Chapitre 10 - If I warned you that the fire's gonna burn, would you walk in ?

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Mercredi 30 novembre

-A demain Candice, ne pars pas trop tard ce soir tu as une mine bien fatiguée... me sermonne Marina en quittant mon bureau.

-Ne t'en fais pas, je termine juste un petit truc et je rentre.

Ma collègue tourne les talons et se dirige vers l'ascenseur. Il est plus de 18h15, l'équipe commerciale a plié bagage depuis une bonne dizaine de minutes et je pense être la seule employée encore à son bureau à cette heure-ci. Je termine ce que je suis en train de faire et clôt mes dossiers tout en m'étirant et en baillant. Je suis vraiment fatiguée ces jours-ci, je crois que je ne me suis toujours pas remise de ma folle soirée de samedi. Je suis rentrée au petit matin, raccompagnée par Gabriel qui s'est comporté en parfait gentleman. Après m'avoir conduit jusqu'à chez moi alors que je dormais sur le siège passager, il m'a réveillée d'une douce caresse sur la joue et m'a simplement enlacée pour me souhaiter bonne nuit. Il n'a pas cherché à entrer dans mon appartement, il n'a pas profité de mon ivresse pour entrer dans mon lit, il a seulement fait preuve de douceur pour entrer dans mon cœur.

Je ne m'attendais vraiment pas à rencontrer mon mystérieux Grand ours brun samedi soir dans ce club mais l'initiative qu'a pris Gabriel en se rendant au Chill Time afin de m'y retrouver a permis de faire avancer les choses entre nous. J'ai passé un bon moment à danser à ses côtés, je me suis sentie à l'aise avec lui et j'ai réellement apprécié le fait qu'il ne tente rien de trop rapide. Nous nous sommes téléphonés dimanche et je me suis rendue compte qu'il avait été déstabilisé par mon comportement. Je peux aisément le comprendre, j'étais tellement saoule que j'ai agi en n'écoutant que mon cerveau embrumé par trop de cocktails et sans penser à ce qu'il pourrait ressentir. Je me suis excusée et nous avons longuement discuté. Il a rapidement retrouvé son instinct taquin et malicieux et j'ai dû rougir au moins dix fois derrière mon téléphone ! Depuis, nous échangeons tous les jours, que ce soit par message ou en s'appelant.

Si je suis totalement honnête envers moi-même, je passe toujours d'excellents moments avec Gabriel mais je ne ressens pas encore cette étincelle qui me ferait tant vibrer. Cassiopée m'a assuré que c'est une bonne chose car cela signifie que nous allons d'abord apprendre à nous connaître sincèrement pour pouvoir ensuite peut-être construire une belle histoire sur des bases saines. Moi... je suis sceptique. J'ai la désagréable impression que lui est déjà plus investi dans notre...petit flirt. Il m'a clairement dit que je l'intéresse beaucoup et qu'il a vraiment envie de passer du temps avec moi. De mon côté, je suis un peu perdue et je n'arrive pas à savoir clairement ce que je ressens. Il me fait rire, sa gentillesse et sa douceur me mettent en confiance et je pense régulièrement à lui. C'est déjà un bon début non ?

Je sors de mes pensées et me décide enfin à rentrer chez moi. Je rêve d'une bonne douche relaxante et d'enfiler ensuite mon sweat favori. Avant de partir, je vais aux toilettes et sur le chemin du retour, je remarque qu'un bureau au fond du couloir est toujours éclairé. Moi qui pensais être seule, je faisais apparemment erreur. Prise d'un élan de curiosité, je me dirige à pas de loup au fond du couloir et je comprends rapidement que le bureau en question n'est autre que celui de Mr Archer. Je me stoppe au milieu du corridor, ne sachant que faire. Mon cerveau brandit une pancarte me rappelant mes trois bonnes résolutions, entourée de gyrophares clignotants en rouge. Ma raison me dicte de faire demi-tour et de rentrer sagement chez moi. Mon cœur, lui, tambourine tellement fort qu'il assourdit mes pensées raisonnables. Tandis que le capharnaüm qui m'habite ne m'a toujours pas apporté de pensées cohérentes, mes jambes prennent l'initiative de poursuivre leur chemin.

C'est ainsi que je me retrouve dans la pénombre du couloir, à hauteur du bureau de mon patron, légèrement décalée sur la droite. La porte est entrouverte et le son qui résonne entre ces quatre murs me provoque immédiatement des frissons dans tout le corps. Mr Archer est probablement au téléphone et il s'adresse à son interlocuteur dans la langue de Shakespeare. Je ne le vois pas, j'entends seulement le son exquis qui sort de sa bouche. Son accent et la fluidité de ses paroles ne laisse aucun doute au fait que l'anglais est sa langue maternelle. Telle une incorrigible commère, je tends l'oreille et j'écoute cette douce mélodie.

Malgré nous (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant