Chapitre 18 - I want you to be mine

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Samedi 17 décembre

Je suis assise sur un banc depuis maintenant quatre heures. Je n'ai presque pas bougé, je me suis levée une seule fois pour aller aux toilettes. Le reste du temps, je suis restée sagement assise sur cette chose métallique censée nous faire patienter confortablement. Mes fesses peuvent vous assurer que ce n'est pas le cas !

Notre vol est retardé à cause de la tempête de neige qui s'abat sur Londres depuis plus de trois jours. Les avions restent cloués au sol et moi à mon banc. Nous ne savons pas quand nous décollerons et cette situation est particulièrement inconfortable, surtout après la nuit que nous avons vécue.

Lorsque je me suis réveillée dans les bras d'Ethan ce matin, son regard était illisible. Même s'il me serrait toujours contre lui, ses iris ne se sont pas posés sur mon visage et j'ai immédiatement senti la distance qu'il avait érigée entre nous. Nos corps étaient emmêlés l'un à l'autre mais son esprit vagabondait si loin qu'il n'acceptait aucun compagnon de voyage. Rapidement, nous nous sommes levés et il a regagné sa chambre. Avant de fermer la porte, il m'a simplement demandé comment je me sentais. La sollicitude était telle dans sa voix que j'ai immédiatement compris qu'il avait besoin de savoir que ma souffrance de la veille s'était définitivement envolée. Je l'ai rassuré d'un sourire et il a enfin rejoint sa chambre en libérant un long soupir.

L'attitude d'Ethan ne m'a jamais autant mis mal à l'aise. Hier soir, il s'est montré doux, fort et protecteur. Ma douleur se reflétait dans ses sublimes pupilles marrons et jamais un homme ne m'avait apporté un si grand apaisement. Il a su m'apprivoiser, m'approcher et me faire oublier. Cependant, depuis que le jour s'est levé, il ne m'a pas adressé plus de trois phrases et il se tient le plus loin possible de moi. J'ai l'impression qu'il regrette tout ce qu'il s'est passé. Et cette simple supposition me tord les entrailles car je n'aurais jamais réussi à me relever sans lui.

Mon cerveau est en surchauffe depuis que j'ai ouvert les yeux, beaucoup trop d'interrogations se sont logées dans mon esprit et je ne sais ni quoi dire ni quoi faire. Je reste donc immobile sur mon banc, à regarder l'homme majestueux qui se tient à plusieurs dizaines de mètres de là faire les cents pas en passant nerveusement la main dans ses cheveux. Le tourment qui émane de lui est saisissant. Ses traits sont tendus à l'extrême, son visage reflète une profonde fatigue mêlée a une douloureuse inquiétude qui ne l'a jamais lâché de tout le voyage et son corps tout entier est crispé. Je ne sais absolument pas si je dois le laisser gérer ses turpitudes ou si je peux m'approcher de lui pour simplement poser ma main sur son bras.

En repensant au soulagement qu'il m'a apporté hier, l'évidence me frappe de plein fouet. Je dois essayer de lui faire autant de bien qu'il m'en a fait, je dois être là pour lui s'il m'accepte. Enhardie par cette nouvelle confiance, je me lève et m'apprête à briser la distance nous séparant lorsque mon téléphone sonne dans mon sac. En le prenant en main, je constate que ma meilleure amie souhaite me parler.

Je me rassois pour lui répondre et rapidement elle me demande si je serai présente le soir même pour assister à sa soirée entre amis. Je lui explique que je suis coincée à l'aéroport et le brouhaha qui m'entoure me permet de cacher le trouble qui résonne dans ma voix. Je ne veux pas que Cassiopée m'interroge sur ce qui me tracasse, je ne suis pas encore prête à lui en parler. Nous discutons encore plusieurs minutes pendant lesquelles je parviens à canaliser mon amie puis nous raccrochons.

Cette conversation m'a extirpée de cet aéroport l'espace de quelques minutes mais maintenant que la voix de ma meilleure amie ne résonne plus dans mes oreilles, l'imbroglio de pensées contradictoires qui m'habitait refait surface. Je distingue à plusieurs mètres de là Ethan qui s'est finalement assis sur un banc et qui range son téléphone dans sa poche. La conversation téléphonique qu'il vient d'avoir à l'instant semble l'avoir dérouté puisqu'il se penche en avant, pose ses coudes sur ses genoux et se prend la tête dans les mains.

Malgré nous (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant