Jeudi 15 décembre
Mon corps fébrile sursaute lorsque j'entends trois coups résonner contre la porte de ma chambre d'hôtel. Je tourne et retourne dans ces vingt mètres carrés depuis plus de deux heures maintenant, attendant anxieusement qu'Ethan vienne me chercher. Une partie de moi sait que je ne devrais pas passer du temps seule avec lui et que je suis en train de m'embourber dans une situation dangereuse mais mon cœur bat tellement fort en sa présence qu'il assourdit ma voix de la raison.
Quand Ethan m'a quittée un peu plus tôt aujourd'hui, j'en ai profité pour analyser calmement la situation. Ce qui s'est passé lundi est bien évidement un pur moment d'égarement qui ne doit plus se reproduire. Je ne nie plus qu'une irrésistible attraction semble nous assujettir mais j'ai pris conscience d'une chose: celle-ci ne peut mener qu'à de monstrueux ennuis. Mon patron est typiquement un coureur de jupons qui aime jouer de son charme et même s'il m'a envoûtée, je refuse de tomber dans ses filets. Je veux une relation stable ou rien du tout.
J'avais 18 ans lorsque j'ai connu mon premier chagrin d'amour. Mon premier amour m'a quittée à la fin de l'été après m'avoir trompée pendant deux mois et il m'a laissée seule avec un cœur en miette. Alors que je pleurais en silence dans ma chambre d'enfant pour ne pas m'attirer les foudres de ma mère qui m'aurait sermonnée sur la faiblesse dont je faisais preuve, je me suis promis que la Candice adulte trouverait un homme gentil, attentionné et tendre pour partager sa vie. En aucun cas, je n'ai souhaité construire une histoire vouée à l'échec, basée sur un désir ardent et une domination masculine.
Ces souvenirs amers m'ont remis les idées en place, ils m'ont permis de me rappeler que mon supérieur hiérarchique ne peut rien m'apporter d'autre qu'un plaisir charnel et beaucoup d'embarras au bureau. Cette perspective ne fait donc pas partie de mes projets.
S'il y a bien une chose dont je suis sûre, c'est que la Candice adolescente serait déjà raide dingue de Gabriel. Sur le papier, il a tout pour me plaire. Il est plutôt mignon et son esprit vif et malicieux ne laisse aucune place à l'ennui. Pour couronner le tout, cet homme est profondément gentil, doux et prévenant. Il cherche en permanence à prendre soin de moi, à m'apprivoiser et je passe toujours des moments plaisants à ses côtés. Pour l'instant, je ne lui ai jamais vraiment laissé l'opportunité de m'approcher réellement. Si je brise ma carapace, je suis persuadée qu'il saura me traiter avec précaution et sollicitude.
J'ai donc appelé Gabriel pendant que je faisais les cents pas dans cette chambre, je crois que j'ai ressenti le besoin de m'ancrer dans ma réalité parisienne. Quand il a décroché, j'ai tout de suite remarqué qu'il était essoufflé et qu'un bruyant brouhaha l'entourait.
-Bonsoir Gabriel, je te dérange ?
-Je suis ravi d'entendre ta voix, ma jolie Candice. Par contre, je suis encore sur un chantier alors je ne vais pas pouvoir te parler très longtemps.
-Oh, excuse-moi, je ne voulais pas t'embêter. Ce n'est pas grave, on se rappellera plus tard.
-Tu ne m'embêtes pas du tout, au contraire ! Tu voulais me dire quelque chose de spécial ?
Cette question m'a laissée un instant sans voix. Je ne sais pas vraiment pourquoi je l'ai appelé. Je pense que j'ai voulu qu'il occupe mes pensées et que c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour y parvenir. Mais je ne pouvais décemment pas lui répondre cela !
-Euuuh... non, je voulais juste savoir comment tu vas...
J'ai entendu Gabriel arrêter ce qu'il était en train de faire et s'éloigner légèrement. Quand, il a repris la parole, son timbre taquin était de la partie.
-Dis plutôt que je te manque tellement que tu ne peux pas te passer de moi une journée !
J'ai failli m'étouffer avec ma salive en entendant sa réponse. Si seulement !
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Malgré nous (Terminé)
RomanceCandice, jeune femme réservée et plutôt classique en apparence, mène une vie simple et monotone. Lorsqu'elle trouve un nouveau travail, elle rencontre simultanément deux hommes qui vont chacun à leur manière bouleverser son quotidien. Entre l'excit...