S E C O N D

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Je tourne la tête pour observer le brouhaha qui s'installait progressivement dans l'auditorium. Chaque élève en cherche un autre pour former une paire et moi je reste là, gigotant telle une girouette à la recherche d'un partenaire.

La professeur qui examinait mon attitude depuis tout à l'heure m'interpelle :

- Mademoiselle, vous n'avez pas trouvé de camarades ?

Je hoche la tête immédiatement sachant quel sort elle allait me réserver si je lui répondais négativement : elle allait m'imposer mon binôme et ça, je n'en avait aucune envie.

- Si, si ! Je vais trouver, m'empressais-je de dire.

Je cherche encore, dans l'espoir incertain de pouvoir travailler avec quelqu'un.

Mais personne. Les duos sont tous constitués et moi je me retrouve seule comme une cruche à ma place au premier rang.

- Bon. Je m'impatiente Élisabeth !

Je baisse la tête, n'osant pas lui annoncer que je n'ai personne avec qui m'associer.

- Je n'ai trouvé personne madame Servigny, dis-je, les joues virant soudainement au rouge vif.

- Enfin ! La dame s'éclaircit la voix en toussant dans son poing avant de reprendre, ceux qui n'ont aucun collègue, levez la main !

Je me tourne sur ma chaise rude, pour constater qui étaient les isolés. Manifestement, aucune main ne se leva.

- Il n'y a qu'une seule solution alors !

Je croisais les doigts pour que cette solution soit la formation d'un trinôme.

- Elisabeth et Louis vous former le dernier groupe !

Mes yeux fallirent quitter leurs orbites à l'entente de cette annonce.

- On ne peut pas former un trinôme ? la suppliais-je.

- Non on ne peut pas. Surtout quand on se permet d'arriver 15 minutes en retard !

Elle pointe mon voisin du doigt avant de m'indiquer que c'était lui avec qui j'allais travailler.

Je n'avais pas osé lui jeter le moindre regard quand je m'étais installé sur la table voisine et maintenant je le dévisage.

Il était brun, les cheveux soigneusement brossés sur le côté droit. Le prénommé Louis se retourne vers moi pour me faire face, et m'observer à son tour : quand son regard croisa le mien, je ne pu m'empêcher de tourner la tête par peur de rougir à la vue de ses splendides yeux couleurs azur.

Je sens son regard lourd, peser sur moi. Je joue avec mes marqueurs, rouge, noir et vert pour ne pas le croiser mais j'en meurs d'envie, ne l'ayant jamais vu auparavant mais juste entendu son nom à quelques reprises.

- Vous avez, chers amis, une heure pour constituer le plan. Je vous rappele que les titres sont le squelette de la dissertation et qu'il est nécessaire qu'ils soient longuement réfléchis, surenchère Servigny.

- Je m'appelle Louis.

Je pivote pour faire face à mon voisin qui venait de m'adresser la parole.

- Et toi ?

Sa voix était enrouée naturellement, et il avait une prononciation très précise : il articule chaque lettre tout en conversant vite.

- Moi c'est Élisabeth, ma voix n'est que murmure : je suis terriblement gênée de voir ses yeux océans posés sur mon visage qui devenait écarlate.

The Rogue.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant