Chapitre 35

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Mila

Le cliché de la belle-mère, je savais qu'il existait. Je ne connais pas le pourcentage exact de femmes qui ne peuvent pas passer plus de cinq minutes dans la même pièce que belle-maman, mais je sais que pour beaucoup, le contact ne passe pas. Je pensais échapper à ces principes de la société. J'avais une infime chance de m'entendre à merveille avec elle. Et une infime chance également de tomber sur une parano. Et devinez quoi ? La chance ne m'a pas souri. On ne peut pas tout avoir. Mon presque beau-père, Fabrice est lui, très sympathique. Ne parlons pas de Lily, vous savez la relation que j'ai avec elle. L'avantage que je peux avoir, c'est que même avec son propre fils, il n'y a plus d'échanges. Au moins, je ne suis pas la seule qu'elle déteste dans l'histoire.

Gabin ne le montre pas mais il souffre et se torture l'esprit à chaque fois qu'il doit laisser Lily à sa mère. Le marché qu'ils avaient conclu pour la garde provisoire ne tient plus qu'au bon vouloir du boulot de sa mère. Si un patient se pointe à vingt-et-une heures ou un dimanche, elle ira le soigner. Vous comprenez, l'argent en premier. Lily a son échappatoire, le patin. Fort heureusement. Elle a bientôt six ans et la vie est déjà compliquée pour elle. Pour ce qui est de Gabin, c'est encore une autre affaire.

Il a évidemment son travail qui le passionne et les moments passés avec moi, mais il y a aussi son père, de l'autre côté de l'Atlantique avec qui, il est en train de nouer des liens. Je suis presque soulagée de savoir qu'ils ne pourront pas se rencontrer de sitôt. Tout aurait pu aller trop vite et gâcher la relation qu'ils peuvent construire. Gabin n'est pas de cet avis et fouine les bonnes affaires pour prendre le premier vol en direction de Québec. C'est un peu trop fou et trop rapide. Son père ne souhaite pas mettre la charrue avant les bœufs non plus. Il a un peu plus les pieds sur Terre du fait qu'il n'a pas effectué des semaines de recherches pour retrouver son fils.

Gabin est encore dans l'euphorie, la volonté de rattraper le temps perdu et de faire découvrir son monde à son père. Il veut avoir une relation unique qu'il n'a pas eue avec sa mère et qu'il ne peut avoir avec Fabrice même s'ils sont proches. Je tente de le résonner tant bien que mal e de lui faire comprendre les décisions que peut avoir Patrick. Il a aussi une famille là-bas et même si sa femme est au courant de son passé et désormais de l'existence de Gabin, il peut être difficile de l'accepter.

Rien ne l'empêchera de prendre l'avion, je le sais. Mais je ne veux pas qu'il soit déçu, une fois sur place. Il sera probablement seul et si son père n'est pas encore prêt, Le choc peut être encore plus rude.

Ce soir quand je me rends à la patinoire, j'ai clairement dans l'objectif de parler avec Isabelle. J'ai vu de nombreuses formations et même si je pense avoir fait mon choix, je veux être sûre de moi et m'engager dans la bonne voie. Je la retrouve au bord de la patinoire en train de parler avec un autre entraineur du complexe. Je patiente un moment chaussant mes patins avant d'aller la retrouver.

-Salut Mila, comment vas-tu ?

-Bien, je venais pour te parler un peu de mes projets, on peut s'asseoir cinq minutes ?

-Bien sûr. Viens par-là, nous serons plus tranquilles.

Je la suis, confiante et anxieuse à la fois. Je sais où je vais mais je ne sais pas si c'est par le bon chemin. Isabelle devrait savoir me guider.

-Comme tu le sais, je réfléchis depuis quelques temps à faire comme toi. Devenir professeur.

-Oui.

-Je me suis beaucoup renseignée et je pense avoir trouvé une formation pour l'année prochaine. C'est en accéléré mais ça semble correspondre à mes attentes. Regarde, je t'ai apporté la fiche descriptive.

Ô de MilaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant