Chapitre 43

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J'entendis Eliad grommeler derrière mon dos. Mais je n'en avais que faire. L'idée qui trottait dans ma tête depuis l'instant où mes lèvres avaient été en contact avec du whisky allait enfin être assouvie. 

Je marchai lentement vers la scène qui surplombait le bar et gagna le petit rehaussement inoccupé qui dominait le paysage. 

La musique continuait et la plupart des clients ne m'avaient pas encore remarqué. Cependant, les autres filles qui dansaient autour des barres de strip-tease me dévisageaient avec un regard moqueur. Je n'en avais que faire et je lançai un regard chaud au DJ en lui faisant comprendre du regard que je souhaitais qu'il change de musique. 

La surprise se lisant sur le visage, il s'exécuta le visage rougissant et très vite, une musique lancinant résonna. 

Ce changement d'ambiance eu le don d'amener l'attention des clients dans ma direction et bientôt l'entièreté du la boite de nuit avait le regard rivé sur moi. 

Je jetai un coup d'œil à Eliad. Il semblait passif mais ses yeux s'écarquillèrent lorsque je commençais à détacher les boutons de ma chemise. 

La musique était assez lente ce qui me donna le loisir de faire glisser lentement ma chemise puis de la faire tomber au sol. 

Lorsque se fut le tour de mon pantalon, la musique s'accéléra et une voix grave et féminine commença à chanter. 

Lorsque je me retrouvai en sous-vêtement devant une cinquantaine de personne, la brume dans laquelle mon esprit se trouvait m'empêcha de paniquer. Je posais mes mains sur la barre de pole-dance puis j'ondulais contre celle-ci. 

Je savais que ma chorégraphie était sensuelle, presque allumeuse. Mais elle n'avait qu'un seul et unique destinataire: Eliad. 

Je plongeais mon regard dans le sien. J'avais l'impression de retrouver un vieil ami. Ou un vieil amant. Notre relation avait évolué, nos rapports étaient plus respectueux et austères. Mais tous les deux nous sentions cette flamme brûler les quelques fois où nos deux corps s'étaient frolés.

Est-ce que j'allais basculer une nouvelle fois dans la tentation. Mon esprit ne cessait de m'envoyer des images d'Anton mais une partie de moi ne supportait plus la situation. Depuis le début, je lui faisais du mal. Notre relation était basée sur du mensonge et vouée à l'échec. J'avais l'impression de ne lui avoir jamais réellement montré qui j'étais car j'avais menti sur une seule chose: ma résistance à Endemol.

J'exécutai alors quelques figures puis je revins au sol.

Il n'avait pas changé de position. Il était toujours un verre à la main, comme s'il venait d'avoir été stoppé dans son geste. 

J'étais satisfaite. J'avais l'impression que, par la danse, j'avais pu exprimer ce que je ressentais pour lui, pour notre relation.

Son regard m'indiquai que je ne m'étais pas trompée. Ses iris étaient devenues plus sombres. Et je le connaissais suffisamment pour comprendre qu'il avait envie de moi.

Il se leva brusquement. Il avança vers moi et me tendis la main pour m'aider à descendre. Sans hésiter, j'attrapai cette dernière et le suivis sans un mot lorsqu'il se dirigea vers la porte des coulisses. 

Je faisais dos au public et en marchant derrière Eliad, j'entendis quelques applaudissements résonner avant qu'un tonnerre de cri et de clapements de mains eurent raison du chahut de la boite. 

Eliad claqua violemment la porte. 

Je me rapprochais de son visage et d'un commun accord, nos lèvres s'accrochèrent avec désir. Nos langues tournaient à une cadence folle. Je rapprochais tant bien que mal mon corps du sien et il finit par attraper mes jambes pour les placer sur son bassin. 

Je n'y croyais pas. J'étais en train d'embrasser Eliad et je ne m'étais jamais sentie aussi libre. Aussi vivante. 

Nos lèvres se décollèrent. Nos nez se touchaient et nous respirions tous les deux à vive allure. 

Eliad finit par briser le silence.

- Tu l'aimes vraiment?

- Qui ça? 

- Camozzi, dit-il en relevant la tête et détachant nos visages.

J'étais déstabilisée par la question, complètement incapable de lui répondre.

- Euh je... Je crois.

- Tu crois? S'esclaffa-t-il. Je te croyais plus passionnée comme amante.

Il me jeta un regard brûlant comme pour tester sa phrase suivante.

- Du moins... Je te connais plus passionnée.

Je jetais un regard en biais. Je voulais à tout prix éviter son regard. 

De même que je voulais à tout prix m'y noyer.

Je fermai les yeux et pris une grande inspiration. Puis je le relevais mon regard vers lui et clama fièrement. 

- J'aime Anton.

Il me souri. Signe qu'il ne me croyait pas. 

- Je... Je l'aime, rajoutai-je incertaine sur le fait qu'il m'ait entendu. 

Il leva la main vers mon visage et caressa doucement ma joue.

- Bien sûr que je te crois Nina, dit-il calmement en fixant mes lèvres. 

Il se rapprocha de mon visage et me murmura à l'oreille.

- Il y a une chambre à côté. On doit partir dans une heure. Décide de ce que tu veux faire de ton temps. 

Je le regardai ahurie. Ses yeux étaient sombres, fixés vers moi attendant ma réponse. 

Mes lèvres parlèrent à ma place:

- J.. Je viens

Une vague de désir remonta dans mon bas rein. C'était donc ça de céder à la tentation? 

Eliad attrapa ma main et me sourit d'une manière sombre. Il m'emmena vers la fameuse chambre et une fois la porte de celle-ci fermée, ses lèvres fondirent sur mon corps. 

Je gémissais en ondulant contre lui. Mon corps réclamait le sien. Et Eliad le compris très vite. 

Après quelques préliminaires, Eliad me fit allonger sur le lit. Il sortit un préservatif de sa poche et le déchira avec ses dents en me regardant toujours intensément. 

Mon soutien-gorge était à terre et ma culotte descendue au niveau de mes cuisses. Eliad défit sa ceinture, ouvrit son pantalon et sortit son sexe bandé. 

Il s'allongea au dessus de moi et m'embrassa sur la joue. Il m'observa un court instant et je crus entrevoir un instant sa vulnérabilité. Son regard était doux et presque apaisé. 

Il me pénétra lentement et étouffa mes gémissements en m'embrassant fougueusement. Quelques vas-et-vient plus tard, Eliad eut un grondement sourd et dans un dernier gémissement, nous jouîmes en même temps.

Il retomba lourdement à mes côtés, jeta le préservatif maintenant rempli, et m'entoura de ses bras. 

Nous nous regardions en silence. Cette partie de jambe en l'air avait été dingue. Vivifiante même. 

Mais une ombre continuait de planer sur mon esprit. Elle était restée là, y compris lorsque je gémissais contre le corps d'Eliad. 

Et cette ombre s'appelait Anton. 

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