The Rogue.

V I N G T - H U I T

Samedi 21 Septembre 2013

Je saute hors du bâtiment hideux qui regorge de petits studios pour les apprentis médecins et cours jusqu'à l'établissement. Je manque de m'écrouler plus d'une trentaine de fois compte tenu de mes Stan Smith delacées mais me reprends de justesse, vacillant après sur quelques mètres.

Je suis, comme toujours, en retard.

Je crois que cette année est inscrite sous le signe de la nouveauté : les retards à répétitions, les nouvelles rencontres, et par conséquent les disputes, et les palpitations cardiaques quand je croise Louis.

Heureusement, devoir piquer un sprint tous les matins me permet maintenant d'être entrainée et le temps que je prends pour arriver à King's diminue de jours en jours. J'atteins à peine le bâtiment A que j'entre-aperçois au loin, des cheveux raides et blonds voler dans le vent. Je m'arrête brusquement, m'attardant sur la silhouette svelte qui me fait dos. J'ai à peine le temps d'analyser ce corps qui m'est si familier que Alice se retourne, fouettant sa crinière dorée sur le côté. Son visage est caché par l'objectif disproportionné de sa caméra le temps qu'elle le démonte et range dans son immense sacoche.

- Elisabeth ! Elle hurle tout en courant vers moi, les bras tendus.

- Hey Alice, elle m'enlace doucement et je respire son parfum fruité.

- Comment vas-tu ? Ça fait si longtemps, couine-t-elle tout en prenant un pas de recul pour me regarder de haut en bas.

- Oui ! Tu continues toujours tes reportages ? J'essaye de garder cette atmosphère détendue même si je sais pertinemment que je vais devoir m'expliquer.

- Plus que jamais ! Mes parents ont enfin compris que je me fous royalement d'être pédiatre et blablabla elle roule des yeux et je rit silencieusement mais que j'ai un vrai futur dans la réalisation ! Je pars fin septembre chez toi dans une université d'animation.

- Chez moi ? je suis certaine qu'elle arrive à deviner un énorme point d'interrogation planer au dessus ma tête.

- Oui, elle est à Liverpool. Je passerai saluer tes parents sourit-elle.

- Non, tu n'iras pas je glousse en lui frappant l'épaule, me rappelant la fois où mes parents sont venus me rendre une visite surprise dans notre colocation quand ils sont tombé sur Alice, à moitié nue, se dandinnant devant sa caméra. Mes parents étaient tellement choqués qu'elle s'est justifiée en racontant que c'était un simple pari, mais en réalité c'était un autre projet fou qu'elle appelait "projet artistiquement moderne."

- Alors, comment ça avance avec Louis ?

Waouh. Elle va droit au but au moins.

- Eh bien, on reste on contact je bafouille et les étoiles dans mes yeux à la pensée de Louis me trahissent. Bon, je dois y aller. Je la prends dans mes bras une nouvelle fois, je suis désolée pour tout, passes me voir cette semaine à la résidence, on se fera un truc, ok ? Je marche à reculons pour entendre sa réponse

- Yep, bon cours ! hurle-t-elle avant de s'armer de sa caméra.

Je me précipite jusqu'à ma salle de cours, voyant déjà Servigny me faire une énième remarque. Je ne comprends pas pourquoi c'est toujours elle que je dois affronter quand je suis en retard, en tous cas ce n'est pas un bon réveil.

- Excusez-moi Madame, problèmes de métro je me couvre dès mon entrée en trombe dans la salle.

- Ça va Fitzerlad, toujours une bonne excuse, souffle-t-elle avant de m'indiquer ma place au premier rang.