Chapitre 16

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Mila

Cette soirée avec Gabin était merveilleuse. J'ai appris à le connaître et je me suis sentie pleinement rassurée de savoir qu'il n'est peut-être pas aussi arrogant qu'il le montre. Il se donne une image et cherche à tout prix à ne pas se dévoiler à des inconnus. Il est fermé comme une coquille et ne s'ouvre qu'à une sélection très restreinte de personne. Et j'en fais partie. J'ai tenté de rester de marbre et de ne pas montrer que j'en pinçais pour lui. Mais je crois que j'ai loupé le coche plus d'une fois.

Au surlendemain de ce rendez-vous, je lui envoie un message pour lui souhaiter une bonne journée. Nous devrions échanger nos numéros, ce serait plus simple. Quelque chose semble se former entre nous. C'est inévitable. On pourrait essayer tant bien que mal de se détester qu'on n'y parviendrait pas. Nous sommes, certes, partis du mauvais pied mais petit à petit j'ai réussi à briser la carapace qu'il s'est efforcé de construire. Toute sa vie semble reposer sur un secret qu'il ne connait pas lui-même.

Je consulte mon portable dès que je peux dans la journée. Je n'ai eu aucune réponse de sa part depuis le matin-même. Je suis vexée et tourmentée. M'a-t-il pris pour une idiote ou l'une de ses filles qu'il drague juste pour baiser ? Il ne m'a pourtant pas connu dans un bar étrange. Je croyais en cette relation.

Je passe ma journée à consoler un bébé qui fait ses dents et tente de me faire une raison. Il doit bosser. Peut-être a-t-il des horaires atypiques. Il doit sûrement s'occuper de Lily, il m'a dit que ses parents avaient un travail très prenant.

Ravie de rendre le petit garçon à ses parents, je quitte le boulot rapidement. Soline n'étant pas au travail aujourd'hui, j'ai trouvé la journée terriblement longue et je n'ai pas pu me confier à elle sur la soirée de samedi. Je bougonne seule et dès que j'ai passé le pas de ma porte, j'entame un grand tri dans mes vêtements et chaussures.

Je lui renvoie un message entre temps pour m'assurer qu'il va bien. Après avoir mis de côté quelques vêtements et chaussures pour les bonnes œuvres, je file sur internet commander les bottes que je convoite depuis plusieurs jours voire semaines.

Nous sommes mercredi soir et j'appréhende grandement. Je me dirige vers la patinoire avec l'espoir de le voir pour qu'il m'explique l'absence de réponse. Mais la confrontation me fait aussi peur. Il devient doux comme un agneau et disparaît de la circulation, quel abruti ! Je fais quelques tours sur la glace avant d'accueillir mes élèves avec Isabelle.

-Tout va bien, Mila ?

-Oui. Un petit coup de fatigue.

-Je t'impose ce rythme mais si tu ne peux pas faire le cours une fois, ne t'oblige pas, c'est mon travail.

-Me former au professorat me plait beaucoup. J'adore les enfants, ils sont adorables. Les voir progresser est fantastique.

-C'est un accomplissement personnel, c'est certain.

Elle me sourit et rejoint le bord. Je remarque rapidement que Lily n'est pas parmi les autres. Quelque chose de grave ce serait donc passé ? Une anxiété naît en moi et le début du cours se passe bizarrement. Je n'arrive pas à retirer de mon esprit cette absence inhabituelle. Lily-Rose n'a jamais loupé un cours et il faudrait sûrement qu'elle soit au lit avec une grippe pour qu'elle ne vienne pas.

Le cours parait durer une éternité et je ne parviens pas à garder ma concentration et ma pédagogie face aux élèves excités. La période de Noël approche à grand pas et les enfants en deviennent insupportables. Je quitte le cours avant l'heure laissant Isabelle gérer et rentre chez moi.

Les jours passent et se ressemblent. Il fait le mort et je me sens détruite. J'ai l'impression de revivre ma première relation. Douloureuse et à sens unique. Mes sentiments se développaient et même si j'ai lutté pour que ce ne soit pas le cas, j'ai échoué. Je n'ai pas contrôlé cette rencontre et tout ce qui s'en est suivi. L'envie de prendre de ses nouvelles est grandissante et je craque le lundi suivant.

Ô de MilaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant