Ô de Mila

Chapitre 43

Gabin

Je me sens mal, j'ai envie de frapper des inconnus et j'ingurgite bien trop d'alcool. Elle ne rentre même plus chez elle. Elle doit loger chez Soline ou Sacha. Bordel, son numéro n'est plus attribué, comment a-t-elle fait pour tourner la page aussi vite ? J'aimerais sa baguette ou potion magique pour m'en remettre. Je suis anéanti et trouve mon seul échappatoire dans le travail. J'ai pris rendez-vous avec mon patron de Lyon pour accélérer ma mutation. J'ai désormais besoin d'aller sur Paris pour voir autre chose.

Un mois jour pour jour après cette douloureuse rupture, je fais mes cartons. C'est bizarre. Je ne lui dirais même pas au revoir. J'ai posé mes derniers congés et j'ai dix jours devant moi pour organiser mon déménagement. Je profite des derniers jours avec Lily, je ne pourrais pas revenir tous les week-ends sur Lyon et elle va me manquer.

Cette embauche c'est fait rapidement en partie grâce à ma dernière fabrication et découverte. J'ai tout juste mis un pied dans l'entreprise que j'ai fait bonne impression auprès de mes supérieurs. Quelques-uns de mes collègues sûrement jaloux chuchotent sur mon passage mais qu'importe, je ne suis pas ici pour me faire des amis.

J'ai amené Lily plusieurs fois à la patinoire dans l'espoir de la revoir et au moins de lui dire au revoir mais elle m'évite soigneusement et excelle dans la catégorie. J'apprends à canaliser ma colère et mon impulsivité. J'ai tout donné pour garder Mila auprès de moi et il a fallu qu'une ex assoiffée de sexe me tombe dessus quand j'allais mal. En grand connard que je suis, j'ai succombé et merde, j'ai tout gâché. Si Mila était venue me rejoindre sur Paris, rien de tout ça ne serait arrivé, je le sais pertinemment.

Je fais plaisir et gâte Lily un peu trop, mais qu'importe, elle est la seule qui me reste. Elle est avec moi ce mercredi après-midi et fait ses devoirs sous ma supervision. Elle est angoissée et ne se concentre pas suffisamment. Les erreurs s'accumulent et je m'emporte en quelques secondes. Aujourd'hui est un jour spécial. L'audience finale pour savoir qui va obtenir la garde de Lily-Rose. Le divorce va être prononcé et ma pauvre petite sœur a ressenti toutes les tensions que Fabrice avait ces derniers jours. Il a aménagé son emploi du temps exclusivement autour de sa fille et ainsi la baby-sitter ne vient qu'occasionnellement. C'est bien pour tout le monde.

Il est plus de dix-sept heures quand Fabrice débarque, les yeux rougis mais un sourire béat. Il pose des sacs de course et se précipite vers sa petite fille pour la soulever de la chaise et la faire tournoyer dans les airs.

-Oh ma princesse. Je t'aime tellement ! Tu restes avec papa.

-C'est vrai ?

-Oui.

-Et je verrais maman de temps en temps ?

-Quand elle le pourra et tu le voudras. Ce ne sera pas souvent, tu sais que son travail lui prend beaucoup de temps.

-Oui, je sais, répond-t-elle. Mais je suis contente d'être avec toi !

-Moi aussi ma poupée.

Quand il dépose sa fille au sol, je le prends également dans mes bras, serein de partir dans un contexte meilleur. Nous nous éloignons à la cuisine pour ranger les courses et parler loin des oreilles indiscrètes de Lily.

-Comment ça s'est passé ? Elle a dit quoi ?

-Elle était mutique et n'a pas lancé un regard vers moi. C'est son avocat qui parlait. À l'annonce du verdict, elle a soupiré ou quelque chose dans le genre et c'est tout. Je suis reste blême face à une telle réaction. Elle a quitté le tribunal avant moi. Je ne saisis pas trop, elle a fait un cinéma dingue et cette après-midi, c'est comme si elle n'attendait plus rien. Qu'elle savait que c'était perdu d'avance.