Cœur De Bombe 💣

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Salam Aleykoum,

Je me souviens qu'à cette fin de matinée là, il commençait pleuvoir. Des fines gouttelettes tombaient du ciel, et c'était rare qu'il pleuve ici. Peut-être la dernière pluie à laquelle j'assisterai de mon vivant...

Nous marchions toujours avec Hayette, sauf que cette fois celle-ci avait préféré emprunter un chemin très risqué à cause des sables mouvants et des collines qu'il fallait gravir. Le sable était brûlant et le ciel impressionnant : nous nous trouvions en plein désert, et le ciel  était majestueux et affreusement repoussant en même temps. Avec un orage sans nul part où nous réfugier dans ce coin perdu, on aurait dit qu'on vivait une véritable apocalypse.

Je ne sentais plus mes pieds et je parvenais même pas à reprendre mon souffle pendant les quelques secondes de répit que m'avait accordé Hayette. Celle-ci avait retrouvé son énergie et on aurait dit qu'elle pouvait courir comme ça pendant encore plusieurs heures, incroyable...

- Hayette... c'est bon, je lâche dans un souffle. On est loin, et... on est loin !

J'avais en effet perdue ma rage de vivre d'il y a quelques minutes. J'ai oublié ce qui s'est passé.

- C'est comme tu veux, mais moi je préfère marcher encore un peu. On a à peine parcourut quelques kilomètres, et eux ont des avions. Et puis c'est là d'où ils sont venus, alors ils rentreront sûrement par ce che...

- Oui d'ailleurs pourquoi on a pas prit la même direction que les autres ?!

- Qui les autres ? Elle demande en levant un sourcil. Les kouffars (=mécréants) qui nous ont attaqués ?

- Non... l.. les frères et sœurs, je veux dire.

- Oh. Ben c'est plus sûr, mon époux (le chef je rappelle) à conçut un abri sûr pour nous cacher si des avions... tu vois, ce qui se passe maintenant quoi.

J'acquiesce avec une mine triste et Hayette compatit avec moi à travers son regard désolé. Le silence fait place et je sens mon cœur reprendre son rythme normal. J'hésite.

- Et... j'peux savoir pourquoi les frères et sœurs n'étaient pas au courant ?

Parfois vaut mieux un silence avec pleins de questions sans réponses que de tout simplement poser ta question à la mauvaise personne. On me le dira une fois, pas deux.

Hayette pose son regard douteux sur moi, qui se transforme aussitôt en regard haineux et remplit de mépris à mon égard. Elle déglutit et dévisage mon expression pour deviner si je suis sérieuse ou pas. Je fronce légèrement les sourcils, étonnée par sa réaction.

- Quoi ?! J'ai dis quelque chose qu'il fal...

- Tais-toi. Les gens d'ici ne pose pas de questions, et toi tu es là, tu cherches à tout comprendre. Ça fait tâche dans le décor, et si quelqu'un s'en aperçoit il te percevra comme une menace ! Je suis là pour tout t'apprendre, et avant tout je suis ta sœur par les liens du sang et en Allah, alors je me dois de t'enseigner la règle principale ici : écoute, regarde puis fait. On ne te demande pas de comprendre ni d'assimiler les choses, alors contente-toi juste de ne pas faire la curieuse et regarde tes pieds. Surtout quand tu es une femme.