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Deux semaines se sont écoulées et j'ai un peu mieux digéré la nouvelle. Je ne l'accepte toujours pas mais je me fais plus à l'idée. Je me dis que ce qui doit se passer se passera, et tant pis si je n'y suis pas prête. Tant que moi, je ne suis pas blessée ou touchée.

Cette dernière semaine j'ai remarqué qu'Icham était plus gentil que la normal avec moi, bizarrement. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive, mais quand il me parle j'ai parfois envie de continuer de parler avec lui, avant d'immédiatement culpabiliser.

J'aime bien la manière dont son regard s'est adoucit et quand, quelques fois, il me sourit, ça me met presque immédiatement de bonne humeur. Ça me fait mal, quand je sais qu'il est capable de manipuler mes émotions même sans le vouloir, alors que moi je suis invisible. Présente ou absente, personne ne va se dire « heureusement qu'elle est là, quand même. » Ça me fait aussi mal de savoir que quand Icham va partir, mon rythme de vie va changer et je serai tout le temps dégoûtée.

Je sais pas ce qu'il m'arrive, en fait. C'est comme si je voulais pas qu'il parte, malgré moi et malgré ce qu'il représente. Il n'est pas mon ami, mais voilà... d'une manière, je m'attache à lui. Je sais très bien que je suis pas indépendante et que j'ai besoin de lui, que ce soit pour la compagnie humaine ou pour continuer de vivre de manière décente ici. Il devient de plus important pour moi et c'est ce qui me fait le plus peur.

Sinon, Hayette me fait tous les jours ses cours du soir sur l'Islam. Je progresse aussi dans mon apprentissage des sourates, j'ai presque fini deux hizb. Celle-ci était subjuguée quand elle a apprit que je connaissais déjà des sourates.

Ah, oui. Mon cycle menstruel s'est ENFIN terminé hamdullAh, j'ai cru que ça n'allait jamais en finir. En ce moment même je reviens de la salât joumou'aa. Le "chikh imposteur" comme j'aime l'appeler, a fait un bref prêche sur le comportement envers l'épouse et l'époux et Hayette a tenu à tout me traduire.

Elle me fait beaucoup confiance maintenant, contrairement à moi. Elle croit vraiment que j'ai oublié ma rancœur envers elle, ce qui d'une part est vrai. Je joue toujours le jeu de l'intéressée sans en faire trop car elle commence à me connaître et à comprendre quand je suis hypocrite.

Je suis rentrée de la mosquée avec Icham. Je suis tout de suite partie préparer à manger après ça. Il était en train de boire du café quand il me s'arrête net tout à coup et me dévisage sérieusement.

- Quoi ? Je demande en fronçant les sourcils.

- J'aurai un truc à te dire, en fait, il dit les yeux presque pétillants.

- Je t'écoute...

- Je pars après-demain.

- ...Où ça ?

- Fais pas genre t'as pas comprit. Je partirai faire mon attentat. J'vais sûrement mourir là-bas, d'ailleurs, juste histoire que tu sachez. Je vais... aller au Paradis, in sha Allaah.

Quand il a dit cette dernière phrase, sa voix s'est faite plus basse mais davantage ferme. Comme s'il tentait de s'en persuader.

Je me fige. Mon sang se glace instantanément à l'écoute du mot « attentat ».

-... Q... Quoi ? Il me demande en voyant ma tête décomposée. Ça va pas ?

Cœur De Bombe 💣 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant