Ô de Mila

Chapitre 14

Gabin

La soirée entre amis s'est terminée pour moi avec une nouvelle nana dans mon plumard. Et comme toutes les autres, elle veut me donner son numéro. Merde, qu'est-ce qu'elles ont toutes avec ça ? Je ne veux pas trouver l'amour dans un bar ! Si un jour cela doit m'arriver, je tâcherais de ne pas choisir celle que j'aime parmi les dévergondées d'un bar.

-Ferme-la. J'étais déchiré quand je t'ai ramené. Je ne veux rien avec toi. Ce n'était pas extraordinaire en plus.

-Va te faire voir, connard !

-Avec plaisir.

Elle fait mine d'être offusquée et rassemble ses affaires aussi vite que le vent. Je défais les draps de mon lit pour retirer toutes les traces de coït si peu bénéfique à mon bien-être. Qu'est-ce qu'elle pouvait être un mauvais coup ! J'ai rarement vu un manque d'expérience aussi élevée chez une nana qui en impose autant avec un physique plutôt intéressant.

***

Je ne sais vraiment pas ce qu'il m'a pris d'envoyer ce message à Mila. Enfin si. Mais pourquoi j'ai craqué ? Bonne question. Mes amis m'ont forcé la main. Ou plutôt m'ont fortement conseillé et incité de le faire. Il parait que j'ai changé. C'est certain, j'ai couché avec moins de filles depuis quelques temps. J'ai réduit ma cadence. Ça me manque parfois. Mais j'arrive à compenser en me soulageant avec ma main droite.

J'ai attendu sa réponse des minutes durant. C'est un pas vers elle que je fais. Je ne suis pas du genre à inviter les filles, vous l'aurez saisi. Mais elle. Mila Wilson. Ce qui me rend dingue chez elle ? Je ne sais pas. Pour faire passer le temps, j'ai attaqué ma lecture du journal intime de ma mère. Je compte bien apprendre des choses !

20 novembre 1988

Cher journal, ma mère me rend dingue ! J'ai quatorze ans, je connais les limites. Elle ne comprend rien, je la déteste. Elle me saoule avec tout son blabla de mère parfaite. Travailler à l'école, avoir un avenir stable, je le sais tout ça. J'ai des bonnes notes d'ailleurs. Toi, tu me comprends.

D'ailleurs, je voulais te parler d'un garçon. Il est cool. Et beau. Les yeux clairs ce qui me rend joyeuse. J'aime les garçons aux yeux clairs. Je ne crois pas que je l'intéresse mais il me fait quelque chose quand je le vois.

Merci de m'avoir écouté. À plus tard.

25 novembre 1988

Il me connait. Tout à l'heure, dans les couloirs du collège, il m'a appelé par mon prénom. Je suis vraiment heureuse. Il fait du tennis, je devrais aller le voir jouer. Je suis sûre qu'il est excellent. Je crois qu'il me plait davantage. Christelle me dit de faire le premier pas. Elle dit n'importe quoi.

10 décembre

Cher journal, me revoilà après des jours d'absence. Après ma mère, c'est mon père qui commence à m'énerver. Il critique mes vêtements. Il trouve ça moche. J'en ai marre de mes parents. Ils ne connaissent rien à la jeunesse d'aujourd'hui. Ils sont vieux.

Même adolescente, elle était imbue de sa personne. Si ce garçon qui lui plaisait est mon père, j'ai déjà un élément sur lui. Il fait du tennis. Enfin, en faisait. Je lirais la suite, plus tard. Je consulte mon portable attendant sa réponse. Elle a vu le message mais ne semble pas décider à me sortir de mon stress.

Enfin, après ce qui semble être une éternité, elle m'offre un message. Je tremble. J'ai la frousse comme une fillette. La blague, moi Gabin Marchal. Ce n'est pas dans mon caractère et encore moins mes habitudes. Je suis toujours sûr de moi, de ce que je fais. Et à ce moment précis, je ne sais pas ce qu'il se passe dans mon cerveau. C'est ça alors les premiers sentiments ? Je n'en veux pas. Je refuse de m'y soumettre. Ça ne me ressemble tellement pas que je me mets à douter de moi.