Chapitre 41

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Gabin

Première journée à Paris en tant qu'employé. Je retrouve mes nouveaux collègues avec enthousiasme et récupère mon badge. Je commence mon travail concentré avec comme objectif de montrer ce que je savais faire pour qu'ils n'oublient pas leur proposition d'embauche. C'est un rêve.

Cependant cette embauche signifie un éloignement avec Mila alors que ce n'est pas le moment. Elle doit m'appeler aujourd'hui pour me tenir au courant de notre dernière mésaventure. Tout devrait être bon mais alors que ça ne va déjà pas fort entre nous, je prie intérieurement pour qu'une nouvelle comme une grossesse n'arrive pas. Nous avons passé du temps ensemble ces derniers jours pour se rapprocher mais elle ressent que je ne suis pas comme d'habitude et je n'arrive toujours pas à lui avouer. C'est terrible. J'ai terriblement honte. Je mériterais qu'elle me pourrisse la vie, qu'elle m'insulte et même qu'elle me quitte mais je serais malheureux comme jamais je ne l'ai été.

Dans un mois, il est possible que je travaille et par conséquent, emménage ici, à Paris. J'ai à la fois hâte et peur. Tout va vite et je risque de perdre beaucoup en gagnant ce poste. Je termine la journée et me précipite dans le premier bus pour prendre le train et rentrer à Lyon. Je suis déjà fatigué de ces trajets. Une fois installé dans mon siège, tête contre la fenêtre, je visse mes écouteurs à mes oreilles. J'attends l'appel de Mila comme le Saint Graal. Après trois titres, je reçois enfin ce que j'ai attendu toute la journée.

-Allô ?

-C'est moi. J'ai fait le test.

-Et alors... ?

-Négatif. Mais j'ai vu mon médecin aujourd'hui pour des maux de ventre important et il m'a prescrit une prise de sang et une échographie. C'est sûrement psychologique.

-Ce test est sûr ?

-Oui, bien sûr. J'ai l'échographie demain matin, en urgence.

-Je suis tellement désolé de te faire subir ça, je réponds embêté.

-Ce n'est qu'une mauvaise passe. Je m'en remettrais. Tu as passé une bonne journée ?

-Oui. Très bien. J'ai appris des nouvelles techniques et les labos sont complètement dingues. C'est le rêve de n'importe quel parfumeur.

-Parfait, me dit-elle blasée.

-Mila, qu'est-ce qu'il y a ? Depuis que je suis revenu du Canada, tu es... bizarre.

-Non, pas du tout.

-Je sais que j'ai pu paraître distant mais avec mon père et son cancer, j'avais des milliers de choses dans la tête. Je m'en excuse.

-Je ne t'en veux pas. C'est normal.

-Dis-moi ce que tu as dans la tête, je demande.

-Rien, Gabin, je t'assure.

-Très bien. On pourra se voir quand ?

-Disons demain soir.

-Ok, parfait. Je t'aime.

-Je t'aime.

Le trajet se termine dans un calme ambiant agréable. La majorité des passagers travaillent sur leur ordinateur ou bouquinent. Je ne cesse de penser à Mila et mes craintes concernant une grossesse éventuelle ne se sont pas envolées. J'ai l'estomac noué. Je rentre chez moi rapidement et avale quelques tomates cerise avant de prendre une bonne douche.

La nuit est agitée, courte et cauchemardesque. J'ai besoin de prendre des nouvelles de Mila, savoir si elle, elle a dormi. Vu l'heure matinale, je préfère lui envoyer un message. Je ne sais pas à quoi m'attendre et préfère prendre mon petit-déjeuner. Mais rien ne passe, mon estomac n'acceptera rien aujourd'hui. Mila finit par me répondre quelques minutes plus tard m'indiquant que ça a été compliqué pour elle aussi. Nous échangeons un instant puis je la laisse se préparer sereinement.

Ô de MilaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant