Chapitre 31 - Just because it burns doesn't mean you're gonna die

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Jeudi 2 février

Le corps froid et puissant de mon père prend possession de mon salon pendant que je le regarde ternir mon refuge, impuissante. Si j'étais simplement fatiguée depuis quelques jours, en une demi-seconde mon corps s'est vidé de son fluide. Abattue par les mots qui vont bientôt me désintégrer, je m'assois sur mon canapé et le laisse faire. Je suis déjà vaincue, à quoi cela servirait-il que je me batte ?

Mon père s'approche et se plante à seulement quelques centimètres de moi. Sa carrure imposante m'engloutit dans son regard déçu et je reste pendue à ses lèvres, attendant fébrilement de connaître mon sort.

-Peux-tu enfin m'expliquer où diable te trouvais-tu samedi ? Je suis venu te chercher mais ton appartement était vide et nous t'avons attendue pendant des heures.

Chaque mot qu'il prononce semble le dégoûter profondément, comme s'il s'adressait à la pire des ordures que la terre n'a jamais portée. Je fourre mes mains sous mes cuisses et je me pince pour que ma douleur fasse diversion.

-Je...

-As-tu simplement idée de l'embarras dans lequel tu nous as mis, avec ta mère ? Toute la famille Bergmann était présente pour que nous te présentions leur fils. Et toi, comme une irresponsable, tu as décidé de déserter les lieux et d'ignorer nos appels !

Mon estomac se retourne lorsque je me remémore le nombre d'appels et de messages que j'ai effacés sans même prendre la peine de les consulter. Je savais que ma désertion allait une fois de plus engendrer une catastrophe mais... à dire vrai, je crois que j'ai préféré ignorer tout cela.

-Je vous avais prévenus que je ne participerai pas à ce repas.

-Et depuis quand c'est toi qui commande Candice ? rétorque-t-il dans un rire cynique qui me glace jusqu'à l'os.

Malgré mon épuisement moral et physique, je sens une vague de colère se former dans mes veines mais je suis juste trop faible pour qu'elle ait le moindre impact sur mon géniteur.

-Alors maintenant, tu vas nous faire le plaisir de rendre visite aux Bergmann samedi pour t'excuser platement et rencontrer ce garçon qui fera enfin de toi quelqu'un de respectable.

Je me prends la tête entre les mains et je suis surprise de constater que je n'ai même plus la force de pleurer. J'ai juste envie de me faire mal pour que ma douleur physique anéantisse ce qui ronge mon esprit bien trop violemment.

-Mais... mais non... laissez-moi tranquille, s'il vous plait...

-Non mais tu veux bien arrêter ton cinéma ! Tu es ridicule ma pauvre Candice, tu es vraiment pathétique ! Mais regarde-toi... tu ne ressembles à rien, ta vie n'a aucun sens et tu as toujours pris les mauvaises décisions. Et aujourd'hui, alors que nous essayons vainement de t'accorder des chances que tu ne mérites pas, tu te contentes de me tenir tête de cette manière ! Tu gâches nos vies et tu n'en as même pas conscience. Tu nous fais constamment honte et tu ne fais rien pour y remédier !

Son corps s'approche encore un peu plus du mien et je me recroqueville contre mes genoux. Je sens sa main froide agripper durement mon bras et ses ongles s'enfoncer dans ma peau. D'un coup brusque, il me relève et je tangue. Ma tête tourne et je prie silencieusement pour que quelqu'un m'achève.

-Maintenant, tu vas arrêter tes caprices et tu vas me suivre, que tu le veuilles ou non. Tu es certes la pire chose qui nous soit arrivé mais sois-sure que nous ne te laisserons pas tranquille tant que...

-Putain de merde, mais c'est quoi ce bordel ??!

Soudain, tout se passe très vite. Je n'ai pas besoin de relever la tête pour savoir que mon sauveur s'est enfin matérialisé. Je sens les doigts de mon père quitter mon bras et je me recule instinctivement. Je ne respire pratiquement plus. Mes prunelles observent la scène apocalyptique qui se déroule devant moi mais mon cerveau a totalement disjoncté. Il est incapable de comprendre ce qui se trame et de faire quoique ce soit pour l'arrêter.

Malgré nous (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant