacte du garçon qu'il était au fond de lui, cette chambre reflétait parfaitement sa personnalité soigneuse et appliquée, elle le présentait comme un garçon avec des rêves plein la tête, des mélodies qui s'entrechoquaient par centaines, les noms tourbillonnant des grands artistes qu'il admirait et qui avaient forgé sa passion secrète pour la musique.

Rares étaient ceux qui était déjà entré ici, hormis les membres de sa famille ou... Ses meilleurs amis.

Il perdit son sourire, puis se dégagea doucement de l'étreinte de sa sœur :

- Farah, je dois te dire quelque chose.

- Je t'écoute ? fit la jeune réunionnaise en percevant son changement de ton.

Le jeune athlète inspira puis lâcha :

- J'ai dit la vérité à Samel et Romain.

Farah hocha doucement la tête :

- Qu'on-t-il dit ? demanda-t-elle d'une voix douce.

Morgan haussa les épaules :

- Rien de spécial. Je leur ai avoué que j'étais attiré par Gætan et que je voulais l'inviter à aller au bal avec moi. Ils n'ont pas eu l'air surpris, enfin pas plus que ça... En fait, ils n'ont eu aucune réaction. Samel m'a simplement dit que ça le dérangeait pas, Romain rien du tout. Puis je suis parti, depuis on n'en a plus parlé.

Un silence suivit. Farah prit sa main d'un geste réconfortant :

- Je suis persuadée qu'ils vont l'accepter. Laisse-leur un peu de temps et tente à nouveau de leur en parler, tu verras comment ils réagiront. Ce sont tes amis, grand frère, tu verras... Ne t'angoisse pas, ils ont simplement dû être surpris, c'est normal, même s'ils ne l'ont pas montré mais... Je suis certaine que ça va s'arranger. Laisse faire le temps.