Q U A T R E

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Louis m'interpelle mais je ne réponds pas. Je suis obstinée par ses biceps divinement bien dessinés à travers son haut en coton.

- Tu as perdu ta langue ? continua Louis.

Non. Elle est dans ta bouche. Cette phrase est la seule reponse qui me vient à l'esprit en ce moment et je me mord la lèvre pour pas qu'elle puisse se frayer un chemin entre mes dents.

Louis me pousse sur le côté en saisissant mes hanches et s'installe sur mon lit. Je prends un certain temps avant de réagir, j'arrête de fixer mon point imaginaire et claque la porte ce qui fit Louis faire un petit bond sur le lit.

- Élisabeth ? demanda Louis, une nouvelle fois.

- Louis ?

Ma réponse le surprend. Je n'avais pas parlé depuis que j'avais croisé son regard.

- Je viens pour auditionner. Je, enfin, c'est toi qui t'occupes de moi ?

Sa voix rauque était presque suppliante quand il me posa cette question.

- Je vais juste te faire remplir quelques trucs le temps qu'Alice revienne.

- Je voulais te dire que...

Je redresse ma tête vers lui, prête à l'écouter. Mon coeur bat très fort, trop fort. Il reste assis sur le bord de mon lit tandis que moi, je reste proche de la planche en plastique fixée au mur, qui nous fait office de table de travail.

- Tu devrais te lâcher les cheveux plus souvent. Ça te va tellement bien.

Je rougis. Aucun garçon ne m'a jamais fait un seul compliment sur ma façon de m'habiller ou de me coiffer, personne n'a jamais fait attention à ce que je porte, ignorant que chaque matin je m'acharne à coordonner les couleurs.

Un large sourire forcé se plaque sur mon visage : je suis tellement gênée...

- Je suis désolée de te déranger. Donne moi les papiers.

Au lieu de lui tendre ce qu'il cherchait je m'avance près de lui pour m'assoir sur le drap, à ses côtés :

- Merci. On ne m'a jamais dit ça avant.

Il relève sa tête pour me transpercer à l'aide de son regard qui semblait refléter le ciel dégagé des jours d'été. Il se penche près de ma tempe et murmure :

- C'est parce que c'était tous des cons.

Je me lève soudainement, intimidée par son élocution, pour prendre les formulaires sur la table de chevet avant de les positionner sur ses cuisses :

- Tu dois me remplir ça s'il te plait.

- Je remplirais tout ce que tu voudras princesse.

J'aurai pu penser que c'était une simple réponse à mon affirmation mais son clin d'oeil aguicheur m'informe du contraire.

La proposition de Louis me déçoit : je pensais que c'était quelqu'un de raffiné, de charmant mais pas trop entrepreneur. Je le croyais délicat mais là, il est tout bonnement grossier.

Louis soupire avant de me rendre le questionnaire qu'il avait meublé en très peu de temps.

Il vient me rejoindre au bureau pour cacher mon livre d'anatomie avec ses feuilles.

Au moment où il les pose sur la table, je sens ses cheveux encore un peu humides, sans doute suite à la douche qu'il avait pris un peu plus tôt, effleurer mon lobe d'oreille, suivis de son nez contre mes cheveux que je venais de tresser pour débarrasser les mèches qui troublaient ma vision pendant mon étude.

- Pourquoi les as-tu attachés puisque je t'ai dit que je les préférais éparpillés sur tes épaules ?

Je courbe un sourcil mais sa main sur l'extrémité de mes cheveux m'alerte de son intention.

Lentement, il défait l'élastique qui maintenait mes cheveux bruns en arrière.

Furtivement, il étale mes boucles sur mes omoplates.

- Oh mon Dieu ! Je suis navrée ! couina Alice qui venait de débarquer dans la chambre à toute allure.

Effectivement elle pouvait être désolée. Alice vient de nous surprendre dans une position quelques peu litigieuse : Louis avait ses mains posées sur mes côtés, sa poitrine contre mon dos, et sa bouche plantureusement proche de la base de mon cou.

Louis se racle la gorge puis se relève,sans doute affreusement gêné.

Il n'avait pas eu le temps de me faire quoi que ce soit, mais il avait réussi a me procurer des papillons dans l'estomac.

La façon dont il avait delacé ma crinière pour que je sois plus belle pour lui, la façon dont il avait glissé mon élastique sur son poignet et la façon dont il avait passé ses longs doigts à travers ma chevelure pour la démêler le rendait idéalement séduisant.

- Tu es prêt Louis ? On peut commencer ?

Louis peste pour se détacher de mon tabouret et regagner Alice qui venait de l'appeler.

Elle ferme sèchement la porte derrière eux : je suis sûre que cette pauvre cloison ne va pas tarder à s'effondrer à cause des mouvements brutaux qu'on lui fait subir.

J'enfouis mon visage dans mes mains moites suite à tout le stress que les actes de Louis m'avait fourni. Mes dents battaient les une contre les autres, j'ai atrocement froid. Mes poils sont dressés à la surface de mon épiderme. Les larmes ruisselent contre mes bajoues. Mes mains tremblent, entraînant mon corps tout entier.

Que m'a-il fait ?

The Rogue.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant