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Je contourne rapidement le brun et déverrouille la porte avant de m'engouffrer dans l'appartement. Je suis sur le point de refermer la porte derrière moi mais Ken retient cette dernière et entre de lui-même dans la pièce. Je l'observe rapidement avant de me désintéresser de sa personne et de son regard si profond parce que je n'en ai plus la force.

- Ton téléphone est dans la chambre, je lâche simplement avant de me diriger vers le salon.

Je glisse un joint déjà roulé entre mes lèvres et l'allume avant de tirer longuement dessus. Les larmes ont séché, ma respiration est à nouveau régulière : je ne veux plus penser à rien désormais.

- Tu joues à quoi là ?

Je relève une demi-seconde les yeux vers Ken qui vient de prendre la parole et me contente de tirer à nouveau sur le cylindre blanc qui anesthésie toute émotion. J'ouvre la baie vitrée, sous le regard inquisiteur du garçon qui est en train de perdre patience, me semble-t-il mais, ça n'a aucune importance ; j'ai besoin d'air frais et d'une défonce pour être comblée. Je prends appui contre le mur tandis que je fixe les toits parisiens ; un léger vent fait virevolter mes cheveux, c'est tout ce dont j'avais besoin.

Comme je sais que Ken est toujours posté derrière moi, je me tourne légèrement pour lui faire face et lui tend le joint. D'abord, je pense qu'il va refuser mais, à force de nous fixer mutuellement, Ken l'accepte et le porte à ses lèvres avant de tirer longuement dessus. Il réduit ensuite la distance qui nous sépare et me fait reculer jusqu'à ce que j'atteigne le mur : il se poste ensuite devant moi, me dominant de plusieurs centimètres et recrache légèrement la fumée près de mon visage. Ses doigts viennent ensuite caresser ma joue bleutée et descendre jusqu'à mon menton tandis que ses yeux semblent scanner chacune de mes plaies. Je ferme quelques secondes les yeux, totalement sous l'emprise de la drogue, de l'alcool précédemment consommé et de mon altercation avec Cole : une fois de plus, je fuis la réalité. Sa main vient ensuite caresser mes cheveux et lorsqu'il exerce une légère pression sur ma peau, j'ouvre à nouveau les yeux et croise ses iris révoltées ; une lueur incroyable de rébellion s'y reflète. Il semble me défier du regard, essayer de percer mes iris cuivrées pour accéder à chacune de mes pensées.

- Qui est-ce qui t'as fait du mal, Asa ? Me demande-t-il de sa voix rauque.

- Personne, je lâche dans un murmure.

Il se mord l'intérieur de la joue et interrompt son contact qui m'électrisait.

- Qui est-ce qui t'as touché, Asa ? Demande-t-il à nouveau mais son ton laisse présager qu'il sait très bien que je ne répondrais pas à cette question.

Néanmoins, je ne rompt pas notre contact visuel et me contente de glisser ma main le long de son bras jusqu'à atteindre le cylindre blanc qu'il tient toujours entre ses doigts ; il me laisse faire en desserrant son emprise autour et je le porte jusqu'à mes lèvres. Je tire une première fois dessus et recrache la fumée vers le visage de Ken qui est toujours face à moi ; c'est lorsque je le reporte à mes lèvres qu'il me le retire des mains avant de le balancer par la fenêtre. Il vient de gâcher ma source de bien-être mais je suis trop fatiguée pour rétorquer. Nous soutenons tous les deux le regard et aucun ne semble prêt à le rompre.

- Ton téléphone est dans la chambre, je répète alors d'une voix lasse.

- J'en ai rien à foutre, réplique-t-il aussitôt de sa voix naturellement ferme mais il n'est pas agressif.

- Qu'est-ce que tu veux Ken ?

Nous sommes déjà suffisamment proches mais il choisit quand même de réduire encore cette distance en s'avançant vers moi.

À L'AUBE DE NOS ERREURS [NEKFEU]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant