Chapitre 21

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Mila

Pour qu'il s'est pris à revenir comme une fleur ? Peut-être a-t-il pensé que j'allais tomber dans ses bras comme toutes ses filles un peu trop extraverties ? Il a joué avec moi et je n'ai pas apprécié. S'il ne veut pas le comprendre, qu'il aille écarter les cuisses d'une autre. Je ne serais pas la prochaine qu'il mettra dans son lit.

Il a bien bousillé ma soirée cet abruti. Moi qui l'avais oublié, c'est loupé. Voilà qu'il hante mes pensées depuis ce fichu premier de l'an. Je m'évertue à canaliser mon esprit sur autre chose et il réapparait. Bordel. D'ailleurs Thiago a bien remarqué mon changement d'humeur et il m'a questionné. S'il avait eu connaissance de la présence de Gabin à la soirée, il aurait ratissé la pièce de fond en comble pour lui parler. Ou lui faire comprendre la vie.

Une semaine que l'année a commencé et je tue déjà mes bonnes résolutions à coup de chocolat. Quoi de mieux pour ne pas déprimer après le départ de mes amis ? Je me sentais très entourée et en quelques minutes me voilà seule. Et les enfants du boulot n'arrangent rien. Excitation et fatigue sont à leur summum. Qui a dit que les vacances de fin d'année étaient reposantes ? Balivernes. Elles sont plutôt épuisantes même. Je n'aurais même pas dû prendre ces congés.

Aujourd'hui, je ne supporte plus les bambins. Diablotins, plutôt. Entre les cris, les pleurs, les montées de fièvre et les parents insolents, je n'attends que de sortir de cette crèche. Pourtant c'est quand on attend un moment précis que les minutes semblent durer des heures. Les quelques jours passées avec Thiago et Sara ont pourtant filé en une fraction de secondes.

Cinq minutes à tenir. Ce sont les enfants les plus malades qu'ils nous restent sur les bras. Moment de grâce quand l'un d'eux, vomi à mes pieds. Je jure intérieurement et appelle une collègue au secours. Le petit sous le bras, je lui demande de nettoyer avant qu'un autre prenne l'idée de se rouler dedans. Je le lave rapidement et lui mets de nouveaux habits.

Je le dépose vers les jeux et quitte les lieux le plus rapidement possible. Je ne veux pas m'occuper d'un autre enfant pour aujourd'hui. Je les laisse volontiers à mes collègues du soir. Je m'enveloppe dans mon manteau et mon écharpe et rentre chez moi à pieds. Si je pouvais me changer les idées en marchant un peu, ce serait parfait.

C'est à quelques pas de chez moi, que je l'aperçois au coin de la rue. Eh merde. J'avais presque oublié qu'on habitait le même quartier. Même à une centaine de mètres, je vois un grand sourire naitre sur son visage. Il ne manquait plus que ça pour que ma journée soit des plus merdiques. Je n'ai pas le choix d'avancer vers lui, je sais qu'il sait que je l'ai vu. Faire demi-tour m'éloignerait de chez moi qui plus est. Hors de question.

J'avance mine de rien et attends la confrontation. Dans trois, deux, un.

-Mila, quel plaisir. Je crois que nous nous sommes quittés vraiment en mauvais terme la dernière fois.

-Tu parles de début ou fin décembre ?

-Tu ne voudrais pas qu'on se cale dans un café pour parler ? J'ai tellement de choses à t'expliquer.

-Ce que je sais, c'est que tu es comme tous les autres ! Il n'y a que le sexe qui importe.

-Je suis comme ça. Je ne vais pas te mentir. J'aime ce plaisir mais quel être humain ne l'aime pas ? Mais je change petit à petit. Je ne suis plus... plus vraiment le gars qui couche tous les soirs avec une nouvelle fille, me dit-il avec aplomb.

-Comment pourrais-je te croire ? On passe une soirée ensemble et le lendemain, tu fais le mort.

-J'ai une explication, laisse-moi te parler. Mais pas ici.

Ô de MilaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant