J'ai l'impression que le sol se dérobe sous mes pieds et je suis momentanément tétanisée. J'entends la respiration affolée de Nathaniel dans le téléphone et mes propres battements de cœur dans un brouhaha constant.
- Il faut que je te vois Asa, reprend le garçon.
Trois ans qu'il ne fait plus partie de ce monde et je ne parviens toujours pas à en parler. Et voilà que la seule personne aussi proche de lui que je l'ai été réapparaît.
- Asa ? Insiste-t-il alors que je garde le silence.
J'étouffe un sanglot et m'empresse de raccrocher avant de me relever et d'attraper mes affaires. Je ne parviens plus à assimiler ce qu'il se passe, je ne réalise pas tout de suite le poids de ces paroles.
- Est-ce que ça va, Asa ?
J'ignore la question de Mekra ; si j'ouvre la bouche, je vais éclater en sanglots et je refuse que ça arrive. Je me contente de rejoindre le couloir, je meurs de chaud, je suis à bout de souffle.
- Asa, où est-ce que tu vas ?
La voix de Sneazzy résonne dans mon dos et je choisis d'accélérer le pas. Je rejoints finalement la porte de sortie et m'engouffre dans les rues de Paris. Je cherche une voiture, un métro, n'importe quoi pour m'éloigner le plus possible du studio. J'hésite même à abandonner mon téléphone sur le bitume mais, je me reprends rapidement et choisis de continuer à pieds. Les larmes se forment et bientôt, j'éclate en sanglots alors que je suis dans l'obligation de me stopper, aveuglée par mes propres pleurnichements. Je m'adosse contre le mur le plus proche et me laisse tomber sur le sol alors que je prends mon visage entre mes mains. Ma respiration est de plus en plus saccadée et bientôt, je n'arrive plus à respirer. Putain. Je ne suis pas prête à supporter une énième crise d'angoisse mais l'amertume et la colère sont si intenses que je ne peux me contenir d'avantage.
- Asa ?
Je mords dans ma lèvre en entendant la voix de Deen qui retentit dans les rues désertes de la capitale. Je suis dans une ruelle adjacente au studio et je prie pour qu'il ne me trouve pas.
- Asa ? Répète-t-il et sa voix est de plus en plus proche et distincte.
Dans un dernier élan de détermination, je me relève et commence à courir dans les rues de la ville, empruntant ces ruelles que je connais sur le bout des doigts. Après plusieurs minutes d'une course effrénée, je me stoppe, à bout de souffle. Les néons interpellant d'une boîte de nuit attirent mon attention ; il y a foule devant l'entrée mais je ne veux pas me faire remarquer. Je choisis de poursuivre mon chemin jusqu'à atteindre un bar bondé mais dans lequel je suis certaine de ne croiser aucune personne appartenant à mon monde sur-médiatisé. J'observe ma tenue et lâche un juron avant de me rappeler que j'ai toujours de quoi me changer dans mon sac à dos. Je tourne dans une petite ruelle, vérifie que je sois seule et, retire mon survêtement ainsi que mon sweat-shirt avant d'enfiler une simple robe blanche. Je relève mes cheveux en une haute queue de cheval, efface mes dernières larmes et inspire profondément avant de faire demi-tour pour rejoindre le bar que je convoite. J'ignore la sonnerie de mon téléphone portable et m'engouffre à l'intérieur.
Je danse depuis plusieurs minutes sur la piste de danse, ayant trouvé une place au milieu de tous ces gens : je suis transpirante mais, plus vivante que jamais. Un immense sourire sur les lèvres, je tourne sur moi-même, balançant ma tête au rythme de la musique et me fichant de mes longs cheveux blonds qui s'emmêlent au fil des secondes. Je suis comme dans un rêve, rien ne peut m'atteindre, personne ne peut me toucher, je suis libérée, aussi libre que l'air lui-même, dans toute sa splendeur. Quelqu'un m'arrache violemment à la réalité : deux mains masculines se posent sur mes hanches, je me retourne doucement, découvrant un grand blond, barbu, le visage joliment dessiné et des yeux verts, tout à fait interpellant. Je souris légèrement avant de passer mes bras autour de sa nuque, entamant alors une danse indécente. Et tandis que je m'évertue à me frotter délibérément contre son torse musclé, je le provoque et je sais que ça va très mal se terminer: nos bouchent s'entrechoquent violemment, ses deux mains exercent une pression plus importe sur mon corps et je me retrouve plaquée contre son torse brûlant. Mes mains se perdent adroitement dans sa chevelure épaisse : le baiser s'intensifie instantanément ; brutal et humide. Je suis à bout de souffle et tout, absolument tout, tourne autour de moi, je meurs de chaud.
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À L'AUBE DE NOS ERREURS [NEKFEU]
Fanfiction«Ce sera dur. Cette histoire, c'est la nôtre, faut pas qu'on se vautre. Car quand deux cœurs se nouent, on se voue à l'autre.» Asa Ells and Ken Samaras Histoire sélectionnée dans les 700 meilleures histoires françaises dans la catégorie Fanfiction p...