Chapitre 40

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Mila

-Je ne pourrais pas te rejoindre.

-Ah bon ?

-Non, j'ai du travail avant de commencer ma formation.

-Même pas deux petits jours ? Soupire-t-il à l'autre bout du fil.

-Tu seras en stage de toute manière. Qu'est-ce que cela change ?

-Tu es en colère ?

-Non, je réponds.

-J'aurais aimé te raconter la soirée avec mon père. En détail.

-Quand tu rentreras, nous irons prendre un verre ensemble.

-Ok... Mila ?

-Oui ?

-Je... non, laisse tomber, je te le dirais en rentrant.

-Très bien. On se rappelle. Je t'aime.

-Je t'aime aussi.

Je raccroche soucieuse. Il n'était pas normal. Que s'est-il passé ? Il ne m'a rien dit de plus que son père l'avait finalement invité chez lui mais si tout ne s'était pas bien passé ? Je finis de préparer mon repas du soir et m'installe devant la télé. J'ai pris de nouvelles habitudes et j'ai cessé –très- légèrement d'être trop organisée et perfectionniste. Tous ces changements c'est grâce à Gabin. Mais aujourd'hui, je sens que ça ne va plus. Le fait qu'il soit resté sur ses positions par rapport à ce voyage m'a blessé. Quelque part, j'ai remarqué que je n'avais pas d'influence sur ses choix alors qu'il peut en avoir sur les miens.

Sommes-nous trop différents pour nous entendre à long terme ou bien ce n'est qu'un passage difficile comme tous les couples connaissent ? Je n'arrive pas à discerner le bien du mal dans cette histoire. Pourtant, j'aimerais que ce soit une parfaite idylle comme dans les films.

Dès le lendemain, je vais à la patinoire où je m'entraine pour ne pas perdre la main. Sacha est encore immobilisé, il va, certes, mieux mais il n'est pas prêt de remettre des patins. Après quelques chutes dues à une reprise difficile, je retrouve le plaisir de glisser et de m'amuser. J'ai hâte de retrouver Lily-Rose pour lui donner à nouveau des cours particuliers. Je passe ma matinée à penser à autre chose et ça me fait du bien, loin du tumulte de ma vie privée.

Dans quelques jours, je commence ma formation pour devenir professeur de patinage artistique. J'ai été sélectionnée et je n'ai qu'une hâte, me plonger dans mon univers et oublier ce que je me suis mis dans la tête ces derniers jours.

Alors que j'attends à la gare, je prends le temps d'observer les passants. Inexpressifs voire déprimants. Je dois leur ressembler. Je suis inquiète de ce que Gabin a à m'annoncer et aucun de mes zygomatiques ne veut travailler aujourd'hui. Je meurs de chaud et la foule n'aide pas à réduire la température. Quand son train est annoncé, je me dirige vers le quai et patiente quelques minutes de plus. Il arrive enfin après un léger retard qui m'a paru durer une éternité. Je quitte mes écouteurs et cherche du regard celui que j'aime parmi toutes ses personnes qui descendent du wagon.

Quand je l'aperçois enfin, un petit sourire se dessine finalement sur mes lèvres. Le sien n'est pas bien plus grand et mes doutes se confirment. Quelque chose s'est passé. Gabin n'est pas ainsi en ma présence. Il porte toujours la joie sur son visage et il est transformé. Je ne dis cependant rien, n'expose pas mes craintes et le laisse m'enlacer avec un certain soulagement.

Nous rentrons chez lui pour plus d'intimité et malgré nos appels durant la semaine, j'ai envie de plus de détails sur tout ce qu'il a vécu. Il commence d'abord par ce que je sais déjà, son voyage, ses visites et toute l'énergie qu'il a pu récupérer à Québec. Je suis heureuse pour lui. Il ne lésine pas sur les détails de la soirée passée avec son père et sa famille. Je perçois des larmes dans ses yeux et je comprends désormais ce qu'il avait sur le cœur depuis le début. La vie est cruelle et nous enlève les êtres aimés bien trop rudement.

Ô de MilaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant