Chapitre 24 - I'm the one at the sail, I'm the master of my sea

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Mercredi 25 janvier

Mon téléphone vibre pour la sixième fois depuis ce matin et tout mon corps se raidit instantanément. J'ai beau avoir la tête baissée dans mes dossiers depuis que je suis arrivée, je fais seulement illusion. A part gribouiller sur mon petit carnet de notes, je n'ai absolument rien écrit. Mon esprit est bien trop embrouillé et mon ventre bien trop noué pour ne serait-ce qu'être concentrée cinq minutes sur mon travail. Je décide donc d'ignorer mon smartphone mais les minutes passent comme des heures et mon cerveau reste irrémédiablement obsédé par les messages que je n'ai pas encore lus.

Je pose brutalement mon stylo tout en soufflant et me prends la tête entre les mains, n'arrivant décidément pas à faire abstraction de l'extrême nervosité qui m'habite. Il est presque midi et cela fait déjà presque trois heures qu'un flot ininterrompu de pensées toutes plus angoissantes les unes que les autres m'assaille. Mais je me suis promis que je ne la laisserai plus jamais me détruire, je refuse que de simples messages me gâchent ma journée. Je me redresse brusquement, la mine fermée, bien résolue à faire face à mes problèmes. Pour une fois, je ne vais pas les ignorer ni les minimiser. Je vais les affronter.

Ma semaine à la montagne avec Gabriel m'a permis de comprendre une chose essentielle : je peux continuer à me laisser détruire à petit feu ou alors je peux me montrer plus forte que je ne l'ai jamais été et agir enfin en m'assumant. J'ai choisi cette deuxième option comme mantra et je refuse de me trahir. Forte de mes bonnes résolutions, je prends mon téléphone en main et le déverrouille.

Mon cœur suffoque dans ma poitrine et se prépare au pire. Allez Candice, sois courageuse ! Je souffle bruyamment et clique sur l'icône « Messages ». Sous mes yeux, les six messages non lus de ma mère me narguent sournoisement.

Maman: Samedi, les Bergmann viennent manger à la maison et leur fils sera présent. Nous t'attendrons donc pour 19h.

Maman: Fais un effort vestimentaire pour une fois, j'aimerais que tu lui fasses bonne impression, c'est un excellent parti.

Maman: Après être ridiculement partie comme une voleuse le soir de Noël, tu pourrais au moins répondre à mes messages !

Maman: Tu ne changeras donc jamais, Candice ? Ma pauvre fille, tu devrais avoir honte de toi !

Maman: Ton père et moi sommes assez gentils pour accepter de te donner une nouvelle chance après ton attitude choquante à Noël et toi tu ne trouves rien d'autre à faire que de nous prouver que tu vaux encore moins que ce que nous pensions ? Tu vas définitivement finir par nous faire honte !

Maman: Candice, maintenant ça suffit ! Tu viendras samedi soir que tu le veuilles ou non et je te conseille de te comporter en parfaite future épouse pour charmer le fils Bergmann. J'essaie de convaincre ses parents que tu seras une belle-fille idéale depuis des mois alors ta présence est obligatoire. Je n'ai pas de temps à perdre avec tes gamineries.

J'encaisse chaque mot, chaque syllabe les unes après les autres. Je savais pertinemment que ma mère allait me reprocher ma désertion et je suis même surprise qu'elle ait attendu un mois pour le faire. En revanche, qu'elle veuille me caser avec le fils d'une de ses copines de la paroisse me cloue sur place ! De quel droit se permet-elle encore de vouloir gérer ma vie ? Une vague de colère monte au fur et à mesure que je relis tous ces messages, balayant ainsi l'appréhension qui s'est emparé de moi il y a quelques minutes à peine. Il est grand temps qu'elle comprenne que la Candice docile et effacée a plié bagage.

Moi : Il est hors de question que j'assiste à votre repas. Je gère ma vie comme je l'entends et je n'ai pas besoin de tes conseils. Vous vous amuserez bien mieux sans moi.

Malgré nous (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant