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Aéroport Roissy-CDG,
France.

Je viens d'arriver. On descend de l'avion et je regarde le décor de l'aéroport. Je le connaissais si bien, avant !
Je passe récupérer mon maigre bagage, la hchouma (=honte) si quelqu'un me remarque avec ça dans les mains. Y'a rien dedans, hormis une bouteille d'eau et une robe.

Je sors de l'aéroport et me dirige vers l'allée des taxis. Je donne l'adresse puis on démarre.

Quelques minutes plus tard j'arrive chez moi, mon domicile étant très proche de l'aéroport en question. Je paye le conducteur avec le seul billet en euro que m'avait donné Sabry...
Pourtant cet homme m'avait observé étrangement durant tout le trajet, et c'était plus que gênant. Tout travail ne mérite pas salaire, et lui en l'occurence je ne lui devais rien.

Je m'approche de ma maison. Quelle belle demeure ! Oh mon Dieu, ça fait TROP bizarre de la revoir ! Moi qui ai cru que la notion de familier ne me reviendrai jamais...

Je suis hésitante à l'idée de retrouver ma famille, mon chez moi. Ce sont des souvenirs si lointains que j'ai longtemps refoulé dans un coin perdu de ma tête pour ne plus y penser... car connaître les détails de ma vie d'avant me faisait énormément souffrir. C'est d'ailleurs ce qui m'a fait le plus pleurer. Mais c'est grâce à eux que j'ai tenu bon.

Est-ce que revoir mes parents me fera à nouveau pleurer ? Est-ce que je vais souffrir, encore ?

Non, ne dis pas n'importe quoi Anissa. Tu as là tout ce que tu voulais, grâce à Dieu.

Al hamdullillAh. Je respire un bon coup et pose ma main sur la poignet pour ouvrir. Sauf que la porte est fermé. À l'époque on laissait toujours la porte d'entrée ouverte durant la journée... mais ça faisait une éternité et les temps ont changé. À quoi je pensais ?

Je frappe à la porte et j'attends patiemment. À un moment je songe à faire demi-tour, j'ai si peur de ce que je vais trouver en entrant là-dedans. Ou plutôt... je crains la réaction des membres de ma famille en me découvrant. En découvrant que je ne suis pas morte. J'appréhende de les voir déçus, ou quelque chose comme ça... je sais, c'est complètement bête de penser ça, surtout dans de pareilles circonstances. Mais que voulez-vous ? Anissa qui ne craint rien ce n'est pas Anissa.

Pas de réponse. Je toque une seconde fois, pas un bruit. Je sonne mais rien à faire : il n'y a personne dans la maison. Dans ma maison.

Je m'assois confortablement sur les marches du paliers. Ils rentreront sûrement bientôt, c'est l'heure de manger.

D'un côté, leur absence me met en confiance. Le moment de notre rencontre est reculé et ça me laisse plus de temps pour imaginer.

Je fixais le sol, perdue dans mes pensées. 💭

Quand je vois une ombre passer devant moi. Je lève la tête et trouve une petite femme voilée devant moi, qui marche avec son cadis dans la main. Mais... je la connais ! C'est ma tata, la copine de yemma (=maman) !!

- Oh ! TATA DJAMILA !

Elle se retourne vers moi et me dévisage un moment. Je devine qu'elle comprend pas, je cours vers elle et la prend dans mes bras quand j'arrive à sa hauteur.

Cœur De Bombe 💣 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant