Chapitre 26

609 47 12
                                    

Gabin

On m'aurait dit, il y a simplement quelques semaines que je serais un jour amoureux, j'aurais probablement explosé de rire. Je ne suis pas ce genre de garçon qui vient toquer à la porte pour faire une surprise le jour de la Saint-Valentin. Vraiment pas. Et pourtant pour Mila, je l'ai fait. Car elle est spéciale. Je me suis dévoilé avec elle et je me sens bien. Je n'ai pas envie de la mettre dans mon lit et de la jeter le lendemain matin. Je ressens le besoin de la protéger et de passer du temps avec elle. J'aime sentir le parfum qu'elle porte en nichant mon nez dans son cou. Ça ne fait que dix jours que je suis avec elle mais c'est déjà un ensemble d'émotions plus fortes les unes que les autres. J'ai l'impression qu'elle ne me fait pas totalement confiance comme si elle était bloquée par son passé, tout comme moi auparavant. J'aimerais qu'elle se livre à moi comme je l'ai fait mais je comprends qu'il lui soit difficile de se faire à cette relation naissante. C'est nouveau pour moi aussi et j'apprends les us et coutumes du petit ami parfait.

Depuis une semaine, je demande des conseils à Nohé et Hugo mais pour être le plus naturel possible, tout doit venir de moi. Rien ne sert de copier le comportement des autres et d'être un couple lambda. Nous sommes loin d'être ordinaires.

Depuis la naissance de sa filleule, nous ne nous sommes pas vus beaucoup. Elle passe le plus clair de son temps à la maternité et nos seuls échanges sont par messages. J'aimerais bien passer chez elle et l'embarquer sous mon bras pour que nous nous baladions au parc de la Tête d'Or mais je risque de me faire envoyer paître. Elle profite de la petite Margaux H24.

La voir patiner est un plaisir fou. Et quand il y a Lily avec elle, rien ne peut me distraire. Les voir toutes les deux glisser sur la glace et rire ensemble, ça me rend gaga. Je reste hypnotisé par leurs mouvements synchronisées et harmonieux. Elles ont une complicité et une connexion qui me rendent jaloux. Je n'ai pas encore cette symbiose avec Mila et pourtant ce n'est pas faute d'avoir essayé des semaines durant avant ma déclaration, roses en main.

Je sais que j'ai foiré après notre rendez-vous mais je n'y suis pas pour grand-chose. Depuis, j'ai tout essayé pour retrouver mon père, j'ai trié tous les profils et je me retrouve avec encore une bonne vingtaine de Patrick Durand sur les bras. Faut-il encore qu'il soit parmi eux ! Ils viennent des quatre coins de la France et des départements d'Outre-Mer, semblent être dans les âges de mon père mais je ne ressemble à aucun d'entre eux. Ou alors, ce n'est pas flagrant. Je n'en ai pas parlé à ma mère, uniquement à Fabrice avec qui, j'ai étonnement noué un lien plutôt fort. Il fallait sûrement un coup de théâtre comme celui-ci pour que nous devenions proches.

Entre lui et ma mère, rien ne va plus, j'ai peur qu'ils se séparent. Lily-Rose n'a pas besoin de ça dans sa vie. C'est déjà compliqué. Dans tous les cas, elle sera mieux avec son père et je témoignerais en sa faveur s'il le faut. Quand Lily apprendra la vérité sur toute cette histoire, elle va être en colère, elle va avoir mal et je veux que ce soit le plus tard possible et loin d'une mère comme celle que nous avons. J'ai souffert depuis ma tendre enfance et je ne veux pas que ça lui arrive. Je veux qu'elle soit assez grande pour se faire son propre jugement et décider alors quel parti elle prendra.

J'ai relu quelques pages du journal intime et j'ai bien découvert le changement. Le retournement de situation. Elle avait perdu son journal intime dans le déménagement dans son foyer pour mère isolée et l'a retrouvé dans un autre déménagement quand elle est entrée en fac de médecine. Quelques mots alignés m'ont fait comprendre qu'elle avait tout abandonné, y compris l'amour pour son fils lors de son entrée en première année de médecine.

Nouveaux amis, nouvel amour, études difficiles. Elle a coupé les ponts avec ses parents. Je ne sais pas pourquoi, ni comment ça s'est vraiment passé. Je n'ai aucun souvenir d'eux et je devrais peut-être bien les rechercher eux aussi. Ils seraient sûrement fiers de me voir à l'âge adulte. Je passais mon temps à l'école ou à la garderie, ça je m'en souviens bien. Les baby-sitters pour ses soirées et les manque d'attention récurrents. Les souvenirs me reviennent en lisant et c'est un véritable boomerang. Je ne ferais certainement pas la même bêtise avec Mila en l'occultant, j'aurais besoin d'elle, cette fois pour remonter la pente. Je ne me sentirais pas d'affronter cette épreuve sans elle cette fois-ci. Dans un couple, on doit s'épauler n'est-ce pas ? Du moins, je suppose.

Ô de MilaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant