Chapitre 44 - Once you feel love, you'll taste the pain

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Samedi 2 septembre

Ma tête valdingue dans tous les sens depuis deux jours. Ou peut-être est-ce simplement mes pensées qui fusent si vite qu'elle s'écrasent quelques fois contre les parois de mon crâne. A vrai dire, je ne sais plus grand-chose actuellement. Je suis sous le choc depuis qu'Ethan a fait irruption chez moi il y a un petit peu plus de quarante-huit heures et je n'ai pas franchement été capable de penser à autre chose. Ses paroles tournent en boucle dans ma tête mais ce n'est rien comparé à son visage qui est resté placardé sur mes rétines depuis qu'il a quitté mon appartement. Je me rappelle de chacun de ses traits fatigués, de la faible lueur qui éclairait encore son regard et de tous les mouvements que ses lèvres ont fait quand il m'a dit « je t'aime ».

Je crois que je ne pourrai jamais oublier le son de ces mots quand ils ont flotté autour de moi. Leur goût quand ils se sont posés sur mes lèvres. Le parfum apaisant qu'ils ont créé entre nous. Et la douceur qu'ils ont insufflée sur mes cicatrices enfouies.

Même si je n'ai rien pardonné à Ethan, je suis maintenant profondément soulagée de savoir qu'il a été sincère dans tout ce nous avons vécu. Alors j'essaie naïvement de me persuader que sa déclaration va enfin me permettre de tourner la page mais la vérité, c'est que je me berce d'illusions. Depuis qu'il est revenu, je ne pense qu'à lui, à nos souvenirs heureux et à la douleur qui enfle dans ma poitrine de le savoir  à la fois si près et si loin de moi. C'est comme si j'avais replongé et qu'il m'en fallait plus, toujours plus. Je l'aime autant que je lui en veux et je n'en peux plus de me battre avec tous ces sentiments contradictoires.

Quand j'entends ma colocataire fourrer ses affaires dans son sac de sport en chantonnant à tue-tête, je comprends qu'elle s'apprête à partir. Cette fille ne tient littéralement pas en place ! Je la rejoins et toque doucement à la porte de sa chambre.

-Tu sors ?

Les cheveux noués en un chignon totalement décoiffé, elle relève la tête en souriant tout en enchainant des gestes rapides et saccadés.

-Oui ! J'ai mon cours de danse qui commence dans trente minutes et je suis...

-A la bourre. Comme d'hab ! la coupé-je en lui lançant un clin d'œil.

Elle ricane tout en amoncelant ses vêtements dans son sac puis elle tire la fermeture éclair d'un geste énergique. Quand je l'observe croquer la vie à pleines dents, je sens un regain de motivation se diffuser dans mes veines. C'est décidé, la routine quasi monacale que je me suis imposée ces derniers jours après la visite d'Ethan est terminée !

-Je peux faire un bout de chemin avec toi ?

-Bien sûr !

Je me dépêche d'enfiler mes sandales et d'attraper mon sac à main avant de sortir retrouver l'air chaud de la capitale anglaise. Aussi surprenant que cela puisse paraître, les températures affichent encore 24 degrés en ce début septembre. Je souris distraitement en sentant les rayons du soleil réchauffer ma peau légèrement dorée et nous nous mettons en route. Depuis que les médecins m'ont autorisée à marcher, je passe mes journées dehors à savourer les plaisirs simples de l'été. Moi qui étais plus blanche qu'un fantôme il y a encore deux mois, je ne suis pas peu fière d'avoir retrouvé une couleur plus... humaine !

L'été touche à sa fin, les voitures ont à nouveau envahi les routes de la capitale et les travailleurs s'activent sur les trottoirs, la mine fermée et le téléphone greffé à l'oreille. Julie a repris ses cours de danse, son travail et ses sorties et moi, j'ai envie d'avancer. Quand je me suis relevée de mon accident, je m'étais promis de profiter intensément de la vie et il temps que je me prenne en main.

Malgré nous (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant