Chapitre 4

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Je sortais de la boite à la suite d'Eliad. Il marchait vite, l'air pressé. Je ne savais même pas où est-ce qu'on allait.

Mais je n'osais pas lui demander, préférant ce silence qui était apaisant à la sortie de la boîte. On traversa alors le port, plongé dans l'obscurité. Tous les bateau étaient abîmés, cela faisait plus d'un mois qu'il n'avait pas utilisé. En dehors du Gwen-Bleiz, je ne m'aventurais jamais dans cet endroit qui était devenu beaucoup trop lugubre avec ses énormes entrepôts désormais vides.

Il s'arrêta devant un bateau de pêche qui me semblais être plutôt ordinaire. Il consulta négligemment sa montre et alluma une cigarette.

- Qu'est ce que tu attends?

- Tu verras, dit-il calmement en soufflant sa fumée.

Après quelques minutes au cours desquelles je luttais pour ne pas le quitter, sentant ma peur monter, un camion arriva et une dizaine de personnes en sortirent. Une d'entre elles vint vers nous.

Il fit un signe de tête à Eliad pour le saluer et il lui rendis son geste. Puis il me regarda avec mépris.

- C'est quoi ça encore?

Je serrais les dents en accusant le coup. Peut-être que je préférais finalement être dans n'importe quel pays du monde que dans ce port glacial.

- On peut lui faire confiance, répondis Eliad sur un ton qui n'engageait pas de négociations.

Flattée par la fermeté de sa voix, je regardais, pour me distraire, ce que faisaient les autres. Ils s'activaient à sortir divers objets et d'énormes caisses. Je plissais les yeux afin de mieux voir mais je reculai avec stupeur.

Ils y avaient énormément d'armes, plus ou moins grosses avec des caisses énormes de munitions. Je regardai Eliad, sentant la panique monter.

- C'est quoi ça!? Dis je énervée autant qu'effrayée.

Il commença à ouvrir la bouche pour me répondre mais un bruit de crissement de pneus se fit entendre. D'un même mouvement, nous tournons la tête et pour la deuxième fois de la soirée, mon cœur fit un bond. 

Un camion rempli de soldats fonçait droit sur nous, le logo d'Endemol imprimé sur la carrosserie.

Mon sang ne fit qu'un tour.

Qu'est ce que je faisais ici, au milieu d'hommes armés jusqu'aux dents et qui semblaient peu recommandables? Toute cette manœuvre ne me semblait pas totalement "légale" et je n'avais aucune envie de me retrouver en prison. Mais je présume que je n'avais aucune chance de pouvoir m'échapper, la seule solution était de se battre.

Alors écoutant mon instinct de survie, je courus à toute vitesse pour me cacher derrière le camion qui renfermait les armes.

Eliad me suivit, pensant sans doute que je prenais la fuite et ouvrit grand la bouche lorsqu'il me vit prendre une arme d'une des caisses.

- Genre tu sais te servir de ce pistolet toi?

Je souriais face à sa surprise tout en vérifiant si l'arme était chargée.

- Je faisais du tir avant ... tout ça, dis-je en montrant la voiture d'Endemol. 

Pendant quelques secondes, je laissais mes pensées divaguer. Mes souvenirs de ma vie d'avant, de mes parents, de ma ville resurgissaient... Je secouais la tête, reprend toi Nina, ce n'est pas le moment de flancher, ce ne sera jamais le moment sinon ils auront gagné.

Je remettais ma carapace et je regardai Eliad qui m'observait pensivement.

- Tu n'as pas d'arme toi?

- Si, et il la sortit de veste, ce qui me choqua. 

J'avais passé ma soirée avec un homme armé?

Je ne pus pas m'horrifier pendant plus longtemps, les soldats commencèrent à tirer sur le reste des hommes. Nous étions tous les deux accroupis à l'arrière du camion et le peu de distance entre nous m'empêchait de me concentrer. J'entendais son souffle et je sentais sa main sur mon dos. Soudain, un soldat cria derrière nous.

- J'en ai deux derrière le camion!! Levez vous!! Les mains en l'air et posez vos armes!!

Je mesure les deux options qui s'offraient à moi: rester prisonnière et être impliquée dans une affaire de résistance ou me battre?

Je mis en application ce que j'avais appris en 10 ans de kravmaga.

On dirait que mes parents avaient prévu tout ça et m'ont préparé depuis toute petite, pensais-je avec une triste ironie.

Sans hésitation, je fonçai sur le soldat, j'attrapai son arme en lui tordant le poignet. Avec ma deuxième main je le frappai au visage puis une fois à terre, je le menaçai avec son flingue.

Eliad ouvris la portière du camion, Dieu merci les clés étaient là. J'entendis le moteur démarrer, alors j'observais le soldat que je menaçais.

J'étais incapable de le tuer.

Mais je n'avais aucune idée de ce qu'il ferait si je le laissais fuir.

Mon reste d'humanité était la chose la plus chère qui me restait. Et je me devais de la conserver.

Je me précipitai vers le côté passager, surveillant du coin de l'œil, le soldat à terre qui ne semblait pas bouger. Avant de monter, je jetais un dernier coup d'œil aux autres soldats, inquiète pour ma sécurité.

- Merde Nina monte!!

La voix d'Eliad devenait pressante, et une fois assise, le véhicule démarra à toute vitesse. J'ignorais où il m'emmenait mais tant que l'on s'éloignait des soldats qui nous tiraient dessus, tout me convenait.

- Qu'on fait les autres?

Je brisais le silence de notre folle course. Eliad gardait le regard rivé sur la route mais me répondit tout de même, avec une certaine admiration dans la voix.

- Ils ont volé le camion d'Endemol mais merde Nina... Tu caches bien ton jeu... Je ne te pensais pas aussi douée.

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