Ô de Mila

Chapitre 3

Mila

Voilà quinze jours que j'ai repris le travail et ça me fait du bien. Il y a clairement un temps pour les vacances et un temps pour le boulot. Sur le chemin de la crèche, je discute au téléphone avec Thiago, mon meilleur ami. Il me manque terriblement. Il est parti vivre à Saint-Mathieu, dans le Finistère, à près de mille kilomètres d'ici. Lyon est sa ville natale et pourtant il a suivi son instinct, sa femme et il s'en est allé pour la soutenir dans son projet. Mais il me manque. Nous nous sommes vus qu'une seule fois depuis son départ, il y a plus d'un an. C'est terriblement peu lorsqu'on est habitué à deux, trois fois par mois.

-Mila, je reviens pour Noël, nous fêterons le nouvel an ensemble, comme prévu.

-C'est dans quatre mois encore.

-Sara t'embrasse.

-Embrasse-la aussi. Tu as du boulot au moins ? Tu ne me mens pas ?

-Bien sûr que non. Je bosse à Brest, depuis huit mois maintenant. Ne t'inquiète pas, tout va bien ici. Tu devrais vraiment venir. L'océan est magnifique.

-J'y penserais.

-Oh, Mila, ne boude pas, je l'entends à l'autre bout du fil.

-Nos soirées me manquent, Thiago.

-Je sais, à moi aussi, soupire-t-il. Je vais voir avec Sara quand nous sommes dispos pour t'accueillir. Ça te dirait un week-end prolongé ici ? Je suis sûr que ça te ferait du bien. Tu es toujours à fond dans ton boulot. Et peut-être trouverais-tu l'âme sœur ici.

-Je ne cherche pas l'âme sœur.

-Oh, ne me mens pas. Aucun beau gosse en vue à Lyon ?

-Non, le néant.

-Bon... Je dois te laisser, j'arrive au boulot. Bisous.

-Bisous. À bientôt, je lui réponds.

Je raccroche et arrive au boulot quelques secondes plus tard. Je me vide la tête et me mets en prédisposition pour le travail. Une petite fille de trois ans vient s'agripper dans mes jambes.

-Milaaa

-Coucou Justine. Tu es en forme aujourd'hui ?

-Oh oui.

Je m'installe parmi les enfants et entreprends la construction d'une maison en lego avec les plus grands. Nous nous amusons une partie de la matinée à faire des jeux de construction en tout genre et lançons finalement une activité bricolage. Mes collègues qui connaissent bien mon sens de l'organisation, me laissent gérer la mise en place de la peinture avant d'installer les enfants autour de la table.

Je ne tarde pas à sortir du travail. Aujourd'hui, je donne mon cours de patinage avec Isabelle. Je vais le gérer seule sur le dernier quart d'heure, elle doit partir plus tôt pour s'occuper de son mari qui s'est fait opéré en urgence d'un mélanome. J'ai vraiment hâte de m'impliquer dans cette nouvelle passion.

J'échange sac de travail contre sac de sport et file à toute allure à la patinoire empruntant les transports en commun bondés. Collée entre un gamin de seize ans tout au plus qui mate ma poitrine et une sexagénaire qui encombre tout le monde avec son chariot. Génial.

Je descends à mon arrêt et marche en direction du complexe sportif. Saluant le personnel, je ne tarde pas à chausser ma tenue, patins compris pour faire quelques tours de chauffe sur la glace. J'aperçois Isabelle au loin et la rejoins.

-Bonjour Mila.

-Salut, comment vas-tu ?

-Fatiguée, je m'inquiète pour mon mari.