The Rogue.

T R E I Z E

J'ajoute un dernier trait d'eye liner puis soupoudre encore une fois mes joues minutieusement pour cacher chaque imperfection visible à l'oeil nu et me voilà prête. Enfin.

Je m'habitue à la hauteur des talons en traversant la chambre dans sa diagonale, vérifiant dans le miroir la grâce de chacun de mes gestes et de mes pas.

Je crois que je n'ai jamais été aussi tendue : le stress me paralyse, je ne dirai pas pire que pendant les jours précédant le Bac, mais ça s'en approche.

Je ronge mes ongles en prenant soin d'ecailler malencontreusement le vernis corail que je viens tout juste de badigeonner sur mes doigts lorsque que j'entends enfin le poing de mon cavalier cogner contre la porte, me faisant au passage bondir sur place.

Évidemment, c'est en prenant un temps infini que je tire sur la poignée pour découvrir enfin Louis.

Aucun mot ne parvient à franchir la barrière de nos lèvres, tous les deux occupés à examiner la tenue de l'autre.

Je commence à observer ses pieds installés dans des chaussures en cuir brun clair, puis je relève la tête, regardant son pantalon en jean noir toujours retroussé pour que l'on puisse entrevoir ses chevilles nues et bronzées tandis que sa veste bleu marine recouvre une chemise blanche qu'il a prit le soin de fermer jusqu'en haut.

Ayant fini de scanner son corps, je scrute maintenant son visage, ou plutôt nous nous devisageons mutuellement.

J'observe ses lèvres pulpeuses dont un sourire émanait, sa barbe naissante, et ses yeux. Ces yeux qui me font naturellement flancher quand je m'y plonge, comme absorbée par le bleu cristallin diffusé par ses iris et ses longs cils qui les encadrent habilement.

Il est nécessaire d'avouer que Louis est un bel homme.

Je sens un court frisson de malaise me parcourir quand, ayant alors fini mon inspection, je vois son regard loucher sur mes lèvres mais se concentrer tout de suite sur mes yeux, sachant pertinemment que je l'ai démasqué.

- Tu es prête ? demande Louis, impatient.

Je me contente de m'avancer vers lui pour l'accompagner dans ses pas, légèrement déçue qu'il n'ai pas partagé son impression sur ma robe.

Nous devons marcher sur une courte distance pour rejoindre la salle de fête annexée à l'école et Louis en profite pour enrouler son bras autour de ma taille et susurre enfin au creux de mon oreille :

- Je suis ravie que tu te sois faite une beauté pour moi, princesse. Je dois dire que ça me plaît beaucoup que tu ais enfilé ta plus belle robe pour être ma partenaire.

Je frémis quand il plaque un baiser un contre ma joue rouge avant de lui faire face à mon tour :

- Merci. T'es pas mal non plus dans ton genre.

Il ne cache pas son hilarité suite à ma réflexion, sa poitrine gonflant au rythme de son rire.

On croise énormément de gens de notre faculté sur le chemin, ils ricanent tous fort et trébuchent tous les trois mètres suite à la quantité aberrante d'alcool qui coule dans leurs veines.

Les filles qui marchent devant nous portent des robes grossières, arrivant plus haut que leur mi-cuisse : une question brûle alors mes lèvres, pourquoi m'avoir choisi moi ?

- Louis, dis-je pour attirer toute son attention avant d'oser pourquoi tu m'as choisi ? Enfin je veux dire que il y en a tant d'autres...

Il ne mis pas longtemps à me serrer la main, nouant ses doigts aux miens pour dessiner quelques cercles à la surface de mon épiderme à l'aide de son pouce :

- Je dois dire que ton innocence me plaît dit-il dans un murmure tout en accélérant le pas je te laisse entrer Éli continue-t-il pour que je m'avance seule, entre les corps chauds et en sueur des élèves qui dansaient devant la salle sombre.

À peine nous arrivons au milieu de la piste, que Louis hurle pour se faire entendre entre les notes assourdissantes de la musique électro :

- Je vais chercher à boire, ne bouge surtout pas grogne-t-il en se contorsionant entre les individus qui mouvaient leurs corps sensuellement, pour atteindre le bar.

- Élisabeth ?

Une voix familière m'interpelle et je sens au même instant un doigt tamponner mon épaule alors que j'observe gentiment Louis s'effacer parmi la foule en délire.