Malgré nous (Terminé)

Chapitre 32 - I wouldn't go there without you

Samedi 4 février

-Candice, tu me fais mal.

-Pardon !

Je lâche brusquement la main d'Ethan que j'étais inconsciemment en train de broyer. Je l'observe étirer ses doigts blanchis par ma poigne avant de passer son bras gauche derrière mes épaules pour me ramener contre lui pendant que sa main droite capture à nouveau la mienne. Je loge immédiatement ma tête dans son cou et dépose un doux baiser sur sa peau chaude. J'inspire profondément son odeur, je me nourris de lui pour exorciser ma peur mais l'angoisse que je ressens au plus profond de mon être ne me quitte pas.

-Je ne comprends pas ce qui te met dans un tel état, chuchote-t-il en ricanant.

Je hausse les épaules, il connait bien ma peur déraisonnée de l'avion.

-Tu m'avais promis que je pourrais attraper ta main à chaque fois que nous prendrons l'avion... je murmure doucement.

Ethan baisse la tête et ses beaux yeux rencontrent immédiatement les miens. Son regard me fascine depuis hier. Plus précisément, il me fascine depuis que je lui ai dit ce qui pesait sur mon cœur à propos de mes parents et qu'une marque indélébile de tristesse s'est accrochée à moi. Dans ses iris, je vois flotter autant d'adoration que d'inquiétude et ce mélange surprenant détone complétement sur Ethan. En clair, il est encore plus beau que d'habitude, comme si c'était possible ! Ses prunelles scrutent intensément mon visage et rien d'autre n'existe autour de nous. Elles cherchent à lire en moi, à comprendre ce qui me ronge pour pouvoir l'arracher à main nues et m'en débarrasser à tout jamais mais ce n'est pas possible. Cette blessure fait maintenant partie de moi. Elle me définit et m'assujettit quand bon lui semble. Au fil des années, j'ai accepté l'idée que je ne serai jamais réellement libre.

-J'aurais beau me plaindre, ma main sera toujours dans la tienne quand tu monteras dans un avion.

Ces mots sonnent comme une promesse d'éternité mais ils me font peur. Comment pourrais-je les croire quand je sais que notre bonheur est en sursis ? Que se passera-t-il le jour où notre relation explosera au grand jour ? Cette échéance alourdit le poids qui pèse déjà sur mon estomac et je fais ce que je sais faire de mieux pour oublier, je me jette sur Ethan pour qu'il devienne à nouveau mon tout. Quand nos lèvres se rejoignent enfin, je me délecte de ce poison qui nous lie et j'oublie.

L'avion se pose abruptement sur le sol londonien et je libère un cri de peur tout en agrippant le siège en face de moi. Tous les passagers se retournent vers moi alors que je peine à me calmer et à faire disparaitre cette teinte livide qui s'est placardée sur mon visage depuis de trop longues secondes maintenant. Ethan ne retient plus ses rires moqueurs qui déferlent injustement sur moi et je me renfrogne, vexée. Quand le speaker nous informe que l'appareil ouvre ses portes, j'attrape rapidement mon sac-à-dos et dépasse le goujat qui m'accompagne en le bousculant. Je l'entends rire de plus belle dans mon dos et j'accélère le pas. Qu'il m'énerve aujourd'hui ! Mes mains et mes jambes tremblent toujours mais il est hors de question que je perde la face devant lui. Il me prend pour une pauvre petite fille qui a peur de tout et je vais lui prouver qu'il a tort.

Je me dirige le plus rapidement possible vers la sortie de l'aéroport mais je distingue toujours les petites remarques d'Ethan, toujours hilare, qui fusent dans mon dos.

-Attends-moi Candice, il y a plein d'avions autour de nous et j'ai peur que tu ne t'évanouisses !

-Est-ce que tu peux refaire la même tête que lorsque l'avion a failli s'écraser à deux centimètres du sol ? Candice, attends, je veux te prendre en photo !

Je marche encore plus vite, je trottine presque dans le seul but de le semer. Quand je pénètre dans le hall de sortie, une foule immense m'accueille et je me fonds rapidement dans la masse.  J'atteins la sortie avec difficulté et au moment où je m'arrête à la station de taxi, un homme à ma droite m'interpelle dans un anglais approximatif.