Mila
Si vous voulez connaître mon activité favorite de cette semaine, rien de plus facile que de regarder mon visage. Des cernes immenses, les yeux rouges et le teint à faire fuir un pinceau de maquillage. Je suis au bout du rouleau émotionnellement et physiquement. Je ne dors plus, avale de temps à autre une feuille de salade verte et passe mes économies en kleenex. Je ne me reconnais plus, mes amis et collègues n'ont plus.
Sacha était prêt à aller lui casser la gueule mais je l'ai vite arrêté en lui rappelant l'état de son genou. Soline m'a sorti les phrases typiques d'une meilleure amie et Thiago avait l'air un peu dépité de ne pas pouvoir m'aider plus que ça. Je m'en remettrais, ce n'est qu'une rupture comme beaucoup de femmes en connaissent. Mais c'est dur. Je l'aimais et je ne sais plus où j'en suis désormais. Est-ce que je dois le détester ou lui pardonner ? Je n'en sais trop rien.
Après ces nombreux appels auxquels je ne répondais pas, Soline a pris la décision de bloquer son numéro et m'a averti que je n'avais plutôt pas intérêt à faire marche arrière. Elle a même pris l'initiative de changer mon numéro de portable. Dans une semaine tout au plus, je serais libérée de cette situation qui s'approchait de le harcèlement. Elle veut même que je vienne habiter chez elle quelques temps. Mais vivre avec elle et son copain qui forment un couple libertin, non merci. J'ai préféré accepté la proposition de Sacha et Damien. Une femme dans leur appartement apportera un peu de gaieté. Enfin quand je cesserais de pleurer.
Je prépare un petit sac de voyage et prends la direction de leur appartement. Sacha, toujours en arrêt m'attend de pied ferme et compte bien me remonter le moral. Je suis tellement à plat que j'ai réussis à attraper une bronchite. Oui, une bronchite alors qu'il fait vingt-cinq degrés. Ça m'a valu une petite semaine d'arrêt également et j'espère bien reprendre le travail dans trois jours. J'arrive chez mon ami et je vois qu'il a prévu tout ce qu'il faut pour que je retrouve le sourire.
-Alors écoute-moi bien, Mila, j'ai trois jours pour te remettre sur pieds. On banni la bronchite, les pleurs, les films à l'eau de rose et Gabin. Bonjour, les comédies, les soirées pizzas, pasta et fiesta ! Tu dois reprendre le boulot d'aplomb et il y a un mot qui est interdit à partir de maintenant, c'est le prénom de l'autre abruti, compris ?
-Euh... Oui ?
-Plus de persuasion, bon sang !
-Oui.
-Plus fort ! Et avec le sourire, s'il vous plait mademoiselle.
-Oui ! Je répète haussant la voix.
-Alors, dans un premier temps, tu vas te rafraîchir le visage et on va se manger ce saladier de pop-corn devant une bonne comédie française.
-Tu n'as rien d'autre à me proposer que ça ? Franchement, j'ai rien mangé cette semaine quasiment et une surdose de sucré, je ne crois pas que ce soit une bonne idée.
-Sers-toi dans le frigo, tu es comme chez toi, ici.
-Merci Sacha, je réponds déjà un peu plus sereine.
Si l'objectif de mon ami était que je reprenne mon poids de forme, c'est chose faite. Après deux journées chez lui, j'ai repris goût à la vie, banni les antibiotiques et également son prénom. Nous en rions même désormais. Dès le premier soir, en rentrant du travail, Damien a complètement gaffé et a clamé tout fort son nom. Et ça coûte cher. Un euro à chaque fois.
Demain, Sacha doit aller à sa rééducation et je profiterais de ce dernier jour de repos pour aller patiner et retrouver quelques sensations. Je me retrouve pleinement. Libre. C'était une mauvaise passe et je dois désormais aller plus loin dans ma réflexion.

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Ô de Mila
RomanceJeune auxiliaire de puériculture organisée et perfectionniste, Mila s'épanouit dans son métier. Si les enfants lui apportent beaucoup d'amour, côté cœur, c'est le néant. Elle ne trouve pas chaussure à son pied, son exigence lui jouant des tours. Ga...