D I X

2.8K 144 6
                                    

Jeudi 12 septembre 2013

Je me réveille en sursaut, suite à la vison cauchemardesque de mains ensanglantées tenant fermerant mes mollets.

Un mugissement strident s'évade de ma gorge, alors que mes mains moites viennent saisir ma gorge pour m'assurer que je suis bien dans le monde réel et que je me suis soustraite à ce rêve monstrueux.

Le soleil perce mon rideau pour taquiner mes yeux gonflés et fait ressortir la poussière qui vole au milieu de la pièce.

Je me lève difficilement et une fois au sol, j'étire mes bras le plus haut possible et cambre mon dos meurtri, les yeux mis-clos.

Mais là, d'un coup, je hurle de tout mes forces, mon corps se raidit et mes mains viennent instinctivement à ma bouche alors que je m'écroule sur mon lit : le corps endormi de Louis gît juste là, sur le matelas d'Alice.

- Qu'y a-t-il ? cri Louis qui se relève pour s'assoir au milieu du lit.

La couette glisse de son torse nu, m'offrant ainsi un spectacle merveilleux : l'épiderme de Louis est incrustée de petites inscriptions en encre noir et décorent finement son corps athlétique tandis que ses yeux, toujours assoupis, me reluquent.

- Louis reussis-je à dire, regardant ailleurs pour ne pas pâlir à la vue de ses pectoraux divinement bien dessinés que fais-tu ici ?

Il se laisse doucement tomber sur le sommier et fixe le plafond, son coude sous son cou, avant de répondre :

- Tu t'es endormi Éli pendant le film, je voulais le finir seul, mais ce n'était plus aussi amusant. Alors j'ai dormi jusqu'à ce que tu pousses un cri, qui m'a percé les tympans !

Je marche jusqu'à la cuisine tout en continuant la conversation :

- Je suis désolée...

Je ressors du coin réservé aux préparations culinaires, ce qui correspond pour moi au réchauffement de plats surgelés, pour déposer sur le draps où s'étend Louis, un plateau comprenant un verre de jus d'orange et trois tartines de Nutella.

- J'ai entendu tes dents trembler pendant le film... Tu aurais du me rejoindre Éli.

Louis sourit tout en s'appuyant sur ses mains pour piocher dans le présentoir une tranche de pain que j'avais rapidement tartinée.

- Tu sais Louis, je peux suivre des films de fantômes sans pleurer ni crier. Je suis un bonhomme ! déclarais-je très  sérieusement en frappant mon poing contre ma poitrine.

Louis explose de rire puis je réalise qu'il n'est toujours pas habillé.

- Tu peux t'habiller Lou s'il te plait ? demandais-je en faisant allusion à son torse dénudé.

Il se penche au dessus du sol et tend le bras pour attraper son T-shirt noir qui reposait, en boule, sur le tapis motif aztèque en laine crépue, et passe sa tête dans l'ouverture ce qui hérisse encore plus sa chevelure brune.

- Ça veut dire qu'on peut regarder la fin ce matin ?

J'appreandais cette proposition. La présence de Louis durant le film est certainement très rassurante mais les images diffusées par ce film sont tout bonnement atroces...

- Bien sûre !

...mais je ne peux me défier.

Nous nous allongeons tous les deux sur nos lits respectifs avant que Louis presse play : il avait soigneusement arrêté la cassette peu après que je me sois endormie la vieille.

L'histoire reprend à un endroit très délicat : une petite fille frappe sa tête contre une armoire en pleine nuit, elle est possédée et la musique de fond nous apprend qu'un esprit malveillant ne va pas tarder à apparaître.

Je ferme discrètement les yeux pour que Louis ne le remarque pas, mais ça s'avère être un échec. Je l'entends s'extirper de son lit pour me rejoindre. Je suis incapable de réagir, pétrifiée par la scène choquante qui défile sur l'écran.

Je jette un coup d'oeil à Louis qui se glisse sur mon lit pour se blottir contre mon corps qui tremblait.

Les moments surprenants s'enchaînent : Louis en profite pour plonger son avant bras sous ma nuque. 

Le film arrive bientôt à la fin et les moments scandaleux ont diminués : je sais que c'est un concept imaginé par le scénariste pour nous tenir en haleine et au moment où l'on s'en attend le moins, BAM, fin funeste voire sanglante.

Et j'ai le pressentiment que cet instant ne va pas tarder...

Instinctivement, je me tourne pour fourrer ma tête dans le cou de Louis, entre son épaule et sa joue pendant que mes petites mains froides aggripent l'ourlet de son haut noir, l'enroulant entre mon pouce et mon index.

The Rogue.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant