T R O I S I È M E

3.6K 179 9
                                    

Mardi 3 septembre 2013

Je me réveil difficilement en essayant de me remettre de la journée épuisante de la vieille. Après les remontrances d'Alice à mon arrivée dans la chambre après les cours, nous étions parties, et cela tout le restant de la journée, déambuler dans les rues britanniques, à la recherche de solderies en tous genres pour préparer notre garde robe de l'hiver qui arrive à grand pas. Nous étions arrivées vers 21h à la résidence et c'est après avoir avalé notre pizza margueritha que nous avions rejoint nos sommiers respectifs.

Le claquement des portes de placards est pour moi le signal qu'il faut que je retrouve Alice pour l'aider à préparer le petit déjeuner.

- Bien dormi Éli ? me demanda Alice, m'enlacant tendrement.

- Bien et toi ? répondis-je en me défaisant de son étreinte pour lui plaquer un baiser sur la joue.

Elle gémit en étirant ses bas au dessus de la tête.

- Je constate que oui !

Elle me sourit timidement avant de me tendre une assiette où se trouvaient des pancakes étalés de sorte à former une fleur sur le plat. La fumée s'échappait de la pâte dorée des petites crêpes me forçant ainsi à me précipiter pour dévorer la moitié de ce qui m'était proposé.

- Élisabeth ?

Alice n'utilise pas mon surnom à chaque fois qu'elle souhaite me demander une faveur.

Je grogne, la gorge pleine de sa préparation que j'avais soigneusement couverte de Nutella tandis que ce-dernier s'était involontairement étalé sur mes lèvres.

- Il y a les figurants qui vont arriver d'ici une petite heure, et je me demandais si tu pouvais être ma secrétaire ?

Avant même que je puisse ouvrir la bouche pour refuser, Alice me coupe :

- Par pitié ! Deux personnes ! Deux ! Tu n'as rien à faire de ta vie, je te demande juste ça. Je vais avoir l'air de quoi sans assistante ? Tu crois que Tarantino gérait l'administration ? Je me suis levé aux aurores pour te préparer ton petit-déjeuner favori, s'il te plait !

Alice me supplie de ses grandes orbes grises avant d'articuler sans un bruit, s'il te plait.

- Que veux-tu que je fasse en tant que secrétaire ? rigolais-je nerveusement.

Pour Alice qui a ce talent de toujours tout exagérer, être sa secrétaire n'était pas que lui servir son thé et ouvrir la porte aux invités. Non. Pour elle, il fallait à coups sûres, que je m'occupe de toute la paperasse qu'elle aura imaginé pour avoir l'air plus professionnelle, des acteurs et peut-être même devrais-je leur faire passer le casting.

- Juste leur faire remplir quelques papiers, et leur poser quelques questions pour voir leur niveau à l'oral. C'est tout, se justifia ma colocataire. Je prends le relai juste après.

- Sûre ?

- Certaine.

- Alors j'accepte ! Mais 2h par plus.

Alice sauta dans mes bras, ravie de l'accord qu'on venait tout juste de passer.

***

Après la demande de mon amie, je m'etais douchée, habillée, maquillée, et j'avais rangé mon coin de la chambre pour recevoir les futurs acteurs dans un espace digne du talent de la réalisatrice.

Un coup se fait entendre contre la porte en bois peint, la faisait vibrer par la suite.

Ça y est, la réception commence.

En m'avancant en direction de l'entrée pour ouvrir au postulant, je commence à douter : je vais pas paraître trop ridicule à jouer à la secrétaire à mon âge ? Je tire légèrement sur mon chemisier en jean pour paraître un peu plus présentable.

- Bonjour !

- Élisabeth ? C'est toi qui fait passer les auditions ?

Céleste. J'aurai du m'en douter : cette fille était passionnée par le cinéma. Quand elle montait les escaliers de l'amphithéâtre, elle se déhanchait toujours comme si elle venait recevoir sa palme d'or. Elle avait obtenus quelques rôles mineurs dans des films français et personne ne comprenait ce qu'elle faisait en troisième année de Médecine puisque sa vrai passion est le cinéma.

- Et oui c'est moi ! Je souris, victorieuse de ce faux job que j'avais décroché.

- Et bien ! Pour une bonne nouvelle ! Ça me rassure ! Même si j'ai réussi à m'habituer à la célébrité.

Je roule des yeux en penchant ma tête en arrière. La célébrité était définitivement une chose qu'elle ne connaissait pas.

- Bon, par où commençons Mme. Fitzerald ? commenta Céleste, impatiente d'étaler ses capacités d'actrice.

- Et bien... Tu vas me remplir ça... dis-je en cherchant quelques formulaires et ça. Et aussi celui-ci, poursuivis-je en léchant mon doigt pour mieux séparer les feuilles que je doit lui distribuer. Et après je te laisse entre les mains d'Alice !

Elle laissa échapper un petit rire d'entre ses lippes tout en étudiant les papiers.

Après s'être appliquée à remplir les trois fiches administratives, et m'avoir annoncé qu'elle envisageait quitter médecine pour s'abandonner à sa carrière "certaine" d'après elle, d'actrice moderne, Céleste me fut retirée pour passer l'entretient avec Alice qui venait de faire son entrée dans l'étroite cellule.

- On va discuter un peu dans le parc.J'emporte la caméra pour voir un peu comment tu te débrouilles devant l'objectif, proposa Alice, contente du bon déroulement des auditions.

Je fait un signe de la main à Alice en lui souhaitant bon courage, alors qu'elle m'ordonne de me débrouiller aussi bien avec le candidat suivant.

Boum.

Quelqu'un vient de toquer à la porte. J'ignore pourquoi, mais je suis plus anxieuse pour la première fois ; serait-ce car c'est un garçon ? D'un coup de tête je chasse cette idée de mon esprit pour me concentrer sur ce que mon physique reflétait devant le miroir en bambou.

Je peux voir à travers la vitre, certes cachée d'un rideau, l'ombre du prochain candidat. Je souffle avant de brusquement ouvrir le sas.

Il se tenait là, à quelques centimètres de moi seulement. Son eau de Cologne embaumait mes narines de cette divine odeur purement masculine. Je le sentais me contempler de haut en bas, et de bas en haut. Je sentais aussi son souffle chaud contre mon front ; il me dépassait de quelques centimètres. Son pantalon slim était retroussé de sorte à laisser apparaître ses chevilles nues et ses vans noires. Avec son t-shirt noir, il abordait un style un peu grave qui n'était cependant pas atroce, au contraire. Ça permettait à ses yeux bleu électriques de se détacher de cet ensemble sombre.

- Bonjour Élisabeth.

The Rogue.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant