Lundi 2 septembre 2013
La lumière feutrée des rayons du Soleil se glisse entre les stores en lin de ma chambre rectanglaire tandis mon réveil indique 7h00, c'est à dire l'heure, pour la maudite étudiante que je suis, de s'extraire des bras, confortables certes, de Morphée.
Une nouvelle année commence pour moi, Journal et j'espère que je n'aurai pas usé toutes tes pages et que je pourrai encore compter sur toi pour me soutenir, une année supplémentaire.
Je te préviens immédiatement : j'ecrirais moins que les ans passés. Et pour cause ? L'année dernière, je m'étais obstinée à témoigner, et cela chaque jour, des éprouvantes journées que j'effectuais à travailler la biologie, l'anatomie, et autre.sciences que toute personnenormale ignore. Ces rédactions acharnées et égocentriques m'ont vallues des résusltas "alarmants" comme disait Mme. Servigny, professeur redoutée des Sciences Humaines et Sociales, et le fameux redoublement de ma première année de Médecine.
D'après Maman, "Tu es responsable de tes actes. Tu ne vas pas reposer la faute sur ton journale intime alors que tu as 20 ans !" Cette phrase, elle me l'avait énoncée un nombre infini de fois, dans le but de me secouer. Mais dès que l'un de mes parents prononçaient le mot intime, il pouvait savoir que je ne j'écoutais plus, et que ces remontrances allaient devenir un ennuyeux monologue. Intime ? Pourquoi sont ils obsédés par ce mot ? Rédiger un récit, presque une épopée, sur ce qu'on subit quotidiennement est automatiquement intime ? Le journal d'Anne Franck, personne ne le désignait comme un journal intime, pourtant elle en faisait le même usage. Et qui sait ? Un jour, peut-être (ou sans doute !) je serai une auteure culte du XXIe siècle et tout le monde s'arrachera mes manuscrits ?
***
Mon sac glissé sur l'épaule, mes converses nouées autour de la cheville, mes cheveux bruns flottant continuellement dans la bise fraîche, j'avance d'un pas rapide, doublant restaurants aux prix excessivement chers et passants trop lents, pour ainsi rejoindre The King's College London.
Je loue une chambre dans l'une de ces résidences universitaires comme d'autres nombreux étudiants, à quelques kilomètres de la faculté, et cela ajouté à la présence de ma colocataire devient pesant et c'est pour cela qu'il devient urgent d'habiter seule dans mon propre studio.
Mes pieds m'avaient enfin menés à la cour goudronnée qui s'étend, silencieuse, devant mes yeux inquiets.
Je balaye du regard l'entre-deux bâtiments ; seulement un groupe de jeunes individus se tient dans un coin discutant, tout en essayant de se cacher du directeur de l'établissement scientifique, pour crapoter quelques cigarettes.
J'arrive alors à tirer cette affolante conclusion : je suis en retard.
Je consulte mon emploi du temps ; reçu il y a peu par la poste et sur lequel le premier cours de la semaine figure, soit celui des Sciences Humaines et Sociales.
Je cligne des yeux pour vérifier que ma conscience ne me joue pas des tours quand je remarque, écrit dans une police illisible : Mme. Servigny.
Je plaque le papier contre mon visage : cette journée ne peut être pire.
Même dans mes cauchemars de la veille, j'avais supprimé toute option d'un possible retard, certaine que ma montée d'adrénaline du jour tant craint me ferait avancer à une allure folle.
Je me précipite à l'intérieur du bâtiment A, celui du pôle social, telle une furie en quête de nourriture.
Sur le chemin jusqu'à ma salle, je me cogne contre les murs des interminables couloirs, interrompant des cours alors que je vérifiais qu'ils n'étaient pas ceux auxquels je me dois d'assister.
Salle B314
Je me tiens désormais devant la porte blanche immaculée. J'essaye de reprendre une respiration régulière et un rythme cardiaque moyen en fermant les yeux et faisant des exercices d'inspiration-expiration : qui aurait cru me voir courir pour rejoindre Mme. Servigny ?
Je glousse intérieurement à mon constat improbable.
J'hésite à toquer : arriver en dernière, une dizaine de minutes après les autres me rendait terriblement anxieuse. Être en retard, c'est affronter les regards hautains et satiriques des étudiants déjà installés.
Je serre mon poing avant de le placer face à la porte qui se dressait devant moi, telle un monstre qui souhaitait me gober.
Je frappe.
J'entends les élèves de l'amphithéâtre se taire soudainement puis les talons de la professeur, claquer contre le carrelage :
- Qui est-ce ? crie-t-elle derrière la porte, sa voix nasillarde qui ne m'avait, je dois l'avouer, absolument pas manqué de toutes les vacances.
- Je vous pris de m'excuser... Mademoi, madame pardon,... de mon...
Je n'arrive pas à continuer ma justification quand je constate une pression s'exercer sur la poignée.
- Mademoiselle Fitzerald ! s'exclame la vieille femme en ouvrant la porte d'un coup sec, m'enlevant le bouclier que je m'étais imaginé à l'aide de celle-ci.
Elle me fait un sourire crispé laissant apparaître ses dents jaunes incrustées dans ses gencives pâles.
J'avais oublié combien son visage était marqué par l'âge de la pauvre vieille fille : des rides creusaient son front et ses fossettes tandis que ses cheveux gris étaient rassemblés en une tresse en haut de sa nuque.
- Qu'avez vous à dire pour votre défense mademoiselle ?
- Je vous pris de m'excuser continuais-je la voix tramblotante. J'ai eu des problèmes de transports en commun.
Mme. Servigny se contente d'acquiescer à mon mensonge en me faisant signe d'entrer dans la vaste salle.
C'est en cachant la bas de mon visage avec mon emploi du temps que je monte les escaliers de la salle de conférence pour accéder aux places du haut, situées le plus loin de l'estrade en bois.
Je salue quelques étudiants au passage, que je reconnaissais de l'année dernière. A dire vrai, j'avais ma tête plongée dans mes bouquins durant toute l'année précédente et je peux à présent compter mes connaissances sur les doigts d'une main. Le redoublement ne m'avait malheureusement pas aidé à rencontrer de nouvelles personnes et je suis considérée aujourd'hui comme une personne peu fréquentable.
- Fitzerald !
Je fis un bond entendant mon nom d'entre les lèvres de la professeure de sciences qui était monté sur la première marche de l'escalier.
Je me retourne pour lui faire face et écouter sa remarque.
- Vous ne vous souvenez pas ou vous jouez à l'idiote ? me demande Mme. Servigny, sévèrement.
Je tourne la tête de droite à gauche.
- La place des retardataires ! cria la mégère en pointant du doigt une place au premier rang, juste devant son bureau bancale.
Je la supplie du regard de me laisser m'assoir au fond mais elle refuse catégoriquement. Je replace une mèche rebelle dans ma coiffure qui dominait le haut de mon crâne avant de rebrousser chemin pour poser mes affaires à la table indiquée.
- Bien. Articule la scientifique en me regardant, incrédule. Comme je le disais avant qu'un élément perturbateur ne vienne déranger mon cours, je voudrais que vous me présentiez pour la semaine prochaine une dissertation sur l'art de convaincre et persuader.
Tous les étudiants furent surpris et frustrés : l'année a commencé. Entre les exclamations et injures des élèves, moi y compris, elle décide de faire silence avant de reprendre son explication.
- Dans le domaine médical, convaincre est primordial. C'est tout un art !
La salle entière répète cette phrase en coeur avant d'éclater se rire : C'est tout un art !
- Pour cela, vous travaillerez par binôme, et je vous laisse carte blanche.
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The Rogue.
FanfictionThis story does not have a description. Non, en effet, cette histoire ne peut avoir de description : elle est à la fois curieuse, étrange, louche et surprenante mais aussi harmonieuse, envoûtante, sensuelle et attirante. Elle est tout cela, chaque a...