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Je n'ai pas le temps d'entendre une quelconque réponse de sa part que son téléphone sonne. Il m'adresse un dernier regard et finit par tourner les talons en réceptionnant l'appel. Les garçons autour de moi sont en si grande conversation qu'ils ne sont pas témoins de la scène alors que je suis à deux doigts de faire une syncope. Et je reste bêtement là à le suivre du regard jusqu'à ce qu'il ne disparaisse dans une pièce voisine. Je fais volte-face, tombe nez-à-nez avec les boissons alcoolisées et ne réfléchis pas une seconde de plus pour me servir un second verre. Pile à cet instant, Sneazzy s'intéresse à nouveau à ma petite personne et je ne tarde pas à finir mon verre avant qu'il ne me le reprenne.

- Où est-ce qu'il est ? Lâche-t-il en cherchant Ken du regard.

- En fuite. Ton pote ne porte décidément pas ses couilles, je lâche totalement agacée en me resservant un verre.

Sneazzy l'intercepte en l'offrant à Maya alors que je le fusille du regard.

- T'es vraiment chiant, je souffle à deux doigts d'imploser.

Ce n'est pas ma soirée, bon sang. Prise d'un élan de colère, j'attrape mes béquilles et m'empresse de faire exactement le même chemin que lui, quelques minutes plus tôt.

- Asa, fais attention tu risques de tomber, j'entends Deen me sermonner mais je l'ignore, uniquement focalisée sur mon but.

La foule est assez conciliante puisqu'elle s'écarte pour me laisser passer à mesure que je progresse. Je parviens à hauteur de la fameuse porte et l'ouvre rapidement avant de m'engouffrer dans un long couloir qui ne semble connaître aucune fin en soit. Des bribes de son parfum flottent encore dans l'air, me confortant dans l'idée qu'il n'est plus très loin et après plusieurs mètres parcourus, j'accède à une sorte de jardin secret. Il y a de nombreuses fleurs et de grands arbres qui laissent entrevoir des centaines d'étoiles. L'endroit est magnifique. Ken est installé sur un banc, dos à moi.

- Tu ne vas pas lâcher l'affaire, n'est-ce pas ? Je l'entends dire alors que je le devine en train de tirer sur sa cigarette.

Je ne réponds pas et fais le tour du banc pour prendre place à ses côtés. Je m'installe à une distance raisonnable tandis que je regarde droit devant moi. Il tourne la tête dans ma direction et dès lors, je peux ressentir son regard brûlant peser sur ma petite personne. Différents sentiments me submergent : la joie de le revoir, la méfiance d'être à ses côtés, l'envie de comprendre ses intentions, la colère de ses actes.

- Je ne suis pas là de mon plein gré, je commence alors à dire avant d'extirper une cigarette de mon paquet pour la glisser entre mes lèvres.

Il ne répond rien, gardant son regard fixé sur moi.

- Ça rime à quoi, tout ça ? Je lâche en me tournant vers lui.

Nos regards s'attirent immédiatement.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? Répond-t-il alors que je le sens sur la défensive.

- Lorsque tu es entré dans ma vie, je n'étais pas prête à ressentir tout ça et à aucun moment ça ne faisait partie de mes projets de tomber amoureuse de toi. Le truc, c'est que je suis comme toutes ces autres filles et que tu es ce même espèce de menteur, de manipulateur qui agit sans scrupule pour arriver à ses fins. Je n'étais pas prête à te faire confiance ; je te voyais jouer avec toutes ces femmes et à chaque fois, tu finissais par leur briser le cœur. Dès lors que tous ces sentiments pour toi ont fait surface, j'ai lutté avec force pour te repousser. Parce que pour une fois dans ma vie, je ne voulais pas être comme toutes ces autres filles : je voulais tirer mon épingle du jeu et t'effacer entièrement de ma mémoire. Et tu n'as rien laissé tomber de ton côté : tu ne voulais plus me lâcher alors j'ai bêtement succombé. Juste avant que tu ne me brises le cœur, Ken. Le truc, tu vois, c'est que je refuse d'être reliée à toi d'une quelconque manière et encore plus, je ne supporte pas l'idée de t'être redevable. Le soir de l'accident, tu n'étais pas censé être de retour et tu n'étais pas supposé donner ton nom à la place du mien. J'ai longuement réfléchis à ce propos et j'en suis finalement arrivée à la conclusion que tu as agit dans un but très précis ; pas seulement pour te racheter auprès de moi après tes dernières paroles blessantes à mon égard, non : je n'ai pas autant d'importance pour toi. Ce que je crois, c'est que ta vie sentimentale a été aussi chaotique que la mienne et pour une fois, tu avais la possibilité de faire quelque chose de bien pour soulager un temps soit peu cette même culpabilité que tu traînes depuis tellement d'années. En demandant à Easton de retirer sa plainte, j'ai effacé d'une certaine manière cette dette envers toi : égalité parfaite. Sauf que tu es celui qui a définitivement tiré un trait sur ce qui ressemblait à un début d'histoire entre nous et qu'il était déjà trop tard pour que je passe outre. J'ai pleinement conscience de ma part de responsabilité, après tout, je suis celle qui a commencé à te faire du mal, n'est-ce pas ? Simple instinct de protection : je me refusais à l'idée que tu parviennes à t'immiscer dans ma tête. C'est comme si j'avais placé une arme sur mon cœur et que j'avais lutté encore et encore pour m'efforcer de ne pas tirer mais tu as été celui qui a finalement appuyé sur la gâchette.

À L'AUBE DE NOS ERREURS [NEKFEU]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant