Chapitre 20

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Gabin

La phrase m'a échappé. Comme si mon cerveau m'avait fait dire quelque chose que je ne voulais pas avouer. Mes deux amis se toisent, souriants et attendent probablement que j'en dise plus. Je réalise tout juste ce que je viens de dire. Impossible de décrocher un mot de plus. Je pars dans mes pensées lointaines. Des sentiments. Tout ce que je ne connais pas.

Les filles ne m'ont jamais attirées amoureusement parlant. Elle ne représente que le sexe et le plaisir. Rien de plus. Mais Mila a changé les choses. Pourquoi elle ? Je n'en sais rien. Elle est arrivée dans ma vie un peu par hasard. Je n'arrive pas à la décrypter comme je peux le faire pour les autres. Ce n'est pas ce genre de fille à trouver un garçon que pour le sexe. Elle cherche la stabilité. Ce que je ne suis pas.

-Tu es amoureux ?

-J'en sais rien. Je ne connais pas ce genre de truc.

-Mais tu as dit que tu avais des sentiments.

-Différents de ceux que je peux éprouver pour d'autres nanas.

-Il y a bien quelque chose entre vous deux alors.

-Sauf qu'elle me déteste.

-Et pour quelles raisons ? demande Nohé.

Je commence à leur expliquer la situation sans rien dévoiler sur le secret de ma mère. Je passe par-dessus mine de rien espérant qu'ils ne m'en demandent pas plus pour aujourd'hui. Je suis éreinté et je ne souhaite que de retrouver mon lit.

-Et je l'ai croisé ce soir. Elle ne veut pas entendre parler de moi.

-Tu peux te rattraper. Elle va bien te pardonner si elle entend tes explications.

-Les femmes sont compliquées, dit Hugo ne m'encourageant pas plus.

***

Deux jours ont passé mais je n'ai pas les pensées claires pour autant. Merde, c'est ça être amoureux alors ? Je préfère garder ma main droite comme âme sœur pour la vie. Elle ne risque pas de me quitter ou de me faire souffrir. Je ne fais que tourner en rond dans mon appartement, je cherche désespérément comment je peux l'aborder à nouveau. Il est plutôt clair que la balle est dans son camp au jour d'aujourd'hui.

Quand les garçons se présentent à la maison pour que nous parlions plus sereinement de ce que j'ai appris. Je ne sais pas par où commencer et évite le sujet dans un premier temps. Je leur propose tout ce que je peux. Boissons fraiches, cafés ou encore petits biscuits. Rien. Ils sont venus pour en apprendre plus.

-Il y a quelques temps, je suis allé plus loin dans mes recherches vis-à-vis de mon père. J'ai donc volé le journal intime de ma mère, celui qu'elle tenait quand elle était adolescente. Mais ça, je vous l'avais dit, non ?

J'avale ma salive et réfléchis encore. La tournure de mes phrases ne doit pas donner l'envie à mes deux amis de prendre mon parti ou celui de ma mère. Rester neutre. C'est ce que je souhaite. Je suis bien trop dans le jugement pour ma part. Je la déteste, c'est simple.

-Du coup, j'ai appris beaucoup de chose. Peut-être trop. Je suis complètement déstabilisé. Est-ce ma réaction est excessive ? Je n'en sais trop rien, c'est pour ça que je voulais vous en parler également. Elle a beaucoup écrit pendant sa grossesse. Et quand elle a su qu'elle me portait... elle a tenté de mettre fin à mes jours en se blessant elle-même. S'en est suivi une considération très peu élevée tout au long de la grossesse. Elle a écrit des choses terribles. Elle ne sentait pas mère. Elle a accepté de me voir et me rencontrer seulement une semaine après ma naissance.

Ô de MilaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant