Ô de Mila

Chapitre 33

Gabin

Nous avons trouvé un accord qui demande une nouvelle organisation. L'essentiel était le bien-être de Lily. Un peu contre mon gré, nous avons décidé que Lily devait tout de même voir sa mère si celle-ci faisait des efforts également. Ainsi je garde ma petite sœur plus que la moitié de la semaine et cela me permet de vivre un peu plus ma vie de jeune. Je vis les premières semaines de couple avec Mila et nous nous voyons toujours. Chaque contexte est bon pour se réunir et c'est une véritable idylle.

Voilà une bonne semaine que j'ai envoyé mon message et le temps semble durer une éternité. Pourquoi ne répond-il pas ? J'imagine des dizaines de scénarios plus farfelus les uns que les autres. Maintenant si proche du but pour mon père, je voudrais en savoir plus sur mes grands-parents. Il ne m'a pas fallu bien longtemps pour savoir où je devais chercher. Mon intuition me disait une nouvelle fois de fouiller un peu le passé de ma mère et Fabrice s'est alors rappelé de quelques événements.

Une belle somme d'argent tombée il y a quelques années, expliquée à l'époque par un gain au loto. Il avait toujours trouvé ça louche mais n'avait pas réellement porté d'importance à la situation alors qu'il venait d'aménager ensemble.

Gabin est entré en mode investigations et après un ou deux coups de téléphone, j'ai su que cette somme était un héritage. Dix ans que mes grands-parents sont décédés et je ne les ai jamais connu. Elle m'a privé d'eux alors que j'aurais pu me forger des souvenirs. Ils ne m'ont jamais connu, leur seul petit-fils. Et Lily, que vais-je lui dire ?

Je me recueille sur leur tombe en cette belle journée ensoleillée. Je suis fier d'être là avec eux. Je peux cocher cette petite case dans ma Bucket List. Effleurant des doigts, leurs noms sur la pierre froide, je ne sais que leur dire. Je ne sais pas s'ils ont connu mon visage, ne serait-ce que sur une photo.

-Je reviendrais vous voir, papy et mamie. Je vous le promets.

Il a fallu attendre mes vingt-cinq ans pour faire face à la réalité sur mon passé. Et comme un coup du sort, à peine ai-je passé le pas de la porte de mon appartement que mon portable vibre, significatif d'un message.

Complètement tétanisé par la peur d'être déçu. Et si c'était ce Patrick Durand ? Je préfère attendre Mila qui doit me rejoindre ce soir. Elle sera là dans quelques minutes, elle n'est jamais en retard. C'est ce que j'aime le plus chez elle. Son sens du perfectionnisme si pointu. C'est bien rare à nos âges. A dix-huit heures pétantes, voilà qu'elle frappe à ma porte, je saute sur la poignée et lui demande d'aller s'asseoir rapidement sur le canapé. L'attente était bien trop longue. Mila était présente quand j'ai écrit le message et elle doit l'être pour la réponse. Je sais que c'est lui.

-Pourquoi m'as-tu attendu ?

-J'avais besoin de toi.

-Je ne m'attendais pas à une telle réaction de ta part. Gabin Marchal, fébrile ? Eh bien, je prends, dit-elle.

-La situation est totalement différente.

-Ouvre-le donc !

Et si ce n'était pas lui qui m'écrivait ? Quelle honte. Et s'il s'en fichait complètement de savoir qu'il avait un fils ? Je suis tremblant lorsque j'appuie sur la nitrification. Mila est là, je le sais. Elle me soutiendra quoiqu'il advienne. Mais c'est flippant. Dire que j'attends ce moment depuis des années entières rend l'instant encore plus particulier. Je trouvais les témoignages un peu ridicules quand je les voyais ou lisais. « Elle retrouve sa mère dix ans plus tard. » ou encore « Après vingt ans et une seule photo de lui, il rencontre enfin son père ». Je ne m'attendais pas à réagir pareillement.