Mercredi 11 septembre 2013
Mes yeux balayent rapidement les lignes écrites qui ornaient les pages de ce livre que je connais par coeur : une amitié impensable entre deux individus qui devient, aussi surprenant que cela est, inébranlable par la suite et après de longues heures à faire connaissance.
Une histoire un peu cliché certes, mais j'aime ça, et la fin parvient toujours à faire dégouliner mon mascara.
Il doit être environ 18h et j'attends encore Louis. Je ne sais pas si il se souvient de mon invitation de la vieille, même si il est vrai que nous n'avions pas vraiment déterminé d'horaires précises, et je n'ai aucun moyen de le joindre.
Cette journée avait plutôt été riche en émotion : j'avais contacté mes parents par Skype et avais énormément discuté avec eux, à qui je manquais fortement.
Mon frère m'avait lui aussi appelé tandis que mes meilleures amies, qui s'étaient émancipées dans divers régions anglaises et étrangères, m'avaient gentillement donné de leurs croustillantes nouvelles. Ces dernières m'avait permis de prendre connaissance de l'arrivée prochaine d'un garçon à Kings College, qui était dans la même classe que moi durant tout le lycée.
- Élisabeth ! Je sais que tu es là, ouvres moi maintenant s'il te plait.
La voix forte de Louis traverse l'entrée de ma chambre et je me précipite pour lui ouvrir.
- C'est pas trop tôt ! s'écrie Louis en entendant le cliquetis de mes clefs dans la serrure.
La porte s'ouvre enfin sur un garçon qui semblait exténué. Toujours habillé en noir, à croire qu'il ne se change jamais, il pénètre dans la petite pièce dont la chaleur devenait insurmontable.
- Ça doit faire 30 fois que je toque. Tu faisais quoi ici ? dit-il en examinant ma chambre, fouillant du regard derrière les placards et sous les tables, tu es toute seule ?
- Oui, pourquoi ?
- Alors qu'est-ce que tu faisais avant que je ne rentre ? questionne Louis.
- Je lisais.
Louis marche en direction de mon lit avant de s'emparer de mon livre que j'avais violemment jeté sur ma couverture pour lui ouvrir.
- Hum... Je vois... accepte-t-il en se grattant le menton, tu permets ?
Cette question me fait immédiatement songer à la dernière fois qu'il me la posé, quand il s'était permis de sucer mon crayon.
- Si je réponds oui, j'espère que tu ne vas rien sucer riais-je.
Louis laisse tomber le bouquin qui rebondi sur le matelas avant de me fixer de ses yeux soudain écarquillés :
- Pardon ? Tu veux que je suce quoi ? demande Louis, qui paraissait étrangement gêné.
Sa question m'a totalement obnubilée et je visionne toutes sortes d'images comportant Louis faisant des choses salaces.
- Non en faite, je faisais référence au stylo que tu avais mordu la derrière fois me corrigeais-je en essayant tant bien que mal de le rassurer.
- Ah oui c'est vrai avoue-t-il en enfouissant sa tête dans ses larges mains.
Je m'avance vers lui, empoignant au passage un sac en plastique rempli de DVD et CD.
- Tu es toujours d'accord pour voir un film ?
- Bien sûre répond Louis en me souriant franchement.
Il sort tous les films du sac avant d'en positionner un sous mes yeux inquiets.
- J'adore ce film m'informe-t-il avant de lire le titre qui figurait sur la pochette colorée The Conjuring.
- Je ne connais pas. Mon frère adore les films d'horreur alors j'en ai pris pour m'y convertir.
- Tu n'as pas une tête à avoir un frère déclare Louis en riant, avant de poursuivre c'est partit pour ça alors ?
- C'est pas trop traumatisant ? m'informais-je alors qu'il me confie le disque.
- Si un peu... Tu pourras toujours te cacher dans mes bras annonce Louis d'un air victorieux et très charmeur.
J'en rêve, mais je me contente de lui répondre ceci :
- Au moins oui !
J'entends mon binôme glousser derrière moi suite à ma remarque qu'il me pense incapable de tenir et j'installe le film dans le lecteur, règle le volume, la langue et actionne enfin le démarrage de l'histoire.
J'ai un mouvement de recul quand je voit Louis déjà allongé sur mon lit, ses pieds nus s'agitant au dessus du plaid.
- Louis ! C'est ma place ici ! râlais-je. Toi tu es sur celui d'Alice dis-je en indiquant le coin de la chambre appartement à ma colocataire fantôme.
- Mais on peut partager ! J'ai la flême... souffle-t-il sans pour autant changer de place.
Je regagne Louis qui, il faut se le dire Journal, a un de ses culots et égo surdimensionné !
Je m'empare des bras de ma paire, affalée sur le lit, et les tire de toutes mes forces, recroquevillant mes pieds pour mieux adhérer au sol et m'arque pour faire descendre Louis qui se fait de plus en plus dense.
- Allez dégage Louis s'il te plait ! hurlais-je comme une gamine capricieuse.
Je pensais avoir atteint mon objectif mais non : Louis, d'un geste animal en essayant de se défaire de mon emprise envahissante, fait que je m'écroule sur ses jambes.
Le désir irrésistible de le draper de mes bras, de m'étaler sur son tronc et de ne plus bouger, envahit mon esprit.
- Je suis désolé...murmure Louis, constatant que je ne remue plus.
- Non mais c'est bon je suis pas morte non plus ! rigolais-je tout en retirant ma tête de ses genoux menues, avant de le regarder d'un air qui se veut menaçant mais je te rappelle que ta place n'est pas ici ! Allez Lou' le film commence.
- Lou' ? interroge Louis avec des yeux ronds pendant qu'il se jette sur le lit voisin.
- Tu n'aimes pas ? Tu m'appelle bien Éli...
- Si j'adore... J'adore aussi quand tu essayes de me dominer princesse.
Je déglutie à l'entente de ces mots voluptueux et prends enfin la ferme initiative de me focaliser sur les horreurs surnaturelles qui défilent sur l'écran.
***
Mes yeux menacent de se fermer à tout moment pour commencer un long et savoureux sommeil...
Le film, je le suis à travers mon oreiller. En effet, je suis désarmée de quelque courage : mes yeux, curieux de l'action, dépassent rarement mon drap pour faire face à la brutalité des gestes des personnages, mes mains sous jointes sur ma poitrine et des cris s'échappent d'entre mes lippes, que je retiens d'être diffusés grâce à l'oreiller, pour que Louis ne se doute pas de ma peur. Évidemment, mon téléphone reste à mes côtés au cas où je dois appeler la police britannique...
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The Rogue.
FanfictionThis story does not have a description. Non, en effet, cette histoire ne peut avoir de description : elle est à la fois curieuse, étrange, louche et surprenante mais aussi harmonieuse, envoûtante, sensuelle et attirante. Elle est tout cela, chaque a...