(mute arrive dans la prochaine partie)
Mardi 17 septembre 2013
Trois putains de jours que je ne lui ai pas parlé.
Le premier jour, je me suis rendue à la faculté comme chaque matin, accomplissant ainsi ma plus fidèle routine. Je me suis frayée un chemin étroit entre les étudiants furieux de commencer une nouvelle journée puis je me suis rendue à ma salle pour suivre, passive, le cours de médecine générique. Le professeur était entré, et avait vidé son sac sur le bureau avant de placer ses lunettes pinces-nez en équilibre sur le haut de son crâne. Nous discutions quelques minutes des actualités médicales, débattant sur la moindre découverte thérapeutique. C'était mon cours préféré jusqu'à aujourd'hui. Les secondes qui s'écoulaient hargneusement ressemblaient à des heures interminables.
Il manquait fondamentalement quelque chose pour rendre cette heure et demie palpitante. Quelque chose comme sa présence.
Je pivote ma tête sur ma gauche pour vérifier, une énième fois, s'il n'est toujours pas arrivé. Mais à mon plus grand désespoir, sa chaise reste vide.
Avec ce voisin, les cours étaient tous plus attrayants les uns que les autres. Je me souviens lui ordonner de se taire les premières heures par peur de ne pas accomplir cette année périlleuse de médecine, mais il ne s'arrêtait jamais. Et je sais qu'au fond, je voulais qu'il continue de me distraire. Il critiquait toujours les professeurs et j'avais une peur bleue que Mme. Servigny nous attrape en train de critiquer sa nouvelle coiffure que nous venions de qualifier d'acrobatique. J'avoue apprécier ses nombreux coups de coude pour que je lui donne l'heure et ça finissait toujours en discussion houleuse sur la raison -inutile selon lui- d'avancer toujours l'heure de ma montre de quelques minutes. J'aimais quand il s'approchait de moi, sa lèvre inférieur frôlant mon oreille, pour me conter une autre de ses fâcheuses blagues. Elles étaient toutes pitoyables mais il rigolait tellement fort que ça en devenait contagieux.
Je me souviens quand il m'en avait fait une pendant le cours d'anatomie. Je l'avais vu du coin de l'oeil se décaler sur sa chaise pour que nos tempes se retrouvent l'une contre l'autre. Il gloussait et il donnait l'impression de rassembler tout le courage possible pour pouvoir me parler. Enfin les mots sortirent de ses lèvres et je crois qu'il l'a immédiatement regretté.
- Il était une fois un pingouin qui respirait par les fesses. Un jour il s'est assis et il est mort.
Il y eu un court moment de silence. Sa blague n'avait absolument aucun rapport avec ce dont parlait le professeur alors entendre ceci était totalement inopiné. Je crois qu'il attendait que je réagisse alors que je réfléchissait à la chute de la blague. Il scrutait chacun de mes traits alors que la déduction émergeait dans mon esprit : il n'y a pas de chute. Il n'y en aura jamais.
J'essayais de retenir un sourire en emprisonnant ma lèvre inférieur entre mes incisives, en vain. C'était perdu d'avance. Je laissa un rire nasal s'échapper, suivi du rire aigu de Louis. On avait littéralement l'air de deux idiots aux premiers rangs, avec nos épaules qui s'abaissaient simultanément au rythme de nos rires. Au bout de quelques minutes, mon hilarité s'estompa tandis que mon binôme continuait de plus belle.
Je me souviens m'être tournée vers lui et l'avoir regardé. Il avait placé sa main devant sa bouche dans le but ultime d'étouffer ses rires alors qu'il jetait sa tête en arrière, les approfondissant. Ses jambes remuaient dans le vide sous l'excitation. Louis en train de rire à ses propres blagues est définitivement la chose la plus mignonne que je n'ai jamais vu.
Le cours s'était fini malgré notre discrétion respective par un avertissement. Sérieusement Journal, quel professeur met un rapport à des étudiants en médecine ?
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The Rogue.
FanfictionThis story does not have a description. Non, en effet, cette histoire ne peut avoir de description : elle est à la fois curieuse, étrange, louche et surprenante mais aussi harmonieuse, envoûtante, sensuelle et attirante. Elle est tout cela, chaque a...